Faut-il débrancher Ordina 13 ?
Faut-il débrancher Ordina 13 ?
A moins d’être revenu de vacances cette semaine, vous n’avez pas pu y échapper : à la rentrée, le Conseil général n’a pas lésiné sur les moyens pour faire la promotion de son action dans les collèges des Bouches-du-Rhône. Par pleines pages de pub dans les quotidiens locaux, on voyait s’afficher la trombine du président Jean-Noël Guérini (PS), avec un collégien parfois penché sur l’ordinateur qui ne le quitte jamais : celui offert par le CG13 à 25 000 élèves de 4e et 3e dans le cadre de son opération Ordina 13. Cette année encore, Noël tombera avant l’heure, pendant le mois d’octobre.
Plus de 10 millions d’euros par an
Bref, tout le monde est content : la presse touche le jackpot publicitaire, les minots ont un portable tout neuf et le locataire du Conseil général peut compter sur le silence de la première sur ce dossier et rêver du vote des seconds dans quelques années… Sauf que ce cadeau coûte la bagatelle de 11 millions d’euros par an rien qu’en matériel. Plus 1,3 millions de fonctionnement. « Si je reporte à mon budget éducation (qui comprend la construction et la maintenance des collèges, les transports etc.) ce n’est qu’un élément d’une somme globale de 271 millions d’euros« , fait remarquer Janine Ecochard, vice-présidente chargée de l’éducation.
Et puis, comme elle le répète à l’envi, des clés USB à l’équipement en tableaux interactifs en passant par le câblage et l’installation de serveurs, »Ordina 13 ce n’est pas que le don de portables« . Dont acte : les collèges des Bouches-du-Rhône ont certainement en quelques années fait un bond technologique important. Mais ne fallait-il pas s’arrêter-là, où repenser le côté ordinateurs portables de manière plus légère, puisque l’investissement était déjà considérable (plus de 100 millions d’euros en 2003 et 2004) ?
Il faut déjà savoir à quoi servait le « 1 portable pour 1 collégien » : « Le premier objectif était de faire en sorte que tous les collégiens soient au même niveau en ayant tous un ordinateur pour les exercices pédagogiques. Le second était d’améliorer le relationnel avec les familles. Avec des emplois du temps, le suivi des absences, le cahier de texte et les cours en ligne, cela permet aux parents de suivre plus facilement, d’aller contre cette rupture avec l’établissement« , justifie-t-elle.
Le marché noir des ordis bleus
Cela nécessitait-il de distribuer un ordinateur aux fils de banquiers comme aux fils d’ouvriers ? Car, comme le note Dominique Bourgeois, du centre de recherche Medi@sic, « la plupart des familles des collégiens disposaient déjà d’un ordinateur à la maison, avant le prêt du portable à leur enfant. Et l’accès à un ordinateur se prolongeait par un usage puisque les collégiens utilisaient déjà beaucoup un ordinateur, que celui-ci soit l’ordinateur familial ou un autre ordinateur. » En revanche, « des usages directs et indirects se sont développés, en particulier dans le cas des populations défavorisées ou, en tout cas, de celles ayant peu accès aux technologies de l’information et de la communication. »
Réponse de Janine Ecochard : « notre souhait dès le départ était de ne pas stigmatiser les élèves en ayant d’un côté ceux pour qui papa-maman ont offert un PC à Noël et les autres. Et même dans les familles qui sont déjà équipées, le fait d’avoir son propre ordinateur responsabilise « , fait-elle valoir. D’autres départements ont pourtant choisi une autre voie : en Seine-Saint-Denis, ce sont les bénéficiaires qui font la démarche de demander l’ordinateur, et qui règlent entre 20 et 400 euros suivant leur quotient familial. Tout le monde paye, mais en fonction de ses moyens. Un dispositif repris cette année dans les lycées de Midi-Pyrénées.
