Faire goûter le code aux enfants

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le 25 Juin 2014
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Faire goûter le code aux enfants
Faire goûter le code aux enfants

Faire goûter le code aux enfants

"Tourner à gauche puis avancer jusqu'à la fleur"… Non, il ne s'agit pas d'un cours de conduite en pleine campagne. Mais d'un jeu vidéo – un peu particulier – pour apprendre le code aux enfants. On parle bien sûr ici de programmation informatique et non pas du code de la route. C'est Laurence Bricteux, ancienne de chez Apple, NRJ ou Monster.fr qui a lancé début 2014 ces ateliers-goûters du code, destinés aux enfants de 7 à 12 ans. Le but : sensibiliser les plus jeunes au code informatique et pourquoi pas susciter des vocations. 

Pour ce troisième atelier, une petite dizaine d'enfants, accompagnés de leurs parents, se sont donnés rendez-vous à l'espace de coworking Group'Union, rue Paradis. Bonbons et boissons les attendent sur le bar de l'espace prêté par Christophe Gauthier, fondateur du lieu. Le principe est simple, chacun s'assoit autour des deux grandes tables et commence, à son rythme, les exercices proposés. Pour goûter l'ambiance, tout est dit dans la vidéo.

 

 

"Au début, on leur propose un programme de base, des parcours avec des exercices progressifs", explique Laurence Bricteux. Pendant près de trois heures, les enfants vont passer avec plus ou moins de facilité les parcours proposés par le site code.org et son programme Hour of code destiné aux plus jeunes. "On remarque plusieurs typologies de fonctionnement, constate Laurence Bricteux. Certains enfants fonctionnent de manière réflexive alors que d'autres tâtonnent et se tapent la tête contre les murs avant d'y arriver."  Pas la leur évidemment, mais celle des petits personnages qu'ils doivent faire avancer d'un point A à un point B en passant par tout un tas de détours. Le but est de leur apprendre la logique de la programmation informatique. "Au bout du compte, c'est le même résultat, ils arrivent tous au bout des exercices".

"Je ne pensais pas que le​s esprits étaient prêts"

Le concept n'est pas nouveau. Aujourd'hui, l'informatique et les ordinateurs font partie de notre quotidien. Pourtant, la culture numérique n'est pas développée auprès du grand public qui consomme du numérique sans savoir comment ça marche. Le langage informatique est souvent ignoré. A contrario, les pouvoirs publics de nombreux pays ont compris qu'il y avait là un enjeu d'avenir et ont mis en place  l'apprentissage de la programmation informatique pour les plus jeunes. En France, si l'éducation nationale tarde encore, les ateliers se multiplient un peu partout dans le pays. Le but n'est pas de faire de chacune de nos têtes blondes des informaticiens, mais de leur enseigner les rudiments d'une nouvelle langue.

L'idée est née alors que Laurence Bricteux vient de s'installer à Marseille. Elle qui avait travaillé une quinzaine d'années dans le marketing éducation d'Apple avant de passer chez Monster puis NRJ est partie s'installer dans le sud. "Je me disais qu'avec mon CV, j'allais vite trouver un boulot". Mais cette nouvelle aventure s'avère plus compliquée que prévu. "Je me suis demandée ce que j'allais faire. Alors je me suis mise à donner quelques cours". Et surtout, elle a voulu en savoir plus sur la programmation. "J'ai appris à coder par moi-même en suivant des MOOC [Massive Open Online Courses, des cours en ligne, ndlr]".

Et l'idée a germé. C'est en voyant l'allocution du président américain, Barack Obama, encourageant les jeunes à apprendre le code, que Laurence Bricteux s'est décidée à entreprendre ces ateliers. "Je ne pensais pas que les esprits étaient prêts, s'amuse-t-elle. J'en ai parlé à Christophe Gauthier [fondateur et dirigeant de Group'Union", ndlr] qui m'a dit «Bingo» et m'a mis à disposition son espace. J'avais la méthodologie en tête, puisque je m'étais formée seule. Alors je l'ai testée sur mon petit laboratoire personnelle : ma fille !"Elle rencontre par la suite Harry, un étudiant un peu geek sur les bords et passionné de code, et Néry, professionnel de l'accompagnement scolaire.

Des goûters aux apéros

Cette hyperactive ne compte pas en rester à un petit cercle d'initiés et étendre l'enseignement du code à un plus large public. Dès la rentrée, elle souhaite reprendre cette activité mais sous une nouvelle forme plus structurée. Les ateliers seront plus fréquents et pourraient être payants pour fidéliser les parents et assurer une progression auprès des enfants. Des "apéros du code" pour adultes cette fois, pourraient commencer d'ici quelques mois.

D'autre part, elle compte bien tirer profit du temps périscolaire mis en place dès septembre avec la réforme des rythmes scolaires. Elle a contacté à plusieurs reprises la Ville de Marseille, des sollicitations toujours restées sans suite. "On vient de me proposer de participer à la semaine européenne de l'enseignement du code. Tout le monde semble intéressé sauf les pouvoirs publics", lâche-t-elle dans un sourire.

