Frédéric Collart, le chirurgien qui se rêve maire de Marseille au-dessus des partis
Conseiller départemental sans étiquette et professeur de chirurgie cardiaque à la Timone, Frédéric Collart tient ce 26 septembre la première réunion publique de son mouvement politique, Marseille à cœur. Son objectif : fédérer "une partie de la gauche", le centre, la droite et la société civile pour les municipales de 2026. Ce qui ne ravit pas tout le monde à droite.
Frédéric Collart, professeur de chirurgie cardiaque à la Timone ambitionne de porter une candidature "au-delà des partis" aux municipales à Marseille, pour 2026. (Photo : C.By.)
Une thèse de médecine, des notes griffonnées d’une écriture cryptique, un billet de 20 euros et un électrocardiogramme. Le bureau de Frédéric Collart, professeur de chirurgie cardiaque à l’hôpital de la Timone, est un peu encombré. Il s’en excuse. Mais ce praticien hospitalier, par ailleurs conseiller départemental dans la majorité de Martine Vassal (DVD), porte une ambition politique limpide. Ce natif de Namur, père de quatre enfants de 23 à 6 ans, “tombé amoureux de Marseille lors de ses études de médecine”, veut devenir maire de Marseille en 2026. Il nourrit un projet simple et complexe à la fois : “Fédérer au-delà des partis et porter une incarnation. Car une élection municipale, c’est la rencontre entre la population et une personnalité.”
Voilà pour les bases. “À un moment où un autre, il faut faire un rassemblement au-delà de la droite et du centre”, lâche-t-il comme on pose un diagnostic médical. Pour lui, l’avenir de la ville s’écrit donc dans une vaste agrégation qui irait “d’une partie de la gauche” à “la droite tendance Les Républicains”, en passant par les différentes nuances de centre, “mais avec surtout une grande présence de la société civile”. Raison pour laquelle, ce jeudi 26 septembre au Dock des Suds, le chirurgien cardiaque organise la première assemblée générale, ouverte à tous, du mouvement politique qu’il a créé le 22 février 2022, opportunément baptisé Marseille à cœur. “Ce mouvement doit faire partie de cette union et le travail effectué, je le mettrai au service du collectif”, résume-t-il.
Un master à Science Po
Le chef du service de chirurgie cardio-thoracique de la Timone, qui fait partie des personnalités locales qu’Emmanuel Macron rencontre régulièrement lors de ses venues à Marseille, entre en politique en 2014. Jean-Claude Gaudin en fait alors son 14e vice-président de la métropole en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche. Lors des municipales de 2020, Martine Vassal — alors encartée chez Les Républicains — le présente comme son potentiel futur premier adjoint en cas de victoire. En 2021, il est élu conseiller départemental sans étiquette et suit une formation de deux ans à Science Po Paris dont il ressort, en 2023, diplômé d’un master management des politiques publiques.
Moi, je veux faire à ma manière, pas de la politique à l’ancienne.
Frédéric Collart
Il y a une application laborieuse dans ce parcours, qui tranche avec le Landerneau local. Il assure que son désir de mener le combat des municipales ne répond pas à celui d’une “aventure individuelle” : “Être élu, c’est un métier où il ne faut pas avoir d’égo, mais avoir une ambition pour sa ville et non pour soi.” Il ne sera donc pas “le Bruno Gilles de 2026”, promet-il. Mais comme “Martine Vassal et Renaud Muselier ont exprimé à plusieurs reprises le fait qu’ils ne désiraient pas être candidats [aux municipales de 2026 à Marseille], il faudra bien que quelqu’un émerge et fasse l’union.” Et tant qu’à faire, que ce soit lui. “Moi, je veux faire à ma manière, pas de la politique à l’ancienne”, évacue le chirurgien, qui parle volontiers “méthodologie et éthique”.
