En visite à Marseille, Élisabeth Borne fait de Renaud Muselier sa petite main verte
À la recherche de relais territoriaux pour décliner sa "planification écologique", la Première ministre a accepté la candidature de Provence-Alpes-Côte d'Azur comme "région pilote". Une "expérimentation" dont les contours seront détaillés dans les mois à venir.
Avec Renaud Muselier, Élisabeth Borne signe la première "expérimentation" promise pour les régions.
“Nos vies seront écologiques ou ne seront pas. C’est le combat du siècle”, avait lancé Emmanuel Macron au Pharo, lors de son grand meeting d’entre-deux-tours. Sept mois plus tard, la Première ministre est officiellement chargée, comme il s’y était alors engagé, de la planification écologique. Moins lyrique que le président-candidat, Élisabeth Borne entonne ce même thème, non sans souligner l’unité de lieu : ce combat “sera local ou ne sera pas”. Ce lundi, au Pharo, elle est venue sceller ce principe par la signature d’un “protocole d’expérimentation” qui fait de Provence-Alpes-Côte d’Azur une “région pilote” de ce grand chantier du quinquennat. “Laboratoire idéal de la planification écologique”, elle en sera “le fer de lance”.
Cette primeur enviable était briguée par Renaud Muselier depuis des mois. Pour inaugurer ce nouveau statut, sa collectivité avait installé lundi un cadre au diapason, via la convention annuelle des maires de la région, consacrée à ce thème : intervention de la climatologue reconnue Valérie Masson-Delmotte, signature d’un “manifeste” par les associations d’élus locaux… À une semaine du traditionnel salon des maires de France, cet accord teinté de décentralisation fournit à Élisabeth Borne une répétition devant un amphithéâtre plein d’édiles locaux, juste avant un passage un peu plus tendu à la mairie de Marseille.
Relais du gouvernement
“Élu du bas” revendiqué, après avoir été député à de multiples reprises et secrétaire d’État, le président (divers droite) du conseil régional reprend un terme de logistique pour assumer ce rôle de “dernier kilomètre de l’action publique”. Et assume son pas de deux avec le gouvernement, lui qui a quitté Les Républicains après avoir bénéficié du soutien de la majorité présidentielle pour sa réélection. “Vous ne pouvez rien faire sans nous ! Et nous, on ne peut rien faire sans vous. Même lorsqu’il était de gauche, j’ai toujours essayé de travailler avec le Gouvernement. J’essaie de trouver les formules pour notre territoire”, justifie-t-il. Seul président de région invité à accompagner Emmanuel Macron à la COP 27 en Égypte, il ne tarit pas d’éloges sur Élisabeth Borne, qui a déminé les deux dossiers de la ligne nouvelle Paca et du financement de l’apprentissage depuis les ministères qu’elle a occupés depuis 2017.
Pour 2023, la région prévoit de mettre en place un “budget vert”, où chaque dépense est évaluée selon son impact environnemental.
Alors que certains de ses homologues ont choisi l’insertion, la réindustrialisation ou l’agriculture pour saisir l’opportunité d’une “expérimentation” ouverte par le Gouvernement, l’élu marseillais creuse son sillon vert de la “Cop d’avance”, lancée en 2017. S’il n’a pas atteint les objectifs ambitieux qu’il se fixait, ce plan climat s’est traduit par une montée en puissance de la prise en compte cette problématique dans les différents budgets de la région. Pour 2023, l’objectif est d’achever ce travail d’étiquetage en adoptant officiellement un “budget vert”, où chaque dépense est évaluée selon son impact environnemental.
Huit axes à affiner
Sur le papier, le protocole pose huit axes prioritaires : décarbonation de l’industrie, production d’énergies renouvelables, sobriété foncière, rénovation des bâtiments, mobilités décarbonées, préservation de la ressource en eau, protection des forêts et réduction de la pollution liée aux activités portuaires. Le document entre encore peu dans le concret, avec deux paragraphes maximum par thème. Sur le premier, il rappelle que “la zone industrielle de Fos-sur-Mer représente à elle seule 20 % des émissions industrielles nationales“, avec l’“ambition de diviser par deux ces émissions à horizon 10 ans“. Côté énergies renouvelables, c’est le projet de parc d’éoliennes flottantes qui fait office de zoom. D’autres volets, et non des moindres, sont même réduits aux affaires courantes. Sur la mobilité, ce sont les négociations autour du volet spécifique du contrat de plan État-région qui donneront du corps au partenariat.
Avec ces quelques pages, il ne s’agit pour l’heure que de “poser les bases de cette démarche pionnière qui aboutira d’ici avril prochain à un programme commun d’actions”. C’est à ce moment que l’on pourra juger la méthode Borne, ce plan “France nation verte” qui doit être déployé “pour chaque secteur et chaque territoire. Nous allons fixer des objectifs et établir un plan d’action avec des jalons et des moyens.”