Surtout que dans les faits, les ordis bleus du CG13 finissent parfois sur les marchés parce que le fiston a eu un Mac pour son passage au lycée. Ou parce que 100 euros en cash cela aide toujours pour boucler les fins de mois. Pourquoi dans ce cas être passé du prêt au don en cours de route ? « Les élèves étaient un peu marris de devoir le rendre alors qu’ils auraient pu s’en servir au lycée. Et le fait de devoir faire le ramassage en mai alors que la distribution se fait en octobre rendaient le temps d’utilisation relativement court« , fait valoir Janine Ecochard. Ca se tient.
Machine arrière en Bretagne
Dommage en tout cas, car le prêt, en plus d’être moins lourd pour les finances, permet de mettre en place des opérations intéressantes, comme celle du Conseil général de l’Ille-et-Vilaine : au bout de trois ans, lorsqu’il a fallu remplacer le matériel devenu quelque peu obsolète mais pas complètement à la masse, le CG35 a décidé de les revendre aux boursiers pour 40 euros.
Dans ce département, le dispositif a d’ailleurs été « réorienté« . Constatant là aussi que la plupart des élèves possédaient déjà une machine, on a considéré que l’objectif n’était « plus aussi criant« . La collectivité a donc décidé de redistribuer les 12 000 ordinateurs à »des établissements scolaires, pour compléter leur parc informatique« , à « des classes UPI (Unité Pédagogique d’Intégration), pour les élèves handicapés (à hauteur d’un poste par collégien) », à « tous les collégiens boursiers des classes de 6e, soit environ 2500 collégiens » ainsi qu’à « des familles et structures d’accueil d’enfants placés au titre de la protection de l’enfance« .
Pourquoi aux boursiers de 6e ? « S’il pouvait sembler pertinent il y a quelques années de commencer en 3e, l’évolution de la société fait que les jeunes sont amenés à manier l’informatique de plus en plus tôt« , indique-t-on au CG35. Qui sait, peut-être le CG13 va-t-il revoir lui aussi sa copie, Janine Ecochard assurant que « le dispositif est évolutif depuis le début« .
Plus d’Ordi Paca en vue
Du côté de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, où le président Michel Vauzelle avait proposé « un cartable numérique avec un ordinateur portable éducatif pour tous les lycéens et apprentis, en fonction du niveau de ressources des familles », l’heure est également à la remise à plat. « Le gouvernement nous a amené à gérer des questions qui n’étaient pas prévues. La décision de faire de nouveaux manuels scolaires a été prise en avril dernier, sans aucune concertation, ce qui nous a obligé a faire des choix. Nous avons fait celui de respecter notre engagement de 2000 : continuer à assurer la gratuité des manuels. Ce qui va coûter plus de 8 millions d’euros au lieu de 4 », explique Jean-Marc Coppola, vice-président chargé des lycées.
Résultat, « avec les moyens qui sont les siens » le Conseil régional préfère « mett
re l’investissement dans des établissements dans l’équipement comme au niveau des méthodes pédagogiques pour rechercher une efficacité maximum ». Il ajoute que le Front de Gauche n’était « pas très chaud » vis-à-vis de l’idée, qui s’apparente « plus à un effet d’annonce qu’à une véritable mesure ». Sans aller jusque-là, les études commandées par le conseil général des Landes comme certains retours d’expérience aux Etats-Unis montre que le « 1 pour 1 » n’est pas la panacée pédagogiquement parlant, développant des problématiques que le Ravi avait entrevu en 2004. En tout cas ça se discute, et pas par page de pubs interposées…
Commentaires
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Pour une fois que l’argent est véritablement redistribué aux collégiens, je ne cracherai pas dans la soupe. Seul regret, mais de taille, dans tout ça: et les professeurs alors?? J’ai absolument besoin d’un ordi portable mais je me refuse à investir de l’argent dans un matériel dont l’utilisation est essentiellement pédagogique et rendu obligatoire par les nouvelles façons d’enseigner. C’est un peu comme si l’on me demandait d’acheter moi-même un tableau noir et les craies qui vont avec!!
