Erreur de la mairie en votre faveur, touchez 17 000 euros

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le 26 Jan 2014
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Erreur de la mairie en votre faveur, touchez 17 000 euros
Erreur de la mairie en votre faveur, touchez 17 000 euros

Erreur de la mairie en votre faveur, touchez 17 000 euros

Vous avez parfois du mal à comprendre les subtilités administratives ? Parlez-en à la mairie et la communauté urbaine de Marseille… Si l'on en croit un arrêt rendu le 16 janvier par la cour administrative d'appel de Marseille , les deux collectivités ont quelques soucis pour appliquer une mesure qu'elles ont elles-même instaurée : la participation pour non réalisation d'aires de stationnement, votée en 2001 par le conseil municipal.

Comme son nom l'indique, cette somme de 17 700 euros [1] est réclamée en cas de construction ou de travaux ne respectant pas les obligations en terme de places de parking [2]. L'objectif est de constituer une cagnotte pour créer des parkings publics, d'où le nom qui lui est parfois donné de "taxe parking". Deux propriétaires du 7e arrondissement, qui avaient obtenu en 2003 et 2004 un permis de construire pour agrandir leur logement, ont réussi à en obtenir le remboursement.

Erreur de la mairie en votre faveur, vous touchez plus de 15 000 euros… "Dans le 7e, beaucoup de gens n'ont pas la possibilité technique de réaliser des places de stationnement. Moi, sur la colline de Notre-Dame de la Garde, j'ai 18 marches avant ma porte… L'alternative, c'est de prendre une place dans un parking, mais il n'y en a pas dans le 7e. Il faut donc forcément verser la participation, même pour des petits travaux d'agrandissement", témoigne l'un des "gagnants", fonctionnaire territorial.

Compte commun

Cette qualité ne l'aura pas desservi, tant l'affaire est liée aux (dys)fonctionnements de l'organisation des collectivités. La justice s'appuie en effet sur un bug dans la répartition des compétences : comme c'est à Marseille Provence métropole de faire des parkings, c'est à elle de remplir la cagnotte. Or, c'est la mairie qui a présenté la facture à nos deux propriétaires. Pour ensuite reverser l'argent à MPM, plusieurs années après… Simplicité quand tu nous tiens.

Potentiellement, tous les contribuables qui ont reçu la note avec le blason municipal sont donc concernés. À MPM, on assure que "tout est clair aujourd'hui". Autrement dit, c'est désormais MPM qui ponctionne la participation "à partir des permis de construire transmis par la ville". Ça n'est pas beaucoup plus simple, mais au moins cela ne risque pas de mener à une condamnation. Difficile de situer la date de la rectification, mais le bug court au moins sur sept ans, à raison de plusieurs centaines de milliers d'euros par an…

Pour plusieurs observateurs, l'explication serait politico-historique. Sous la présidence de Jean-Claude Gaudin, de 2001 à 2008, la mairie et MPM "c'était la même chose". Outre la personne unique du maire-président, la création des services de MPM ne s'est faite que progressivement. Les fonctionnaires municipaux sont donc restés longtemps la référence sur des dossiers gérés par la nouvelle collectivité, notamment l'urbanisme.

D'ailleurs, si la taxe a été instaurée en 2001, ce n'est qu'en 2006 qu'elle a commencé à transférer l'argent. On pourrait dire que les parkings pouvaient attendre. Ou plutôt que les caisses de la mairie et de MPM "c'était la même chose"… Quoi qu'il en soit, "tout a été régularisé, nous assure-t-on à MPM. Et de toute façon quand on construit un parking, le coût est tel que ça englobe largement plusieurs années de cette taxe".

Attention toutefois à ne pas trop tarder, car la loi est claire :

La participation peut être réclamée "si, dans le délai de cinq ans à compter du paiement, la commune ou l'établissement public compétent n'a pas affecté le montant de la participation à la réalisation d'un parc public de stationnement".

