En coulisses, Maryse Joissains libère les agents de la communauté du pays d’Aix

En coulisses, Maryse Joissains libère les agents de la communauté du pays d’Aix

“Heureusement qu’en 40, il y a des fonctionnaires qui ont résisté.” Le 14 janvier, Maryse Joissains avait réuni son conseil de la communauté du pays d’Aix (CPA) alors que celui-ci avait légalement pris fin avec l’année 2015. Et elle n’avait que colère envers les agents qui n’avaient pas souhaité participer à sa mise en scène. L’un d’eux, bien trop zélé à ses yeux, avait même pris la peine de rayer les logos de la CPA des chevalets. Seuls deux fonctionnaires avaient posé “des congés” pour être présents.

Les agents mis en “porte-à-faux”

Il s’agissait par ce conseil de réaffirmer la continuité du pays d’Aix du fait de la paralysie de la métropole créée justement par les recours d’élus de la CPA. Mais depuis, Maryse Joissains a fini par abdiquer auprès de ses agents. Elle l’a fait définitivement dans un courrier adressé aux 900 agents de la CPA le 10 février : “Le personnel du pays d’Aix a été placé sous la responsabilité du président de la métropole. […] J’ai fait le choix, douloureux mais raisonnable et responsable, de ne pas interférer dans les décisions à prendre afin de ne pas vous mettre en porte-à-faux et de ne pas ajouter de désordre aux incertitudes”, leur explique-t-elle.

“Les agents s’étaient retrouvés désemparés, en porte-à-faux, se souvient Hervé Fabre-Aubrespy, maire de Cabriès et ex vice-président de la CPA aux sports. On a bien senti que les agents étaient pris entre leur obéissance hiérarchique au directeur général des services qui leur avait dit de ne pas venir et leur attachement de cœur à une présidente qui les dirige depuis quinze ans. Il y avait une vraie confusion.” De manière analogue, les services de l’ancien président de la communauté urbaine de Marseille Guy Teissier continuent de diffuser ses communiqués, mais il y est présenté comme “député des Bouches-du-Rhône”. 

Du côté de Maryse Joissains, ce qui ressemble à une abdication est en fait l’aboutissement d’une série d’événements au cours de laquelle elle a dû se rendre à l’évidence. À la fin du mois, contrairement à ce qu’elle avait proclamé, elle n’a pas pu ordonner les paies de ces agents. La CPA n’a tout simplement plus de compte chez le trésorier payeur général qui débloque l’argent.

“Gestion” contre “posture politique”

Le 19 janvier, elle a dû renoncer alors que tout était prêt à présenter ses vœux au personnel de la CPA. Dans sa lettre, elle se fait maternante : “Je souhaite vous protéger, vous préserver des interprétations que n’aurait pas manquer de susciter, à Marseille ou ailleurs, ma simple présence à vos côtés à l’occasion de la traditionnelle cérémonie des vœux au personnel.”

Dans son entourage, on minimise l’importance de ce courrier : “Elle s’adresse à des agents qui peuvent être perdus et qui peuvent être troublés par ses déclarations. Il faut distinguer la gestion et la posture politique.” Dans cette histoire, Maryse Joissains s’est surtout bien gardée de franchir la ligne rouge du code administratif, bien loin de ses déclarations politiques enfiévrées. La décision du conseil constitutionnel attendue ce vendredi dictera le calendrier métropolitano-judiciaire des prochains mois. Dans son entourage, on jure que la maire d’Aix reprendra le combat.

(avec Clémentine Vaysse)