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La cour régionales des comptes dans un rapport disponible à tous sur son site à épinglé le Conseil général sur cette action de communication
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Oui, cette initiative est vraiment excellente. Avez-vous fait une enquête dans les collèges du 14ème ou du 15ème arrondissements ? les enfants qui fréquentent les collèges dans ces quartiers disposent souvent pour la première fois d’un ordinateur portable grâce à Ordina13… Bien sûr, à Endoume, les enfants ont déjà un ordi à la maison. Et alors ? Tirons vers le haut ce qui en ont besoin.
Bravo à Guérini n’avoir initié cette opération !
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et vous pouvez pas faire comme tout le monde … Utiliser votre ordinateur perso ? Pour faire des powerpoint ou des recherches, ça suffit largement ..
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Serieux merci a Guerini pour sa car dans mon quartier la plupart des eleves ne disposaient pas d’un ordinateur a la maison que se soit fixe ou portable et tout le monde a présent dispose de memes moyens pour travailler sans distinctions sociales comme le collégien a qui ces parents lui on offert un ordinateur pour noël et les autres dont les parents n’ont tout simplement pas les moyens.
J’ai 14 ans.
Merci
écrit avec l’ordinateur distribué par ordina13. 😀
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Lorsque cette opération a été initiée, peu de collègiens étaient dotés d’un micro portable, la démarche du CG était donc opportune. Restait à l’Education Nationale à commencer, de son côté, à intégrer cet outil dans l’ensemble des outils et méthodes pédagogiques. Sur ce plan, très très peu de choses ont bougé et il ne peut pas en être tenu rigueur au CG. Au bout de 10 ans, il est necessaire de faire un bilan , une évakuation cout/efficacité, collège par collège, et de faire faire cet audit par un organisme extérieur indépendant; c’est une règle de gestion de base particulièrement indiquée pour un sujet aussi évolutif. Quoiqu’il en soit de l’évaluation,qui, j’y insiste, est indispensable et doit être rendue publique auprès des personnnes concernées (dont les parents), je trouve que maintenant, compte tenu de la pénétration atteinte par les micros dans les foyers, l’attribution d’un micro devrait se faire sous conditions de ressources des parents.
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C’est la gauche démago. Je croyais qu’on était dans la région PACA dirigée par le PS. Il semblerait plutôt que chaque conseil général joue le clientélisme électoral. Ainsi un élève boursier ou de famille à revenus modestes, du Vaucluse, du 04 ou du 05 devra lui se financer son ordi. Un fils de banquier du 13 a donc plus de chance qu’un fils de smicard à Carpentras. Si c’est ça la vision socialiste de l’école pour tous et de l’égalité des chances, la droite vaut mieux: elle au moins n’est pas hypocrite car on sait pour qui elle roule. Tout ce que la gauche aura fait avec cette oopération c’est de gaspiller l’argent et de faire des minots des experts en …téléchargements!! Car il ne faut pas rêver.
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Pour une fois que l’argent est véritablement redistribué aux collégiens, je ne cracherai pas dans la soupe. Seul regret, mais de taille, dans tout ça: et les professeurs alors?? J’ai absolument besoin d’un ordi portable mais je me refuse à investir de l’argent dans un matériel dont l’utilisation est essentiellement pédagogique et rendu obligatoire par les nouvelles façons d’enseigner. C’est un peu comme si l’on me demandait d’acheter moi-même un tableau noir et les craies qui vont avec!!
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bonjour comment fait on pour demander une ordinateur portable à la région car je vais en prépa mais je n’est pas vraiment les moyen de me payer un ordinateur portable.
Cordialement
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je pense que les tablettes sont plus utiles que des ordi-portables car les tablettes sont plus petits plus intelligents et plus vites que les ordi-portables donc j’aimerai bien avoir une tablette l’année prochaine si’il vous plait
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