Frédéric Collart rêve aussi tout haut de leaders de collectivités territoriales qui auraient la sagesse de “s’aligner et d’œuvrer ensemble pour le bien commun”. La pique, il l’envoie autant à Martine Vassal qu’à Renaud Muselier, président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et qu’au maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan. Le professeur en chirurgie dit ne pas comprendre ces pertes de temps et d’énergie du fait de “gens qui ne pensent qu’à leur survie financière et leurs problèmes d’égo”.
Benoît Payan “a failli”
À ses yeux, c’est là, notamment, que Benoît Payan “a failli”. “Quand on est maire, on doit être humble, ce n’est pas son cas. Et puis dans ces fonctions, il faut travailler avec tout le monde : Vassal, Muselier, l’État pour Marseille en grand… À mon sens, c’est soit on fait de la politique politicienne, soit on est maire de la ville”, assène celui qui affirme vouloir défendre comme priorités un logement digne pour tous, les questions de sécurité et d’incivilités, la reconquête de l’hypercentre, ou encore la nécessité de réintroduire du lien social dans les quartiers populaires via la vie associative. Il promet que s’il est élu, il instituera un comité de gouvernance qui rassemblera préfet, présidents ou présidentes de la métropole, du département et de la région, et maire de Marseille, avec l’impérieuse obligation “de faire avancer les dossiers ensemble.”
La fin des chicayas et la capacité à travailler à l’unisson ? Pour qui observe le marigot local, ces désirs tiennent des vœux pieux. Frédéric Collart convient que son discours confine parfois à la candeur. Il assume cette part de naïveté et veut croire, même, qu’elle peut être séduisante pour une partie de l’électorat. “Oui, le paysage politique local est un marigot, mais les gens en ont marre”, argue celui qui, de ses premiers mandats électifs, dit avoir “remarqué une propension aux coups bas et aux invectives” dans laquelle il ne se reconnaît pas.
“le discours radical, je ne suis pas fan”
Il n’aime pas non plus les outrances et les caricatures, d’où qu’elles viennent. La ligne très droitière posée par Martine Vassal lors de son banquet républicain — auquel il assistait le 8 septembre — le laisse pantois. “Je ne comprends pas pourquoi ils tiennent un discours aussi dur. Il faut être lucide sur un certain nombre de problèmes, mais le discours radical, je ne suis pas fan. Et je ne crois pas qu’il faille adapter son discours au RN sous prétexte qu’on veut récupérer son électorat. Ça ne marche pas.”
Il dit souvent qu’il n’est ni un méchant ni un tordu, c’est vrai. Mais il n’est pas naïf non plus.
Bruno Gilles, Horizons
“Il dit souvent qu’il n’est ni un méchant ni un tordu, c’est vrai. Mais il n’est pas naïf non plus”, analyse Bruno Gilles, référent Horizons pour les Bouches-du-Rhône. Les deux hommes se connaissent bien. En décembre 2017, l’ancien sénateur et ancien maire (alors LR) des 4e et 5e arrondissements bénéficie d’une greffe de cœur ; la transplantation est réalisée par l’éminent professeur. Bruno Gilles ne s’avance pas pour la distribution des rôles en 2026 : “Frédéric Collart s’inscrit dans le puzzle”, convient-il. Comme Martine Vassal, il devrait assister à la réunion du mouvement Marseille à cœur, ce 26 septembre.
“Il ferait un excellent adjoint”
Renaud Muselier, lui, n’a pas annoncé sa venue. Le 30 août, lors de la réunion de rentrée de la droite locale, son discours, parfois abrasif, sur la nécessité d’une union a été noté par nombre d’observateurs comme une mise en garde directe envoyée à Frédéric Collart. Le chirurgien, absent lors de ce raout, minimise : “Je ne l’ai pas reçu comme ça.” Sur l’aile droite de l’échiquier, on plaide pour ne pas le laisser se bercer d’illusions trop longtemps : “Il ne peut sans doute pas être maire, mais ferait un excellent adjoint. Il faut le stopper gentiment, poliment”, conseille un cadre. “C’est quelqu’un de bien”, dit encore un vassaliste. Pas question de “l’éjecter sans ménagement”, selon “la méthode Muselier”, plaide-t-on encore.
