En 2025, un “lieu de vie” co-construit à la place de la dent creuse de la rue d’Aubagne
Destiné à être un lieu d'animation du quartier et de recueillement pour les victimes des effondrements du 5 novembre 2018, l'espace aujourd'hui vide deviendra un petit centre culturel modulable. Le projet a été présenté mercredi par les élus, les familles de victimes et des riverains associés à sa définition.
Esquisse du projet de la Rue d'Aubagne. Crédits : visuels non contractuels / © Baito Der Sahakian Yakafokon Mobius
“Une salle des possibles”, sorte de petite maison de quartier polyvalente, va sortir de terre à Noailles pour tourner la page du sinistre lieu des effondrements de la rue d’Aubagne survenus le 5 novembre 2018. Une catastrophe qui a fait 8 morts, habitants du numéro 65. Ce mercredi 15 mai, Sophie Camard la maire (Printemps marseillais) des 1er et 7e arrondissements et ses partenaires ont précisé les contours de l’aménagement qui prendra corps sur le site des 63, 65 et 67 rue d’Aubagne, alliant des fonctions d’animation et de détente pour le quartier avec un espace de souvenir et de recueillement.
“Des gâteaux, des rires, de la musique y seront partagés. C’est la vie qui va reprendre son cours. De revenir sur place, pour nous, ce sera comme entrer à nouveau dans la maison de Simona”, témoigne Maria, la mère de Simona Carpignano disparue dans le drame, en visio depuis son domicile en Italie. Pour les familles de victimes, associées dans le processus de réinvention du lieu, avec également des riverains, cette présentation est synonyme de soulagement. “Ça nous permet de nous dire que ce lieu ne restera pas un trou béant. Plusieurs membres de ma famille ne peuvent pas s’y rendre, la douleur est trop intense, évoque Lynda Larbi, endeuillée de son cousin Chérif Zemar. C’est un lieu où les Marseillais pourront se retrouver et se recueillir. Il fallait retrouver de la vie dans ce lieu. J’espère qu’il plaira à tous”.
“Patio Méditerranéen”
L’assemblée, journalistes compris, est visiblement émue. Le visage parfois rougi par les émotions, Sophie Camard agit en maitresse de cérémonie en distribuant la parole. Elle précise l’originalité de la démarche pour tracer l’avenir du site. Une “trilogie élus, familles de victimes, représentants de riverains” est associée depuis 2023 dans une commission consultative chargée de valider le projet. “Ça fait du bien”, commente à propos de la démarche Virginie Vallier, voisine du numéro 66. Cela lui a permis de se projeter, de sortir du trauma présent au quotidien à sa fenêtre. “Il faut que la vie revienne, de l’apaisement et de nouveaux habitants aussi”, espère-t-elle.
“Ce n’est pas évident de prendre la parole après ces témoignages pour parler d’architecture”, peine à démarrer l’architecte Maxime Sollier. Le projet de son agence, Baito, a été sélectionné parmi cinq propositions. Sur 275 mètres carrés, l’espace sera fait d’un bâtiment accolé au numéro 61 et d’un “patio méditerranéen conçu comme une extension des salles polyvalentes”, explique Maxime Sollier.
Sur deux niveaux, le bâti permettra des usages diversifiés aux associations et autres acteurs culturels : conférences, spectacles ou encore ateliers. Avec ses cloisons en bois de mélèze des Hautes-Alpes, le bâtiment permettra une grande modularité. Par exemple en s’ouvrant sur l’extérieur pour accueillir la scène d’un spectacle dont le public sera installé à l’extérieur. Ou encore, en joignant deux pièces pour accueillir une cuisine mobile.
Livraison prévue fin 2025
Le lieu de mémoire sera aménagé autour d’un petit contrefort, seul reste de l’ancien immeuble du numéro 65, en concertation avec les familles de victimes. Une façade en pierre calcaire de Beaulieu, avec de larges ouvertures sur la rue, délimitera le site dans la continuité des autres immeubles de la rue. Une “pépinière urbaine” verdira l’endroit. Elle est déplaçable jusqu’à que le lieu se trouve un aménagement pérenne.
Le lieu sera géré “comme un centre municipal d’animation soit par la mairie centrale, soit par la mairie de secteur, précise Sophie Camard. C’est notre quotidien de gérer ce genre de lieux, ce n’est pas la partie du projet qui m’inquiète le plus”. Ainsi, ce “lieu de proximité” s’organisera “par des conventions avec les associations avec une programmation et des créneaux permanents à l’année. Et aussi des occupations non récurrentes”, détaille la maire de secteur.
À terme, le site pourrait évoluer en fonction des besoins. “C’est un mécano géant”, expose Franck Caro, le directeur général de la Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN), dont la mission est de résorber l’habitat indigne, à laquelle la Ville de Marseille a confié la réalisation. Les fondations ont été pensées pour possiblement monter jusqu’à trois étages et les espaces extérieurs pourront être réagencés. Le coût prévisionnel du projet est de 570 000 euros hors taxes. Les travaux devraient commencer au printemps 2025 pour une livraison à la fin de cette même année. Le projet s’insère dans un ensemble mené par la SPLA-IN qui a acquis le numéro 61 et les sept numéros en direction de l’amont de la rue d’Aubagne pour y faire du logement social. Patiemment, un nouveau visage de la rue d’Aubagne prend forme.
Commentaires
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que ce lieu revive et soit ouvert à tous est une bonne chose. le projet présenté c’est autre chose, à mon goût cette façade est lourde et la partie droite supérieure est inutile, le style “arabo andalou” est complétement démago.
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Lorsque je passe , de temps en temps, l’atmosphère y est lourde, comme si le quartier n’a pas pu faire son deuil, digérer en quelque sorte cette catastrophe. Mais quand, seront les logements indignes à Marseille???
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Oh! Une ruine toute neuve!
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j’aime beaucoup
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Vert mudejar stigmatisant dans cette rue, dans ce quartier – Il faut peut-être oser le bleu OM ou napoulitano ?
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