En difficultés économiques, La Marseillaise perd son prix Albert-Londres

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le 21 Juil 2014
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En difficultés économiques, La Marseillaise perd son prix Albert-Londres
En difficultés économiques, La Marseillaise perd son prix Albert-Londres

En difficultés économiques, La Marseillaise perd son prix Albert-Londres

Prix Varenne en 2012, prix Albert-Londres en 2014, le journaliste de La Marseillaise, Philippe Pujol, prépare ses cartons. Le quotidien, en difficultés économiques, licencie son fait-diversier spécialisé dans les réseaux de trafic de drogue, de même qu'un de ses collègues des sports. L'intéressé ne cache pas qu'il envisageait un départ à moyen-terme et n'est "pas trop inquiet. Pour l'instant je n'ai pas de problème à trouver des piges". Entre autres projets, il met la dernière main au livre French Deconnection, dont la sortie est prévue en novembre et qui reprend et enrichit Quartiers shit, sa série de dix articles primée cette année.

L'épisode est diversement apprécié à la rédaction qui vit "dans un climat toujours tendu et difficile", commente Jean-Marie Dinh, délégué SNJ-CGT.Certains y voient la poursuite d'une démarche personnelle, d'autres le symbole d'un quotidien qui s'écroule. Mais le départ de Philippe Pujol n'a pas suscité de réaction collective. "Pour ce qui concerne la position de notre syndicat, c'est ressenti comme une perte significative révélatrice d'un mode de fonctionnement où on ne cesse de dire qu'il y a de la valeur et on ne cherche jamais à l'optimiser". Il n'est pas le premier journaliste maison à être récompensé, le dernier en date étant David Coquille avec le prix Varenne en 2007. "C'est éclairant dans le cas de Philippe Pujol car il y a le prix Albert-Londres, mais ce n'est pas le seul journaliste à partir car on ne lui permettait pas de s'épanouir", poursuit Dinh.

Avant son licenciement, il y a surtout eu de nombreuses ruptures conventionnelles[1], encouragées par la direction. On s'approche aujourd'hui des quarante départs évoqués début 2013 dans nos colonnes par le PDG, Jean-Louis Bousquet. Dont les trois-quarts de journalistes. La rédaction locale de Marseille est ainsi réduite à une dizaine de rédacteurs. "Un miracle quotidien", pour Philippe Pujol, qui regrette autant qu'il comprend "un état d'esprit qui consiste, et j'en étais, à sauver les meubles".

Coupes chez les annonceurs publics

Fin juin, le SNJ-CGT a lancé un "appel solennel" à la direction pour "exiger la mise en place au plus vite d'un plan de développement du journal". Pour Jean-Marie Dinh, "le modèle actuel, basé sur la publicité dont une grande part d'institutions, n'est plus valide". La baisse passée et future des dotations de l'État aux collectivités locales y contribue. L'exemple des annonces légales – une des recettes importantes des journaux – passées par la communauté urbaine de Marseille l'a illustré récemment. Dans son budget supplémentaire voté ce mois-ci, l'institution a décidé de se limiter aux annonces obligatoires, soit 300 000 euros de coupes en 2014.

À cela s'ajoute l'incertitude des alternances politiques, comme à Aubagne où le parti communiste, qui entretient des liens historiques toujours vivaces avec le titre, a perdu la mairie au profit de l'UMP. "Le changement de municipalité, c'est clairement une coupe dans le budget. Aujourd'hui c'est Aubagne, demain ça peut être d'autres villes ou d'autres collectivités", s'inquiète le syndicaliste. En décembre 2015, les élections régionales pourraient voir reculer la gauche aujourd'hui aux manettes en Provence-Alpes-Côte d'Azur comme dans le Languedoc-Roussillon et par ricochet impacter le groupe de de presse qui comprend aussi l'Hérault du jour.

On s'attend à ce que dans six mois ou un an, on nous dise « on a perdu tel annonceur qui représente tel pourcentage du chiffre d'affaires et donc il faut resserrer les équipes ». Si on se contente de cela on va vers une mort lente et certaine.

Jean-Marie Dinh appelle à "remettre le lecteur au centre de nos objectifs, et donc la rédaction au centre de notre entreprise." L'appel solennel affirme notamment que la réorganisation concomitante aux premiers départs – fusion d'éditions et pages régionales en ouverture – est "un échec". La direction a accepté l'idée d'une réunion à la rentrée, sans réellement préciser ses intentions. Pour l'heure, nous n'avons pas réussi à la joindre.

En juin, la fermeture de l'imprimerie, au rez-de-chaussée du bâtiment historique du cours d'Estienne d'Orves, a même été étudiée. Une piste ensuite mise en sommeil devant la réaction des salariés. Au-delà de l'attachement à l'outil industriel, une externalisation de cette activité pourrait ouvrir la voie à un déménagement des autres services. 70 ans après l'installation du quotidien dans les locaux du Petit Marseillais, investi par les résistants à la Libération.

[1] Dont Benoît Gilles, rédacteur en chef de Marsactu. Retour

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Il faut que la Marseillaise passe le cap.
    Malgré sa ligne éditorialiste dur et dépassée on a besoin de ce point de vue et d autres vérités.

    La Provence ne peut pas être le seul organe de pensée sur Marseille ,sa région et une partie de la Provence.

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  2. Correcteur bénévole Correcteur bénévole

    Faute d’orthographe à impacter.