C’est aussi avec une pointe de curiosité et la volonté de ne pas insulter l’avenir qu’une partie du centre droit le regarde se lancer. L’homme ne l’ignore pas, il doit combler un déficit de notoriété qu’il s’emploie à compenser. Pour son rendez-vous du 26 septembre, Frédéric Collart table sur 500 personnes. Le rendez-vous sera une manière de compter ses forces et de cerner ses réseaux. Du côté de la mairie de Marseille, on savoure évidemment l’émergence de ce grain de sable dans l’union affichée à droite avec force tambours et trompettes. On y salue “un homme avec une crédibilité”, mais on doute que les barons locaux “aient la capacité de mettre leurs égos de côté” pour se ranger derrière lui.
Il y a quelques mois, un membre de la galaxie du centre droit se faisait d’ailleurs cinglant : “Muselier, Vassal… Tout le monde en parle, de ces municipales, mais personne ne veut y aller pour perdre. À la fin, ils regarderont les sondages. S’ils sont bons, ils iront. Et s’ils sont mauvais, ils diront : “Eh ben, Collart, t’as fait Sciences Po pour être maire de Marseille ? Alors vas-y !” Le professeur Collart évacue les sarcasmes avec un flegme certain. Il dit que s’il ne fait pas l’union, il restera à l’hôpital, où il est “très heureux”: “C’est mes patients qui seront contents.” D’ailleurs, il a rendez-vous au bloc dans cinq minutes.
Commentaires
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éminent personnage, éminemment respectable.
un doux rêveur ?
payan manque d’humilité, certes. les maîtres en politique politicienne que sont vassal et muselier vont sans aucun doute le décevoir rapidement.
un manque possible de lucidité, et une méconnaissance du réel pour marseille aujourd’hui.
mairie métropole département région et état, pour travailler ensemble, encore faut-il mettre les egos en sourdine. penser à la ville, et non à son pouvoir perso.
bon courage à lui.
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stop avec la proximité de ceux qui ont été avec la bande Gaudin et Vassal échec sur toute la ville
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C’est qui le dernier déjà qui voulait être au-dessus des partis ?
C’est fou cette obsession de vouloir désintégrer tout clivage politique, en fait les gars s’il y a une droite et une gauche c’est parce qu’il y a des conceptions différentes de societe, ça serait bien que vous les nourrissiez plutôt que de les abolir.
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Merci. D’ailleurs, souvent, “ni de gauche, ni de droite”, ça veut dire “ni de gauche, ni de gauche”. La trajectoire du petit génie de l’Elysée nous le montre s’il en était besoin.
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Exactement, il s’avère qu’en regardant l’histoire politique, tant nationale qu’internationale, d’une part les personnes voulant s’affirmer “ni de gauche, ni de droite” sont souvent à droite mais ne l’assument pas, d’autre part ceux qui ont utilisé cette formule, ont pour certains été responsables des plus grands chaos de l’humanité récente, notamment en Europe le siècle dernier, je ne vous fais pas de dessin…
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*ne l’assument pas, par stratégie “attrape-tout”
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Cet article décrit bien le contexte local.Parfait.Ce nouvel acteur débarque dans la compétition, pourquoi pas.
Un reproche à cette présentation du tableau de la part de Marsactu.Pouquoi faire, quel programme annoncé par Frédéric Collart à part les portes ouvertes enfoncée sur Marseille. En résumé, que souhaite t’il faire ,je n’en sais pas plus.
Avec qui? Bon courage.
Un bon point,il n’ à pas besoin de la politique pour vivre.
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@Alceste. Du coup, selon vous, seuls les bourgeois auraient le droit de faire de la politique ? A la base, la rémunération des élus est prévue pour permettre à tous d’exercer des fonctions politiques. Que certains en profitent : à coup sûr. Mais évitons les généralités populistes.
