Grève des éboueurs : la métropole demande au tribunal d’empêcher les blocages des garages
La métropole demande au tribunal administratif de Marseille d'ordonner la libération des centres de transfert de déchets et des garages bloqués par les grévistes, soutenus par Force ouvrière, depuis le 18 janvier.
Des camions-bennes de la métropole dans le garage Rabatau, 10e arrondissement. (Photo : SL)
Au fond de la salle principale du tribunal administratif ce vendredi 28 janvier, trois acteurs majeurs de la métropole. Domnin Rauscher, directeur général des services, Fabrice Bardisa, directeur du pôle propreté cadre de vie et valorisation des déchets et Yves Moraine, élu LR chargé des négociations, sont venus écouter l’audience qui les oppose au syndicat Force ouvrière (FO).
En déposant une requête en référé Aix-Marseille Provence a demandé à la juge d’ordonner la libération des accès aux garages et centre de transfert de déchets marseillais. Un blocage est en cours depuis l’annonce d’une grève des éboueurs, démarrée par FO le 18 janvier dernier. Six sites sont pointés par la métropole dont le garage Rabatau (10e) et Cabucelle (15e), le centre de transfert Nord (15e) et le centre de transfert Sud (10e) Des barrières ont été installées à l’entrée pour que l’accès soit rendu impossible pour les camions-bennes.
La question de l’urgence
La procédure en référé doit se justifier par l’urgence à prendre une décision. Dans son dernier communiqué, la métropole dénombrait 20 grévistes et 214 agents absents. Le nombre de grévistes est loin d’exploser, mais beaucoup sont en arrêt maladie ou pour cause de “cas contact”, n’assurent plus la collecte. Et les ordures ménagères s’amoncellent à Marseille, parfois depuis plusieurs mois dans certains arrondissements. “On a cinq semaines de travail pour régulariser cette situation, la situation sanitaire s’est gravement dégradée avec plus de 3300 tonnes de déchets non traités“, commence l’avocat de la métropole, Henri-Pierre Vergnon, pour justifier de l’utilité de la requête.
Olivier Grimaldi, pour FO, argue que le statut de quatre des sites pointés par la métropole ne permet pas au tribunal administratif d’être compétent. Les garages Rabatau et Cabucelle et les centres de transfert marseillais appartiennent au domaine public routier, et non communal, c’est donc le tribunal judiciaire qui doit traiter les occupations irrégulières, assure-t-il. Et pointe l’absurdité de la procédure : “Pourquoi faut-il un référé pour mettre 20 mecs au boulot ?”
La responsabilité de FO en débat
Quand les centres de transfert des déchets sont bloqués, tous les agents sont empêchés de travailler, même ceux du privé, répond Henri-Pierre Vergnon. Pour appuyer sa plaidoirie, l’avocat de la métropole apporte plusieurs pièces à la juge visant à montrer le blocage imposé par des agents “se présentant comme affiliés FO“. Parmi les extraits lus, le constat d’un huissier indiquant ne pas avoir pu accéder à l’entrée du centre. Ou encore un SMS d’un responsable syndical de FO qui appelle à bloquer les centres. “C’est la loi du plus fort au détriment du personnel“, dénonce Henri-Pierre Vergnon.
Des pièces que conteste l’avocat du syndicat, Olivier Grimaldi, qui tente de minimiser la responsabilité du syndicat dans le blocage. “On se base sur un SMS pour prouver la présence de FO, fustige-t-il. On est sur une grève ascendante : c’est la base qui ne veut pas de l’accord. FO est le seul syndicat qui encadre la base !” À l’audience, le patron du syndicat, n’est pas présent, ni ses adjoints. Une représentante est sur place, mais refuse de donner son identité. Lundi, dans la même salle, pour l’audience lors de laquelle c’est FO qui déposait un recours contre la réquisition des agents, Patrick Rué avait fait le déplacement.
Henri-Pierre Vergnon y voit “une absence de courage du syndicat” qui revendique le mouvement de grève, en a posé le préavis, mais n’en assume pas l’entière responsabilité. Il réclame à la juge d’examiner ce dossier même si certains centres étaient de nouveau accessibles vendredi matin. “On joue avec les nerfs des Marseillais. Le plus terrible dans cette affaire, c’est que si vous rendez un jugement de non-lieu, les choses vont se répéter : requête, blocage, déblocage. C’est une forme d’instrumentalisation“, conclut-il.
