Face aux "attaques" Jean-Claude Mailly appelle FO à "serrer les coudes, former les pack"

Face aux "attaques" Jean-Claude Mailly appelle FO à "serrer les coudes, former les pack"

On a bien compris, même si il ne manifestera pas le 11 octobre le secrétaire général de FO est toute entier tourné vers la lutte contre la crise et l’austérité qu’elle (on) nous impose. Mais Jean-Claude Mailly n’a-t-il aucune remarque sur le fonctionnement local, notamment des Territoriaux marseillais ? Et sur la chute de son secrétaire – le « vice-roi de Marseille » Elie-Claude Argy – au milieu des « pires attaques » qu’a connu FO selon le patron de l’union départementale Gérard Dossetto ? « On ne fonctionne pas comme cela, FO est une organisation très décentralisée. Je ne me mêle pas de ce qui se passe dans une fédération, une union départementale… »

Même pas sur la co-gestion à MPM et la mairie de Marseille, héritage de Defferre largement repris par ses successeurs et aujourd’hui contesté ? « Quand vous êtes la première organisation quelque part, par définition vous êtes le premier interlocuteur de l’employeur, quel qu’il soit. Quand il y a un problème à la SNCF, qui croyez vous que l’on appelle ? Pas nous, mais la CGT, car ils sont majoritaires. » Même quand ce « premier interlocuteur » est aussi, comme c’est encore le cas à la mairie, le seul ? « Ce n’est pas mon problème, on n’empêche personne d’exister chez les territoriaux. Moi j’aimerais bien que FO puisse se développer plus facilement sur le port de Marseille… », rétorque-t-il. Réponse de Roger Aymard (FSU SDU) : « on n’a pas de problème avec le syndicat majoritaire. On ne veut pas prendre sa place mais seulement que la moitié des agents soient pris en compte ! »

La carte et les territoriaux

D’ailleurs, pour Jean-Claude Mailly, « quand on est 1er cela veut dire que les salariés nous font confiance, que le syndicat fait son travail. Personne n’est obligé d’adhérer, de voter FO ». Et là ça se corse. Certes, on n’est plus en 1973, avec cette anecdote racontée par le syndicaliste Pierre Godard dans « Gouverner Marseille » : « On arrivait au guichet, on te donnais ta paye en liquide. Tu ressortais par un serpentin, il y avait un CRS avec une mitraillette et à côté le délégué FO. Et devant cent cinquante mecs, il te disait : « Tiens, ta carte, donne tant de francs. » Je lui dis : « Mais la carte de quoi ? » « La carte du syndicat. » « Quel syndicat ? » « FO ». »

Mais la carte du « syndicat » reste toujours un plus… Dans un désormais célèbre article du Monde de 2001, le maire du 4/5 Bruno Gilles avouait être « chargé par le premier adjoint (RPR), Renaud Muselier, de «gérer le quota d’emplois réservés au RPR»(…) Accusé par la CFDT d’avoir fait pression sur des employés qu’il avait favorisés pour qu’ils quittent ce syndicat, M. Gilles nie ce fait précis, mais ne cache pas qu’il « renvoie volontiers l’ascenseur à FO »« . En invitant les recrues à prendre leur carte ?

Autre exemple, très bien résumé dans Libération la semaine dernière : « En 2008, pour gérer sa bibliothèque municipale, Marseille attire un conservateur réputé, Gilles Eboli, président du syndicat des bibliothécaires de France. Deux ans plus tard, il repart écœuré : son nouvel organigramme a été retoqué à la demande de FO, qui préfère voir les siens accéder à la tête des bibliothèques ».

Très efficace solidarité

Non, organisation décentralisée ou pas, Mailly n’a vraiment rien à reprocher à ses camarades marseillais. « Si on peut aider quelqu’un non seulement sur les conditions de travail et le salaire mais aussi expliquer «voilà comment tu va remplir ton dossier pour un logement» moi j’appelle ça de la solidarité pas du clientélisme », explique-t-il sans rire. Les 37 000 habitants de Marseille Provence Métropole avec un dossier en attente seraient ravis de bénéficier de cette « solidarité », un peu plus efficace que quelques conseils.

Dans les écoutes téléphoniques des enquêteurs du Guérinigate, on voit Alexandre Guérini et la directrice de cabinet du président de 13 Habitat, l’office HLM du conseil général des Bouches-du-Rhône faire le point sur les demandes de logement appuyées en personne par Patrick Rué, qui semble de plus pour le moins difficile sur les offres proposées… Des écoutes qui montrent également qu’Alexandre Guérini traitait directement avec Argy et Rué pour des postes clés à MPM, et on passe sur la promotion express de madame Argy, toutes choses qui ont quelque peu contribué à la chute d’Argy, son adjoint s’en sortant lui pour l’instant.

Neutralité partielle

Pour justifier la non-participation de FO à la table ronde du même sur la propreté organisée par l’intersyndicale en présence de nombreux politiques et représentants associatifs, Gérard Dossetto se permet même cette contre-attaque : « Ca va apporter quoi ? Des critiques sur les salariés et éventuellement les usagers… Nous n’avons pas vocation à intervenir dans ce cadre, notre place n’est pas à côté des politiques. D’ailleurs, aux dernières municipales nous sommes les seuls à ne pas avoir appelé à voter pour quelqu’un ».

Roger Aymard ne préfère pas relever et « rentrer dans ce débat léger », mais le terrain est pourtant glissant pour FO, qui n’a pas toujours rechigné à donner un coup de main lorsque les circonstances l’exigeaient. Historiquement, il s’agissait d’aider à battre les communistes, ennemis farouches. En 1965, comme le raconte Gouverner Marseille, le leader de l’époque Michel Carrano s’activait contre la dissidence du socialiste Daniel Matalon, et pour l’élection de 1989, FO avait « choisi [son] favori » en la personne du maire Robert Vigouroux.

Cette partie du livre se termine par le constat que le suivant Jean-Claude Gaudin a repris le flambeau avec notamment sur ses listes l’ex-patron François Moscati et André Caméra secrétaire général du comité d’entreprise de la Caisse primaire d’assurance maladie. Liste non exhaustive où l’on pourrait par exemple ajouter l’adjointe à la mairie UMP du 4/
5 Josette Ventre, à qui avait succédé en 2003 Claude Argy. Et, selon Bakchich, Patrick Rué « avait beaucoup œuvré pour la réélection » de Gaudin en 2008.

« Le tsunami est en marche »

Mais, comme dit le n°1 national de FO, ne faut-il pas, « quand certains nous attaquent, serrer les coudes, former le pack ? » C’est aussi l’attitude prônée par son homologue départemental, qui livre par la-même un signe que la crise n’est pas aussi extérieur qu’il l’affirme : « Certains qui se promènent en disant qu’on ne va peut-être pas gagner les élections à cause de comportements – allez disons-le parce que c’est comme ça que c’est écrit dans les journaux – mafieux, devraient savoir que la première chose à faire c’est de respecter la discipline et l’unité syndicale ».

Interrogé à la sortie de la réunion sur la propreté, où il assistait, et où le rôle du « syndicat majoritaire » a également été évoqué, le conseiller communautaire UMP Lionel Royer-Perreault livrait cette sentence : « on est manifestement à la fin d’un système. Certains essayent de sauver les meubles, mais le tsunami est en marche. Et si l’on y prend pas garde il balayera aussi les politiques aux prochaines élections. »