Émeutes : Muselier veut que la justice annule les aides municipales aux commerces pillés

Info Marsactu
le 15 Sep 2023
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Le président de région, Renaud Muselier, a décidé d'attaquer le fonds d'aide mis en place par la Ville, accusé d'empiéter sur la compétence exclusive de soutien au développement économique portée par sa collectivité.

Le rideau baissé d
Le rideau baissé d'un commerce rue Saint-Ferréol le 3 juillet 2023. (Photo : NC)

Le rideau baissé d'un commerce rue Saint-Ferréol le 3 juillet 2023. (Photo : NC)

C’est un nouvel épisode de la guerre entre la région et la Ville de Marseille mais sur un nouveau terrain. Le président (Renaissance) de la région Renaud Muselier vient de transporter la bataille politique sur le terrain judiciaire. Et le thème choisi est brûlant : selon les informations de Marsactu, il veut faire annuler l’aide de la Ville aux commerçants impactés par les émeutes urbaines du début de l’été.

Le 31 août, le tribunal administratif a reçu la requête portée par le conseil régional contre la mairie. Pour ce faire, il s’appuie sur les compétences prévues par la loi à chaque institution. Celle-ci accorde à la région le leadership en matière de stratégie économique et empêche en théorie toute aide directe de la Ville à des acteurs économiques. En d’autres circonstances, le département avait lui aussi été empêché d’agir dans certains domaines.

Lors du conseil municipal du 7 juillet, le premier après l’épisode d’émeutes urbaines du 30 juin au 2 juillet, la mairie avait notamment décidé d’“une prise en charge exceptionnelle des travaux de mise en sécurité et de mise aux normes architecturales”. Elle précisait qu’il s’agissait d’un possible financement de 5000 euros par commerce qui s’ajoutait à l’exonération temporaire de la taxe sur les terrasses et à des subventions aux associations de professionnels. Dans le même temps, la région proposait, elle aussi, un fonds de soutien semblable en association avec la métropole, les deux collectivités proposant 5000 euros chacune à chaque commerce visé.

“Aux termes du code général des collectivités territoriales, les communes ne peuvent participer au financement des aides et des régimes d’aides mis en place par la région que dans le cadre de conventions passées avec cette dernière”, rappelle la collectivité dans sa requête. Dans les faits, aucune convention n’a été signée entre les deux parties. Cette question dépasse la question spécifique des subventions post-émeutes, assure la collectivité. “Nous attaquons systématiquement toute délibération qui empiète sur les compétences de la région, c’est une décision purement administrative”, assure-t-on dans l’entourage de Renaud Muselier. Mais la même source ajoute : “Si tout était bien géré sur les compétences qui sont les siennes, on pourrait mieux tolérer qu’elle intervienne sur d’autres.”

Au sein de la majorité municipale, si l’on convient que le cadre légal est questionnable, on s’étonne du sens politique de l’attaque du président de région. “Cela représente 650 000 euros d’aides débloquées en urgence. On parle par exemple de commerces dont la vitrine était par terre et qu’on a sécurisé avec des planches.” Si la requête de la région devait être acceptée, les bénéficiaires des aides pourraient être contraints de rembourser. “Si la mairie de Marseille avait fait les choses dans les règles et demandé notre aval – qu’on aurait accordé de bon cœur – il n’y aurait pas eu de problème”, grince-t-on à la région.

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Commentaires

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  1. Make OM Great Again Make OM Great Again

    Mettre des rayures à un âne n’en fera jamais un zèbre

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    • Moaàa Moaàa

      +++++++1

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  2. Thais Thais

    Débat de cour d’école…
    Et dire qu’ils sont payés par nos impôts 🙄

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  3. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Bravo Muselier
    Les commerçants obligés de rembourser sauront s’en souvenir aux prochaines élections

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    • MarsKaa MarsKaa

      Malheureusement, ils vont devoir rembourser les aides municipales à la municipalité…. donc en accuser la mairie. Surtout qu’on voit bien que Muselier et la droite locale appuie bien sur l’argument “c’est la faute à la mairie”.
      C’est ce que l’on appelle de la perfidie (ou de la perversion).
      Aucun intérêt pour la Région. Le seul but c’est frapper la Mairie de gauche.

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  4. Lucien LAURENT Lucien LAURENT

    C’est mon pré, tes vaches n’ont pas a y entrer. C’est mon verre, touche pas, ils ont quel âge déjà?

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  5. julijo julijo

    la mairie : “on s’étonne du sens politique de l’attaque du président de région. “
    certes, est-ce que ça à du sens ?
    mais mumu nous en a fait d’autres, et on attend les preuves qu’il possède un chouia, une once de (bon) sens politique !

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    • Tasogare Tasogare

      Ou ne serait-ce qu’un brin de bon sens tout court, et pas forcément celui qui prend soin de ses intérêts personnels 🙃

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  6. Patafanari Patafanari

    Finalement une mesure de gauche. Avec l’argent remboursé, la Mairie va pouvoir embaucher des tatas pour les écoles.