Eh bien peut-être pas. Après une prise de parole de François Hollande en février dernier expliquant vouloir mettre en place "du codage dès le collège", Benoît Hamon déclarait dimanche dans le JDD vouloir instaurer des cours de programmation sur le temps périscolaire dès la rentrée prochaine. "L'élève doit connaître les principes des langages de programmation et être capable de réaliser des applications utilisant des algorithmes simples", précise le ministre de l'éducation nationale. On verra donc si Jean-Claude Gaudin lui emboîte le pas. 

Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter Laurence Bricteux au 04.91.90.64.28. ou à partir du site internet.

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Commentaires

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  1. ecbatane ecbatane

    dans les années 80 je crois il y avait le langage “Logo” une petite tortue qu’ on faisait avancer par de lignes de programme comme “AV10”
    puis on assemblait ces lignes pour en faire une commande et ces commandes pour en faire un programme et dessiner en carré une rosace etc….

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  2. JL41 JL41

    Il y a une trentaine d’années, lorsque la micro informatique est venue, on avait des programmeurs et des spécialistes de l’informatique classique qui s’offraient pour initier le profane et on se demandait pourquoi on n’apprenait pas aux enfants les rudiments de la programmation à l’école. D’un langage on passait au suivant, si bien que la formation devenait rapidement obsolète. Je me souviens d’un livreur de machines à laver qui avait été formé à un langage devenu rapidement caduc. Je me souviens aussi que les premières années de formation au turbo pascal de Borland étaient exclusivement assurées par le privé, tant les évolutions étaient rapides.
    Et voilà que la réforme des programmes arrive, maintenant qu’on n’a plus besoin de se demander comment fonctionne une machine, devenue extrêmement fiable, et que la programmation est une affaire de spécialistes. Dans la création de sites internet, on a maintenant, certes des programmeurs du web (avec le php qui permet à tout un chacun de mettre du texte et des images en ligne, qui se couleront ensuite dans la charte graphique du site), mais aussi des graphistes, des spécialistes de la communication et de la mise en page.
    Alors quelle initiation maintenant à l’école, en dehors des mordus de la programmation, rarement bons dans la création graphique et la mise en page ?
    Le manque n’est quand même pas là. Combien de cadres sont incapables de se servir d’un tableur et combien de rédacteurs ou de secrétaires n’exploiteront toute leur vie un traitement de texte qu’à 5 % de ses capacités (lorsque vous passez derrière, bonjour le temps perdu à corriger les défauts de mise en page) ? Les logiciels de comptabilité sont devenus très simples mais font encore peur, tandis que les logiciels de présentation ou de cartographie se sont beaucoup démocratisés. Il fût un temps où il fallait connaître quelques rudiments de basic pour adapter une imprimante ou un terminal plus spécialisé, maintenant il suffit de brancher le petit émetteur sur la prise USB, pour que le clavier, la souris et l’imprimante fonctionnent immédiatement et sans fil.
    Le déficit initiatique est plutôt du côté des logiciels de base et du paramétrage des nombreux terminaux disponibles. 95 % des utilisateurs d’un Iphone, ne savent pas exporter leur liste de numéros de téléphones pour y faire le ménage. Certaines initiations pourraient d’ailleurs être assurées par les élèves eux-mêmes, il y a toujours dans une classe des mordus incollables. Les enseignants pourraient d’ailleurs aussi bénéficier de leur savoir-faire.

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  3. JL41 JL41

    Ce bénévolat est une bonne chose pour initier à la programmation les enfants à qui cela plait. Certains ont cependant pensé à l’Education nationale que ce serait une chose utile que d’en faire à l’école. Un article du Figaro fait ressortir la circonspection avec laquelle il faut aborder cette question. Et encore, il ne s’agit là que du html, le langage de programmation qui permet de réaliser un site internet classique (le blog permet maintenant de l’éviter pour les sites personnels) : http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/07/22/31003-20140722ARTFIG00327-le-htlm-a-l-ecole-au-secours-moliere.php
    « En effet, le recours au HTML «nu» est réservé aux développeurs de sites internet – et encore, à ceux qui codent «à la main» leurs contenus, sans passer par des logiciels de création visuelle. Bref, aux vrais pros. Et encore: le HTML, dans l’internet moderne, n’est que l’équivalent du *Basic* des premiers ordinateurs d’antan. Il se conjugue à toute une palette d’outils de mise en forme ou de scriptage de plus en plus ésotériques, tels que les CSS (feuilles de style en cascade) ou le Javascript.
    « En somme, à qui profitera l’enseignement du HTML instauré par l’Éducation nationale (abstraction faite des profs et des «experts» nouvellement embauchés)? Peut-être à quelques geeks, qui de toute façon, le connaissent par cœur dès l’enfance et mieux que leurs enseignants. En revanche, à l’immense majoritaire des élèves non destinés à la chambre des machines de l’informatique, il ne servira à rien. »
    Pour ma part, je pencherais plutôt pour une sensibilisation précoce des enfants à la biologie et aux biotechnologies. Il y a hélas aussi du rattrapage à faire en français pour réparer un échec qui a fini par déborder du cadre de l’école.

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