La prime demandée par FO remise sur la table
Olivier Grimaldi, avocat du syndicat, s’attelle à retracer la chronologie des négociations depuis le mois de septembre. Et mentionne la prime réclamée par FO dans ses derniers tracts. “Il était convenu d’une prime du dimanche en attendant le retour des “sachants” partis en vacances“, plaide-t-il en faisant référence aux cadres de l’administration.
FO, au fil des mois, a donc changé ses revendications et apporte aujourd’hui sur la table la question de l’harmonisation des salaires. Pour la métropole, ce n’est pas l’heure de cette négociation qui doit faire l’objet d’une conférence sociale au premier trimestre avec les autres syndicats, rappelle Yves Moraine en marge de l’audience. D’autant plus que le préfet doit bientôt se prononcer sur la légalité de la délibération du conseil métropolitain, entérinant le protocole de sortie de grève et la prise en compte accrue de la pénibilité. Le dossier n’est donc pas prêt de se clôturer. L’ordonnance de la juge, quant à elle, sera rendue dans les heures, voir les jours qui viennent.
Commentaires
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Conclusion : il n’y a en réalité quasiment aucun gréviste, mais presque uniquement des victimes du covid. Je serais curieux de savoir si dans les autres métropoles, voire dans les arrondissements de Marseille où la collecte des ordures ménagères est réalisée par des entreprises privées, les éboueurs sont aussi sensibles à cette maladie…
Il y a quelques années, lors du renouvellement de la DSP de l’eau, certains s’étaient chagrinés de ce que le retour en régie soit écarté par, à l’époque, la communauté urbaine. Mais un lecteur, ici, avait répondu que c’était une bonne solution pour éviter que FO installe aussi ses sbires et ses méthodes dans cette activité. Pour ma part, je commence à me demander si la privatisation du ramassage des ordures ne serait pas indispensable, au moins temporairement, pour retrouver un vrai service public – dont FO se fout complètement, et des rapports sociaux normaux entre un vrai patron et de vrais syndicats.
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Il ne faut pas se leurrer, dans ce domaine le privé n’est pas mieux que le public. Il faut se souvenir d’une précédente longue grève insufflée par l’entreprise Bronzo pour conserver une part du gâteau du ramassage des ordures ménagères, alors qu’ils avaient perdu l’appel d’offres, ils ont pu récupérer le marché ! Derichebourg ou Nicollin ne valent pas mieux.
Le problème vient de décennies d’embauches très clientélistes, il n’y a qu’à voir les photos des bonhommes : pas ou quasiment pas de minorité visible alors que Marseille est très métissée, beaucoup d’or autour du cou… Dans beaucoup de services municipaux ou paramunicipaux, les personnels qui souhaitent simplement travailler normalement sont mal vus, pénalisés à l’avancement… Merci FO, Defferre, Gaudin et cie
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Hier, je suis passée devant l’UD FO. Ô miracle, tous les conteneurs à ordures autour du bâtiment -en travaux d’ailleurs- étaient vides. Dans le même temps, dans certaines rues proches du centre ville, il faut marcher sur la chaussée au risque de se faire happer par un véhicule, les trottoirs étant recouverts d’ordures et d’encombrants.
Ma coiffeuse se dit prête à aller ramasser des poubelles pour les déverser devant les locaux de FO, son salon jouxtant des poubelles débordantes. Et j’ai lu que l’association Marseille les poubelles la vie se disait prête à organiser une action de ce type. Pourquoi pas? Bien que la surenchère à la crasse n’est pas la solution du problème marseillais et surtout de l’arrogance de Rué et de sa clique.
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…a métropole dénombrait 20 grévistes et 214 agents absents. Le nombre de grévistes est loin d’exploser, mais beaucoup sont en arrêt maladie ou pour cause de “cas contact”, n’assurent plus la collecte.
il est beau et fort le combat de nos syndicalistes marseillais !!! un vraie bande de zguégues comme on dit chez FO.
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Rué n’aura de cesse que lorsqu’il aura soumis Moraine à sa volonté c’est à dire être le seul syndicat à négocier avec lui
Les 15% de réduction de temps de travail accordé aux autres syndicats lui sont restés en travers de la gorge et il le lui fait payer
L’année risque d’être longue jusqu’aux élections professionnelles de décembre !
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20 grévistes et 214 agents absents. Ok. On doit donc comprendre que nos “chers” impôts continuent à se déverser pour un service qui n’existe pas. Un service …public. Rêvons. Rassurez moi, les grévistes sont bien payés ?
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