Financement pas évident
Sur ce volet financier, il est encore difficile de démêler de quel bonus bénéficiera la région pour ouvrir la voie. Si on le prend à la lettre, rien de tel n’est prévu dans le protocole : “Cette démarche s’appuiera naturellement sur l’ensemble des financements européens, nationaux et régionaux disponibles, ainsi que sur le Fonds vert d’accélération de la transition écologique dans les territoires”, doté de deux milliards au niveau national. L’appel du pied lancé à la tribune par la présidente de la métropole Martine Vassal pour un coup de pouce de l’État sur les zones à faibles émissions mobilités est resté sans suite. Mais dans une vidéo diffusée dans l’auditorium, le secrétaire général pour l’investissement, en charge du “très sélectif” plan à 53 milliards “France 2030” laisse entendre que les projets du territoire bénéficieraient d’un examen plus favorable.
Venu écouter les discours, comme de nombreux parlementaires, le sénateur Europe écologie-Les Verts Guy Benarroche en ressort interloqué. “Si on les écoute, ils sont écologistes depuis toujours et plus écologistes que nous. C’est à se demander comment on en est arrivés là”, grince-t-il. C’est toute la limite du diagnostic de Renaud Muselier qui fait souvent de cet exercice médical une méthode politique.
La région est surtout en pointe dans son exposition aux risques climatiques.
Aux “amis parisiens” venus dans le sillage de la Première ministre, Renaud Muselier dresse un portrait hagiographique de ce “petit pays de cinq millions d’habitants, un territoire de la taille de la Belgique, avec un produit intérieur brut proche de la Nouvelle-Zélande”, avec ses “marques mondes”, ses industries de pointe et sa tentative de maîtriser la fusion nucléaire. Au fil des interventions de la matinée, c’est surtout pour son exposition multiple aux risques liés au changement climatique, des incendies jusqu’au développement de maladies tropicales comme la dengue, que la région-laboratoire paraît particulièrement propice. Mais jamais n’est mentionné un enjeu majeur pour relever le défi d’une transition qui ne laisserait personne de côté : un taux de pauvreté de 17 %, le troisième de France métropolitaine.
Commentaires
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Muselier ne m’a jamais semblé bien crédible dans sa période Gaudin .Amer et vélléitaire par loyauté ou par faiblesse, il n’a pas osé forcer la main de son patron et prendre le pouvoir.
J’avais bien apprécié son mot d’ humour sur son action de secrétaire d Etat auprès du flamboyant ministre des Affaires Etrangères: “il fait tout ,et je fais le reste”.
Je dois reconnaitre que sa présidence de Région révèle des qualités insoupconnees à définir une stratégie et la mettre en oeuvre.
Finalement, de l ex bande à Gaudin, il est peut- être le seul recyclable utilement
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oui, c’est quasi certain, il est facilement recyclable ! il l’a d’ailleurs maintes fois prouvé. changeant de parti et d’opinion comme de chemise.
quant à sa recherche : “J’essaie de trouver les formules pour notre territoire”… on attend toujours, non ?
c’était plus clair pour lui à l’ile maurice.
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De plus il est de sang royal, cousin de feu le roi d’Albanie Zog 1°.
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Ils ont signé un accord pour une expérimentation dont les contours ne sont pas encore définis précisément et qui ne disposera d’aucun budget spécifique… OK, pourquoi pas ?
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Le parfait résumé de la transition écologique de ce gouvernement
De la com, de la com, …..
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La politique de l’esbrouffe. Pendant ce temps il augmente de 8 % les tarifs TER en janvier prochain et supprime la carte de réduction ZOU.
Le circuit polluant de F1 du Castellet est chèrement financé par la région PACA à une société basée à l’île Maurice.
En attendant les JO d’hiver dans les Alpes avec de la neige carbonique…
Une com’ d’avance.
Tiens la ministre de la transition écologique n’est pas sur la photo. Etonnant non ?
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Par contre le gouvernement pratique le recyclage
https://www.laprovence.com/actu/en-direct/6968233/grand-port-maritime-de-marseille-christophe-castaner-et-stephane-richard-nommes-membres-du-conseil-de-sur
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Les intentions sont bonnes. Les actes et les résultats seront ils à la hauteur ? Il y a peu, je me suis promené sur les hauteurs d’Aubagne, quartier Espilliere. Là, la Métropole vient d’aménager une piste Dfci. J’ai été stupéfait par la nature du revêtement d’une bonne partie de la piste. De la terre mélangée à des copeaux de plastique, sans doute prélevée dans une décharge d’ordure. Voilà à quel niveau se situe la sensibilité de nos élus en matière de respect de notre environnement.
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Je doute que les intentions soient si bonnes. Par exemple pour le sujet portuaire ou il y a les méga-croisières, activité sans vrai utilité, la proposition est juste de réduire les nuisances de pollution pour les riverais en essayant a faire brancher les bateaux a quai, pas de réduire l’activité ni la pollution quand ils arrivent et repartent. Peu d’ambition sur le problème écologique des méga paquebots ou la concurrence pour l’électricité.
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Un petit voyage en Égypte all-include ça vous change un homme
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Et les pouvoirs publics qui se battent pour subventionner l’entretien des mégayachts https://www.entreprendre.fr/chantier-naval-la-ciotat/
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