En difficulté, La Provence taille dans sa hiérarchie et supprime 18 postes

Actualité
le 23 Oct 2020
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Le quotidien doit à la fois faire face à la crise économique et au placement en liquidation judiciaire du principal actionnaire du groupe La Provence, Bernard Tapie. La direction a fait part de ses plans aux représentants du personnel ce jeudi.

Le siège de La Provence, dans le 15e arrondissement.
Le siège de La Provence, dans le 15e arrondissement.

Le siège de La Provence, dans le 15e arrondissement.

Depuis des semaines, l’ambiance est moribonde au sein du groupe La Provence. Le télétravail en demi-groupe qui désorganise en partie les équipes et les difficultés en terme de rentrées publicitaires, d’organisation d’événements comme de ventes pèsent sur le moral des salariés et sur l’économie de l’entreprise. La direction prévoit à ce stade 4,5 millions d’euros de déficit en 2020, comme l’avait déjà relevé le média spécialisé la Lettre A, dans un contexte où le chiffre d’affaires baisse depuis plusieurs années déjà. Qui plus est, l’actionnaire principal, le groupe Bernard Tapie, est depuis le 1er mai en liquidation judiciaire – malgré une procédure en appel – et beaucoup se demandent si le titre pourrait bientôt changer de mains.

Alors qu’il s’était un temps positionné en repreneur de son concurrent, La Marseillaise, plus gravement atteint par les conséquences de la crise sanitaire avec une liquidation judiciaire, le quotidien régional va au contraire réduire la voilure. Dans l’air depuis plusieurs semaines, des suppressions de postes ont, selon nos informations, été confirmées ce jeudi 22 octobre au cours d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire. Les dirigeants de la société y ont exposé un plan de suppressions de postes parmi les près de 500 salariés du groupe. Fait marquant, c’est au sein de la hiérarchie du journal que la coupe est la plus grosse. Le départ de quatre rédacteurs en chef, qui ont de 10 à 35 ans d’ancienneté au journal, est programmé par le biais de licenciements économiques.

Selon les éléments que nous avons pu recueillir, 14 autres suppressions de postes vont avoir lieu, cette fois sous la forme de départs volontaires. La régie publicitaire, Eurosud, est lourdement impactée avec neuf suppressions de postes, soit 10 % de l’effectif. Les cinq autres concernent directement La Provence, sur des postes administratifs. Sollicité, le directeur des rédactions, Guilhem Ricavy, n’a pas donné suite.

Restructuration de l’imprimerie en cours

D’autres restructurations sont en cours au sein du journal avec le projet d’un centre d’impression commun avec Nice-matin et Var-matin, comme le rapportait l’AFP en juillet. Xavier Niel et sa holding NJJ, propriétaire de Nice-matin et Var-matin et actionnaire minoritaire de La Provence, est à l’initiative de ce projet. Ce centre, qui pourrait s’installer au Luc dans le Var, s’inscrit dans le “plan filière” proposé par le gouvernement. Il n’y aurait donc plus d’imprimerie au siège de La Provence, avenue Roger-Salengro.

Le 27 août, le ministère de la Culture et de la communication s’est engagé à un soutien au secteur de la presse, qui comprend notamment un “fonds de transformation des imprimeries de la presse régionale doté de 18 millions d’euros par an”. Dans ce cadre, certains postes devraient être supprimés : le plan prévoit un accompagnement accru des ouvriers du livre sur le départ. Fred Bertaina, secrétaire de la CSTN-CGT de Nice-matin, cité dans un communiqué de son syndicat, déclarait en janvier : “Les directions se focalisent sur le plan filière en nous disant que les gens partiront dans de bonnes conditions. Mais ça ne nous suffit pas. On veut préparer l’avenir pour la jeune génération.” Le dialogue est aujourd’hui rompu entre la direction et le syndicat Filpac-CGT.

(avec Julien Vinzent)

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Cela est désolant pour les salariés, mais rien d’étonnant vu le positionnement rédactionnel et son niveau qualitatif. Les nouvelles traitées : l’OM, les anciens combattants, une ligne politique outrancière au profit de Vassal, des dossiers thématiques non travaillés, des “unes” totalement à côté de la plaque, des nouvelles toujours en retard ou non traitées ( heureusement Marsactu est là) et un journal une fois dépouillé de la publicité, des avis légaux, des petites annonces est plus que léger. Sans parler de la flatterie quotidienne des lecteurs, Marseille capitale de tout et n’importe quoi, les marseillais sont formidables. Autre aspect, la comparaison avec les autres grands quotidiens régionaux, elle est terrible au détriment de la Provence.
    Erreur stratégique, rédactionnel inadapté aux lecteurs potentiels ou bien une rédaction totalement inadapté, un peu de tout à la fois,mais ce qui est sûr avoir un FOG à la tête de ce journal n’aide pas, remarquez Maserole n’était pas mieux.
    Un journal n’est pas un EPAHD.

