Enquête préliminaire ouverte sur les conditions d’hébergement des salariés de Terra Fecundis

Info Marsactu
le 10 Fév 2021
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Le parquet de Tarascon a ouvert une enquête préliminaire concernant les conditions d'hébergement des travailleurs détachés dans des exploitations agricoles du pays d'Arles. Ces conditions d'accueil indignes avaient été mis au jour cet été lors de contrôles sanitaires qui avaient permis la découverte de clusters.

Des saisonniers agricoles confinés au Mas de la Trésorière en Camargue au printemps 2020. Photo : DR
Des saisonniers agricoles confinés au Mas de la Trésorière en Camargue au printemps 2020. Photo : DR

Des saisonniers agricoles confinés au Mas de la Trésorière en Camargue au printemps 2020. Photo : DR

La crise du Covid avait agi comme un révélateur de l’indignité des conditions d’accueil des travailleurs détachés mis à disposition d’exploitations agricoles par Terra Fecundis. Désormais, selon nos informations, cette société d’intérim et plusieurs lieux d’accueil font l’objet d’une enquête préliminaire diligentée par le parquet de Tarascon.

C’est ce qu’a confirmé à Marsactu, le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau. “Une enquête préliminaire a été ouverte suite aux procès-verbaux établis par la préfecture dans le cadre des contrôles Covid, cet été. Mais également suite à des signalements au titre de l’article 40, de la part de la préfecture et des services de l’État. Ces contrôles avaient notamment mis au jour des conditions d’hébergement indignes.”

Au début de l’été 2020, des premiers cas de Covid-19 parmi des travailleurs agricoles étrangers avaient attiré l’attention sur les lieux où ils sont hébergés pendant la saison. Insalubrité, promiscuité, des journées de 14 heures de travail sous une chaleur écrasante parfois sans eau potable sur place… Ces travailleurs originaires d’Afrique et d’Amérique du Sud ont vécu dans des conditions déplorables parfois pendant plusieurs mois.

Dès le mois de mai, des arrêtés de fermetures entières ou partielles de trois lieux d’hébergement sont signés par la préfecture des Bouches-du-Rhône. Étaient visés le Mas du Cast, situé à Maillane, le Mas de la Trésorière à Arles, tous deux appartenant au même propriétaire, Didier Cornille, et l’EARL Racamier à Saint Martin de Crau, appartenant à Patrick Racamier.

Pierre Dartout, préfet des Bouches-du-Rhône de l’époque, nous confirmait en juillet 2020 que ses services allaient lancer des procédures pénales contre ces différents lieux.

Traite d’êtres humains et soumission de personnes vulnérables

Plus de six mois plus tard, les annonces de Pierre Dartout semblent avoir été suivies d’effets. Toujours selon nos informations, après ces contrôles durant l’été 2020, la Direccte des Bouches-du-Rhône a donc saisi le parquet pour des faits présumés de “traite d’êtres humains commise en échange d’une rémunération ou d’un avantage” mais également de “soumission, par personne morale, de plusieurs personnes vulnérables ou dépendantes à des conditions d’hébergement indigne” et enfin de non-déclaration de l’affectation d’un local à l’hébergement collectif”.

Cette enquête viserait notamment la société Terra Fecundis mais aussi deux lieux d’hébergement : le mas de la Trésorière, situé sur la commune d’Arles et le camping du Pilon d’Agel, situé à Noves.

Durant l’été, Marsactu avait pu visiter un de ces lieux d’hébergement, censé être fermé par arrêté et ses occupants évacués. Il était, de fait, toujours ouvert dans des conditions d’insalubrité manifeste. En juillet, ils étaient encore 25 travailleurs originaires d’Afrique de l’Ouest à loger dans au mas de la Trésorière, isolés, avec un accès à une eau que plusieurs d’entre eux jugeaient impropre à la consommation. La journée, ils continuaient à travailler dans des exploitations agricoles de fruits et légumes de la Plaine de la Crau. Pourtant, le propriétaire des lieux, Didier Cornille, ainsi que l’entreprise locataire Terra Fecundis, avaient été sommés de reloger les ouvriers agricoles dans un délai de deux jours et le lieu aurait dû être fermé quatre jours après la publication de l’arrêté.

Une situation du même type avait été constaté par les journalistes de Marsactu en août dans deux autres lieux d’accueil de travailleurs détachés, au mas du Cast et à l’EARL Racamier. Ces derniers lieux ne sont pas, selon nos informations, visés par l’enquête. Contactée par Marsactu, la préfecture n’a pas souhaité commenter ces procédures affirmant qu’il s’agissait d’une affaire en cours.

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Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Connaîtra-t-on les exploitants ayant recours à ce système ?

    On nous dit d’acheter local. C’est plus cher, et si c’est pour ça…
    Au final l’agriculture française a le même goût de pesticides et d’exploitation que les autres.

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  2. jemamo13 jemamo13

    Qui aura le courage d’arrêter ce modèle agricole qui épuise les sols la nature et les hommes ? Riziculteur condamné pour usage illégal de pesticide, pratique de négrier pour la main-d’œuvre. Utilisation massive de produit chimique, culture en serre chauffée comme en Espagne. Gachis massif de fruits et légumes … Brulage de déchets verts ;Il suffit de faire un tour dans la plaine de la Crau pour constater ces pratiques, pendant ce temps les élus regardent la mer…

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  3. jasmin jasmin

    Merci pour cet article. J’avoue que je regarderai différemment les injonctions du manger local, en pensant aux souffrances des étrangers exploités et parqués comme des animaux soumis au COVID, à la soif, au choléra. Est ce que c’est pareil dans les “potagers de France, en Maine et Loire ou en Bretagne? Au lieu de sanctionner ces gens une fois qu’ils ont commis des crimes, il n’y a pas un système de “controle continu” par ex des vols de drones au dessus des exploitations pour contrôler l’état des lieux? On ne peut pas concentrer les effectifs de contrôle auprès des un ou deux sociétés d’intérim agricole qui font venir les étrangers? Est ce qu’ils exploitent de la même manière les saisonniers français s’ils arrivent à en trouver au prix où ils doivent les payer? si on a un moyen de boycotter Racamier et son equivalent, je le ferai. Mais pour ça, il faut savoir où aboutissent leurs produits. Je parie qu’ils sont absolument partout, et qu’on est bien content de payer moins cher et entretenir la misère de ces gens. Comment voulez vous qu’on arrive à croire à quoi que ce soit, le manger local, le bio, etc. avec ce genre de pratique?

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  4. McNulty McNulty

    24 ans après Les Sables Mouvants de Paul Carpita… Rien n’a changé !!!

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