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a votre question :
.Pouquoi faire, quel programme annoncé par Frédéric Collart à part les portes ouvertes enfoncée sur Marseille. En résumé, que souhaite t’il faire ,je n’en sais pas plus.la réponse est dans l’article !
la réponse est dans l’article !
réunion prévue : mouvement Marseille à cœur, ce 26 septembre.
avec martine, mais sans muso….
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Un bon point,il n’ à pas besoin de la politique pour vivre.
vous pensez réellement qu’une fois élu il continuera à bosser ? ou alors maire à mi-temps.
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J’avais pas compris que Martine ne voulait pas y aller, moi ?!
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Les derniers médecins connus également comme politiques :
Jérôme Cahuzac, chirurgien esthétique (1952- )
Philippe Douste-Blazy, cardiologue (1953- )
Dominique Voynet, anesthésiste (1958-
Et plus anciennement :
Jean-Paul Marat (1743-1793)
Pas rassurant tout ça.
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Robert Vigouroux à Marseille
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Ajoutons Yvon Berland et Michèle Rubirola
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Pour le coup, Vigouroux et Rubirola n’ont pas été les pires politiciens locaux, mais bon, si cela suffisait à assurer une certaine qualité, nous le saurions déjà…
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j’oserais : carrément flippant.
en principe, nous n’avons pas les même valeurs !
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C’est très simpliste car on peut faire la même chose avec toutes les professions et plus particulièrement avec celle d’avocat.
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Il espérait, selon ses confrères et néanmoins amis,que le Président Macron avec qui il entretient des liens cordiaux,le fasse nommer Ministre de la santé
Cela n’a pas eu lieu.
Peut être aura t’il plus de chance localement ,de satisfaire ses ambitions politiques
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au dessus des parti(e)s c’est le nombril, encore un qui se le regarde un peu trop
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Que de blabla ! C’est facile les grandes phrases creuses.
Si on resume voilà un homme issu du cercle des mandarins de la fac de medecine, frayant depuis son arrivée avec la droite marseillaise Gaudino vassaliste, intégré récemment le carré VIP d’E.Macron, et qui veut apparaître comme homme de la société civile “au dessus des partis” …
Et il entend rassembler une partie de la gauche (?) les centristes et les LR…
Ça me rappelle vaguement une stratégie politique tentée au niveau national…
Servirait-il d’appat pour tenter de diviser la gauche ?
Est-il la carte locale du parti macroniste ?
Est-il un bon cheval ou un caillou dans la chaussure de la droite ?
Vous le saurez dans le prochain épisode…
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Encore un clone de cette mafia de droite qui a gouverné la ville bien trop longtemps.
Je parle bien de cette mafia dynastique qu’est médecine ! Les rois de l’entre soi et de la vieille France très rance. Fillon, quoi, avec un discours macroniste!
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Parmi les soutiens qui se sont affichés auprès de ce Monsieur Collart, Rudy Manna, permanent du syndicat policier Alliance.
Encore un centriste modéré, dirigeant d’une organisation qui le 30 juin 2023 publiait un tract où l’on pouvait lire : “Face à CES HORDES SAUVAGES, demander le calme ne suffit plus, ont écrit les représentants de policiers. Il faut l’imposer” Un peu plus loin “l’heure n’est pas à l’action syndicale mais au COMBAT CONTRE CES NUISIBLES !”, et enfin “AUJOURD’HUI LES POLICIERS SONT AU COMBAT CAR NOUS SOMMES EN GUERRE” ; pour bien préciser la subtilité dans la nuance du propos, il est encore question de “CETTE CHIENLIT QUE NOUS SUBISSONS DEPUIS DES DÉCENNIES”…
Par ailleurs notre gardien de la paix (?) s’asseoit joyeusement sur le secret de l’instruction https://marsactu.fr/rudy-manna-le-mediatique-syndicaliste-de-police-qui-embarrasse-la-justice/
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