Fillon : "On ne fait pas de la politique de la même façon à Marseille et à Sablé-sur-Sarthe"

Fillon : "On ne fait pas de la politique de la même façon à Marseille et à Sablé-sur-Sarthe"

Mon cher Jean-Claude par ci, mon cher Jean-Claude par là. Le sénateur-maire de Marseille, et président de la fédération bucco-rhodanienne de l'UMP est assis au premier rang entouré de son fidèle chef de cabinet Maurice Battin et de l'autre sénateur-maire de droite Bruno Gilles, le secrétaire de la fédé. Martine Vassal, Laure-Agnès Caradec, Dominique Vlasto, Sabine Bernasconi, Yves Moraine, Didier Parakian, et "pardon pour ceux que j'oublie" comme dirait François Fillon, ont fait eux aussi le déplacement vers le boulevard Mireille Lauze, jeudi soir dernier, au si mal nommé Florida Palace, pour écouter le sarthois défendre sa candidature à la présidence de l'UMP. "Ils sont venus, ils sont tous là". Beau comme du Aznavour.

Pourtant la puissante fédération des Bouches-du-Rhône est copéiste depuis le premier jour. Jean-Claude est légitimiste et il apprécie le côté "droite décomplexée" de Copé. "Plus net, plus tranché". Et se méfie de celui "grand bourgeois de province" de Fillon. Le château à Sablé-sur-Sarthe et les vacances chez les marquis italiens c'est pas son truc à Jean-Claude. Fillon qui était vert quand il a appris le choix de Jean-Claude "quand je pense que je lui ai payé son Mucem".

Mais malgré tout, cette vraie/fausse primaire, Gaudin n'aime pas ça du tout. Les coups de dague, ça se passe dans les palais, pas sur les estrades publiques. Le sang s'efface plus rapidement sur les tapis rouges du palais du Luxembourg. Paris n'est pas Rome. "Pendant que nous affichons nos désaccords à l'UMP, ce malin de Borloo s'organise, et pourrait à la fin rafler la mise", ne cesse de répéter Gaudin à ses proches.

Et puis il se demande s'il a misé sur le bon cheval. Même son ami Nicolas n'y croit plus "Ce sera Fillon avec 55%", selon le Nouvel Obs de cette semaine. Ne jamais insulter l'avenir. Du coup le maire est venu avec ses boys and girls assurer la claque jeudi soir, et recevoir avec plaisir les "Mon cher Jean-Claude" envoyés depuis l'estrade par Fillon et ses amis. Son ennemi intime Guy Teissier, le député maire du 9/10 qui soutient – comme de bien entendu – Fillon était trop content de son bon coup. D'abord en ayant rempli la salle d'au moins 1000 personnes selon les organisateurs, et puis en ayant fait déplacer son éminence comme on dit chez les teissieriste. Magnéto Esther, Guy Teissier à la fin du meeting, en clair-obscur : 

Bien sagement, opinant du chef et applaudissant parfois, et même si il avait la tête ailleurs, Jean-Claude a écouté les discours des fillonistes. Valérie Boyer, la député marseillaise et porte-parole de François Fillon l'a bien fait rire quant elle a assuré que "François c'était vraiment le feu sous la glace". Il s'est un peu assoupit – il n'était pas le seul – au discours du récemment converti David Douillet – "pour moi le meilleur c'est François Fillon pour lutter contre cette bande d'amateurs du gouvernement" – et a franchement applaudi aux messages amicaux du maire de Nice Christian Estrosi : "Avec Jean-Claude, on ne nous a jamais pris à défaut dans notre combat commun contre la gauche dans cette région". Estro qui ne désespère pas faire changer d'avis son ami Jean-Claude. Magnéto Esther :

Après ces chauffeurs de salle, Jean-Claude Gaudin a écouté comme à la messe le stand-up assis de François Fillon : "Excusez moi je dois m'asseoir sur un coin de table, ma cheville est convalescente, c'est normal c'est la gauche". Eh,eh. L'ancien premier ministre qui a découpé en rondelles les premiers mois du nouveau président – "pourtant si Hollande avait pris de bonnes mesures pour lutter contre la crise je l'aurai soutenu, car je préfère mon pays à mon parti" – et déroulé un discours très droite décomplexée, histoire de ne pas laisser le monopole du pain au chocolat à son concurrent : "Non aux votes des étrangers, non au mariage homo, tous ces sujets qui divisent les français". Et bien sûr son programme économique anti-crise avec notamment la suppression des 35 heures qui, s'il ne l'a pas fait quand il était rue de Grenelle puis à Matignon allez-vous-me-demander c'est parce que Chirac et Sarko n'ont pas osé. Ouh le mauvais camarade.

Ca n'a pas empêché Fillon de faire  un carton auprès des militants marseillais avec standing-ovation sur le mariage homo. Gaudin lui ne s'est levé qu'à la fin pour chanter la Marseillaise avec ses nouveaux amis. A Marseille comme à Sablé-sur-Sarthe, tout finit toujours par une chanson.