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  7. Peuchere Peuchere

    Si la loi l’interdit, pourquoi la Mairie l’a t elle fait ?
    L’argent public doit être géré selon les règles.
    C’est quand meme le b.a.ba
    Mais apparement cela devient une habitude à la mairie de se faire taper sur les doigts pour non respect des procédures.

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    • RML RML

      Et alors? Vous trouvez bien que Muselièr demande de rembourser?

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  8. Manipulite Manipulite

    La Mairie est intervenue à bon droit et en urgence en faveur des commerces pillés. C’est comme les aides sociales en cas de catastrophe ou d’effondrements d’immeubles privés.
    Que Muselier s’explique sur les aides clientélistes versées uniquement à ses amis. Voir la démonstration bien faite par Ciotti (!) et des élus du Var et Côte d’Azur. « République bananière » disent-ils.
    Enfin, organiser des concerts avec invitations gratuites dans les villes amies (La Londe les Maures par exemple) ne fait pas partie des compétences du conseil régional PACA.
    Ne parlons même pas de l’abyssal trou de 32 millions dans les comptes du grand prix de formule 1 présidé par son ami Estrosi avec des dépenses plus que suspectes sur financements publics généreux de Muselier avec l’argent du conseil régional PACA.
    Comme disent les Africains « quand on veut monter sur le cocotier, il faut avoir le derrière propre ».

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    • Jacques BOYER Jacques BOYER

      Effectivement, Le parquet de Marseille (Bouches-du-Rhône) a en effet ouvert une enquête préliminaire qui doit notamment permettre de retracer l’origine des quelque 32 millions d’euros de dettes laissées par le groupement d’intérêt public (GIP), chargé de l’organisation de l’ex-Grand Prix de France au Castellet (Var).
      D’autant que la situation financière actuelle a aussi fait remonter à la surface des souvenirs sur le train de vie des représentants de la structure. Selon des informations de Mediapart, des frais de déplacement exorbitants ont ainsi été facturés au groupement d’intérêt public pour le compte de Christian Estrosi et Renaud Muselier, le président de la région Sud (ex-Paca) pour assister au spectaculaire Grand Prix de formule 1 d’Abou Dhabi (Émirats arabes unis), en novembre 2017. Les deux élus s’y sont rendus avec huit collaborateurs. Montant de la note, pour seulement trois jours sur place : 71 355 euros. Et voilà!!!

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  9. Marc13016 Marc13016

    Hallucinant ! Un peu comme si le rois du Maroc Mohamed 6 confisquait le matériel de secours apporté par des associations de pompiers français : il ne les avait pas autorisés … les pauvres gars coincés sous les décombres du tremblement de terre apprécieraient.
    Si la région tient tant que ça à ses “prérogatives”, elle peut toujours octroyer un subvention à la Mairie de Marseille pour financer ces aides. (ça doit pouvoir se faire en toute légalité). Et Muselier enverra une belle lettre aux sinistrés pour leur expliquer qu’il est bon et généreux (lui !).
    Curieux de voir comment le tribunal administratif va recevoir la plainte. A sa place, j’infligerais une amende … au plaignant ! Pour l’intérêt public.

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  10. Frédéric Mazel Frédéric Mazel

    Que Monsieur Muselier s’occupe du réseau TER PACA qui se désagrège,dont la gestion releve uniquement de la compétence du Conseil Régional.

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  11. Zumbi Zumbi

    Quand on fait dans l’urgence, le bon sens et l’humanité consistent à faire et à régulariser dés qu’on en a le temps, même si on se dispute après sur la manière dont il aurait fallu le faire.
    En son temps Mamoudou Gassama, sans-papier malien, qui avait sauvé un enfant suspendu à un balcon qui risquait de tomber dans le vide, aurait-il dû au préalable attendre la fin de l’interminable procédure d’une hypothétique régularisation avant d’agir ? Ou chercher où étaient ses parents et leur reprocher un défaut de surveillance ? Ou obtenir d’eux une autorisation signée ?
    Soit dit en passant, les collectivités locales passent leur temps à empiéter, involontairement ou délibérément, sur les compétences des unes ou des autres — ou alors les réunions de “concertation” avec les “partenaires” pour la moindre décision afin de déterminer qui est “chef de file”, et on s’enlise dans cette bullshit bureaucratie, et s’il y a du retard c’est bien sûr la faute de l’autre. L’essentiel est de savoir si sur le papier on nomme d’abord Mossieur le président de la région, Madame du département, Madame de la métropole ou Monsieur de la mairie ; ah zut il faut refaire la réunion dans quinze jours, fallait-il mettre en tête M. ou Mme de la préfecture ?
    Au est-ce avec leur propre signature que MM. Muselier et Estrosi se sont autorisé un séjour de 70 000 € à Abu Dhabi ? Il y aurait eu de quoi réparer pas mal de vitrines, non ?

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  12. RML RML

    Franchement Muselier, à force de fréquenter l’extrême droite devient de plus en plus C.

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  13. Richard Mouren Richard Mouren

    Je suis atterré!

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