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  3. GARLABAN GARLABAN

    Chronique d’une mort annoncée, malgré l’obstination des derniers résistants. Depuis cinq ans, la rédaction n’a pu qu’à de trop rares occasions traiter l’affaire Guérini, en raison du poids des budgets du CG 13 qu’il ne fallait pas importuner… Dommage, ce journal a été un vrai journal.

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  4. Electeur du 8e Electeur du 8e

    La presse d’opinion, engagée, critique, dérangeante, a bien du mal dans cette région face au rouleau compresseur de la facilité, du fait divers et de l’eau tiède consensuelle. Outre La Marseillaise, Le Ravi est passé récemment pas loin de la disparition pure et simple, et je ne suis pas sûr que le modèle économique de Marsactu soit bien assuré.

    Peut-être ce paysage un peu dévasté dans l’information locale n’est-il pas pour rien dans le manque de recul de beaucoup d’électeurs et dans le résultat des consultations électorales…

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  5. Anonyme Anonyme

    Pas sur qu’il y ait un quelconque avenir pour cette presse là. Quand on est consensuel à ce point : jamais dire du mal de Renault, du charbon, du nucléaire, des chasseurs, de Martigues, des syndicats et salariés de la SNCM, du Port Autonome, des dockers, de trop de patrons , des commerces surtout si ce sont des grandes surfaces, de Gardanne, de Guérini i tutti cuanti, quand il n’y a plus de journalistes, que le site Internet est indigent, ces feuilles de papier encrées même distribuées gratuitement ne trouveraient pas de lecteurs…

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  6. Anonyme Anonyme

    Question conne… mais peut-être quelqu’un (du site) me répondra ? Où en est Marsactu du point de vue de ses propres comptes et de son équilibre financier ? Ceux publiés dans les mention légales s’arrêtent à 2012 ? En 2013, le pureplayer visait les 350 000 euros de chiffre d’affaire pour “tangenter l’équilibre”. On en est où ?

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  7. JL41 JL41

    Non la Provence ne peut pas être le seul organe de presse sur Marseille. On y parle davantage des vacances des élus, qu’on laisse les gogos largement commenter, que des déclarations d’intérêts des parlementaires : articles rapidement escamotés, non ouverts aux commentaires ou aux commentaires immédiatement censurés : http://www.laprovence.com/article/actualites/2975978/parlement-10-des-elus-dans-le-prive.html
    Le commentaire censuré : D’après Médiapart, ce sont même 20 % des députés qui emploient un membre de leur famille. « La plupart des députés assument, bravaches. D’autres bafouillent au téléphone. D’après une enquête de Médiapart, en 2014, au moins 115 députés (sur 577) ont salarié un membre de leur famille, en CDD ou CDI, sur un temps plein ou partiel. Huit élus sont même allés jusqu’à rémunérer deux de leurs proches. » : http://www.mediapart.fr/journal/france/270714/lassemblee-remunere-52-epouses-28-fils-et-32-filles-de-deputes-en-2014

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  8. Grabouille Grabouille

    Il y a bien longtemps que la Marsellaise aurait dû occuper la place de l’expression de toute la gauche dans sa diversité NPA PCF PG PS EELV. Et trouver les compromis de gouvernance adaptés.
    Il n’est peut-être pas trop tard ?

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  9. Anonyme Anonyme

    pourquoi ne pas vendre le siège du vieux port (à moitié vide et en ruine, il n’y a qu’à voir sa magnifique façade défraîchis comme un squat, une pustule dans un quartier ultra touristique) , se re-localiser en zone franche (bien moins chère) et faire imprimer La Marseillaise par les rotatives de La Provence qui ne tournent pas à plein (loin de là d’ailleurs). c’est ça des ECONOMIES!!! ces idées furent repousser par le groupe il y à près de 15 ans pour ces foutus raisons : “locaux du Petit Marseillais, investi par les résistants à la Libération.” on en rediscutera lors du convoi funèbre…..

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  10. Tresorier Tresorier

    Fondamentalement, le probleme des mediad est que :

    – les divers canaux se concurrencent (papier, radio, TV, internet,…) ;
    – l’information est consideree comme gratuite par la population ;
    – le niveau de vie en baisse et le choix des habitants dans l’allocation de leurs revenus entre les depenses ne favorise pas la presse (comme la nourriture, les habits, …..) ;
    – l’information locale de qualite est rare. Marsactu est le meilleur site d’info locale et de debat local.

    Je salue JL 41 pour l’occasion.

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  11. Anonyme Anonyme

    Voici encore trente ans, la presse Marseillaise était pluraliste d’opinion avec Le Méridional à droite, Le Provençal au milieu et La Marseillaise communiste. Déjà La Marseillaise souffrait et Le Méridional était prêt à mourir. Le Provençal, quant à lui, est devenu invertébré et a changé de nom.
    Par dessus, la crise de la presse papier est survenue qui n’a rien arrangé.
    Or, il suffit de regarder attentivement l’histoire de la presse pour constater que lorsqu’un média est en perte d’audience il a tendance à faire n’importe quoi (et souvent le pire) pour tenter de s’accrocher. Ce qui accélère sa chute.
    La déconfiture de la presse marseillaise n’est pas un cas isolé. Nice-Matin, par exemple, très florissant du temps de Bavastro est encore plus mal en point. L’avenir est sombre pour le papier. Y compris pour le livre traditionnel. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller sur eBay et de noter le prix des bouquins. J’ai acheté, il y a peu, une superbe édition reliée des œuvres complètes de Corneille pour 9,90 €.L’ouvrage était comme neuf. A sa sortie en librairie, il valait plus de 100 €.
    Tout est dit.

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