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    • Jacques89 Jacques89

      Tout à fait d’accord! Une vision de la Provence depuis les contreforts du Luberon… loin des réalités et des journalistes généralistes qui survolent l’évènement sans jamais aller au fond des choses.

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  2. Alceste. Alceste.

    Inadaptée. Désolé

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    • julijo julijo

      avec ou sans “e” c’est tout à fait ça : inadapté-e !!
      du regret pour les salariés, certes, mais il semble que ce soit parmi “la hiérarchie” que les départs seront les plus nombreux… peut être parmi ceux qui ont donc fait les choix éditoriaux ?
      quelquefois croisés lors de manifestations associatives, certains journalistes semblaient largement déconnectés. Jusqu’à avouer que leur article sur le sujet devait rester neutre… tellement qu’aucun article ne paraissait !
      Alors bien sûr avec fog et mazerolles…….comment imaginer un instant, les connaissant, que cela pouvait s’améliorer !!
      Par ailleurs, en ce qui concerne nice-matin, pas franchement super non plus…la PQR dans notre région a sérieusement besoin d’une remise à plat.

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  3. 236 236

    Pas grave.
    Oui, c’est regrettable pour les salariés.
    Si l’imprimerie est délocalisée, cela permettra d’éviter les stationnements anarchiques à l’entrée du parking de La Provence , comme se plaignait cette dernière à plusieurs reprises dans ses colonnes, et peut-être que La Métropole reconsidèrera une procédure d”expropriation complètement hors des clous, à proximité.

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    • 236 236

      “… d’éviter les plaintes pour stationnements anarchiques…,” désolé, l’émotion.

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  4. Sentenzza Sentenzza

    Tres regrettable pour les salariés qui perdent leurs emplois, mais qui veut acheter un journal qui ne traite aucun sujet fond,un journal aux ordres qui évite les sujets polémiques pour ne pas perdre les subventions déguisées en publicité,honnêtement ce n est pas une surprise, quand vous prenez un journal gratuit dans les métros il n y a pas de grande différence .Journal inintéressant !

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    • Pascal L Pascal L

      Peut être parce que les proprios sont tous de la même étoffe : des affairistes qui ont investi énormément pour faire un lobbying qui certainement rapporte encore plus car ce ne sont pas des philanthropes.

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  5. Pierre Pierre

    Le miracle, c’est que ce journal soit encore acheté !
    Les supporters de l’OM ?
    Les fans de Jean-Claude ?
    Dur à dire …

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  6. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Il y a certainement place pour une PQR de qualité convenable dans cette région, à condition qu’elle s’adresse à des adultes. On en est assez loin actuellement. Les édito bassement flatteurs de FOG, qui croit utile de caricaturer le peu qu’il sait de Marseille et des Marseillais, sont devenus la triste signature de ce qui reste de ce quotidien.

    Il y a pourtant dans d’autres régions quelques exemples dont on pourrait s’inspirer. Mais cela demande sans doute un peu de courage devant les pouvoirs féodaux locaux, qui aiment surtout les journalistes qui ne font pas de journalisme mais se contentent de relayer leur com.

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  7. Alceste. Alceste.

    La Provence n’est qu’une revue municipale bis de la maire gaudinocroquignolesque
    La Marseillaise n’est plus que la revue syndicale de la CGT et des restes du PC
    Heureusement nous avons Marsactu.fr
    Malgré tous vos défauts, restez comme vous êtes.
    Malheureusement la presse audiovisuelle est dans le même état. France bleu, entre les recettes de la ratatouille de Josette de Fuveau, la météo et les embouteillages marseillais avec le correspondant de Septemes nous sommes servis. France 3 équipée de journalistes politiques qui on se demande si ils ne sont pas les cousins ou les neveux des politiques reçus. Enfin ils sont en famille.
    Marsactu malgré vos défauts, car nul n’est parfait, restez comme vous êtes.

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  8. jasmin jasmin

    Finalement, même si ça ne sert à rien qu’on braille, le fait qu’on puisse se défouler sur Marsactu fait toute la difference. L’avenir immédiat, comme dans les réseaux sociaux, c’est de pouvoir réagir aux événements, si possible aller au delà du “like”… Le vrai avenir, ça serait que les commentaires des citoyens soient communiqués avec les protagonistes qui sont souvent les élus. Ca, ca serait du vrai journalisme démocratique et citoyen qui joue un role influent de coordination dans la cité. Vous pourriez inviter des élus à des rencontres genre café du coin, à un rythme mensuel avec des lecteurs de Marsactu et un journaliste. Ca serait formidable.

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