C'est d'ailleurs à l'origine pour cette raison que le tribunal administratif de Marseille avait – par deux fois en 2012 et 2013 – donné raison aux propriétaires du 7e. Dans un des deux cas, MPM assurait même "jusqu'à preuve du contraire" ne pas avoir reçu l'argent. Cet argument pourrait donner des idées à d'autres bâtisseurs…

[1] Le montant de cette participation est actualisée automatiquement chaque année. Au moment de sa création à Marseille, elle était de 12 195,92 euros. Retour.

[2] Elle sert en fait de dérogation lorsqu'il est impossible de créer des places ou de prendre un abonnement dans un parking à proximité. Le nombre, fixé par le plan local d'urbanisme (article 12 du réglement de chaque secteur), dépend de la nature et de la taille des travaux prévus.Retour.

Le premier jugement

Le deuxième, inspiré du premier

Le passage en appel qui élargit le bug

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Commentaires

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  1. habitante du 7ème habitante du 7ème

    Si je comprends bien, dans la ville la plus embouteillée de France où le stationnement anarchique est la règle faute de places, on peut impunément construire des logements sans parking à condition de payer un bakchich à MPM? Je trouve ça scandaleux. C’est vrai que certains endroits sont inaccessibles en voiture particulièrement à Vauban mais ce lieu de vie est un choix qui a des avantages (beau quartier, calme vert…) Il faut donc en subir aussi les inconvénients. Je suppose que ces personnes qui ont obtenu gain de cause ont aussi des voitures et comme ils ne peuvent la garer devant chez eux, elle est forcément un peu plus loin, chez leurs voisins qui eux aussi ont besoin de place… c’est le serpent qui se mord la queue. Qu’il y ait eu un dysfonctionnement des services ne leur donne pas raison sur le fond.

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  2. toine toine

    Encore une preuve supplémentaire du laxisme et de la gestion catastrophique de papy Gaudin et son équipe de branquignols…
    Les marseillais doivent se réveiller!!!

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  3. RORO RORO

    La gestion du territoire n’est pas le point fort de Marseille, il y a beaucoup de choses fabuleuses mais malheureusement trop de loupés qui font penser à du mépris. Il faut aussi que penser à tout dans une ville aussi diversifiée doit être d’un complexe sans nom.

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  4. Marseil Marseil

    Encore une illustration de l’ineptie de notre millefeuille administratif. Non seulement, nous entretenons des quantités de fonctionnaires territoriaux dont les rôles doublonnent, mais la multiplication des structures entraine une inefficacité désespérante de tout le système.

    Solution :
    . suppression de la commune au profit de l’intercommunalité (communauté de communes, communauté d’agglo, communauté urbaine, métropole),
    . suppression du département au profit de la région

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  5. Anonyme Anonyme

    Prix d’un box place du 4 septembre : 25.000 euros (sans compter les charges et les impôts). Prix pour le petit malin qui agrandit sa villa dans le 7ème et continue à se garer dans la rue gratos : 17.700 euros pour solde de tout compte, et remboursés avec l’argent du contribuable en plus.. Dans cette ville on marche sur la tête.

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  6. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Et le développement des aménagements cyclables, est-ce le rôle de la ville ou celui de MPM ? Apparemment, personne n’en sait rien : le Club des villes et territoires cyclables a réalisé en 2013 une enquête sur les politiques en faveur du vélo dans 71 villes et intercommunalités. A Marseille, personne n’a cru bon de répondre au questionnaire (http://transports.blog.lemonde.fr/2014/02/04/velo-radiographie-dun-retard-francais/#xtor=RSS-32280322) !

    Voilà qui devrait ravir le collectif vélos en ville ou celui des cyclistes enragé-e-s.

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  7. leravidemilo leravidemilo

    Arrêter de vous plaindre et de râler ,sur qui doit faire ou ne pas faire,qui encaisse,qui reverse et qui indemnise… Dans peu de temps avec THE BIG METROPOLE voulue,votée,espérée,attendue…par Gaudin etCaselli,le mille feuille sera écrasé en bouillie,la transparence établie,la démocratie en acte et notre argent public,trés bien géré!

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  8. Christophe BUFFET Christophe BUFFET

    Félicitations pour cet article bien complété par les jugement et l’arrêt joint.

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