Emel Mathlouthi, le jasmin et la voix
Emel Mathlouthi, le jasmin et la voix
Le printemps arabe, Emel Mathlouthi le vit sur scène. Sa voix s'élève, envoûtante, lyrique, puissante. Elle est la voix de jasmin de la révolution tunisienne, celle qui instille le subtil parfum de la résistance. La chanteuse se déchaîne, pieds nus, frappant sur les basses, tourbillonnant, virevoltant. Nous voilà projetés sur l'avenue Bourguiba un an plus tôt, le 22 janvier 2011. Ce jour-là, aux côtés d'une jeunesse survoltée, elle se met à chanter a capella "Kelmti horra", ma parole est libre. Les vidéos amateurs circulent sur la toile, discrètement d'abord, puis abondamment, tel un fleuve impétueux retenu trop longtemps par l'écluse.
Élevée dans un milieu familial ouvert et progressiste, la conscience politique de la chanteuse s'est très tôt fait jour. Militante contre la dictature de Ben Ali qui opprimait son peuple et muselait les artistes, publiquement affichée en faveur du peuple palestinien, la jeune femme rejoint la liste des icônes arabes de la musique engagée. Après Cheikh Iman, le chanteur égyptien ou encore le libanais Marcel Khalife, Emel Mathlouthi incarne une nouvelle génération de battants, à la voix juste sur scène mais dissonante politiquement.
Son album, Kelmti Horra, sorti en janvier 2012, est une ode à la liberté. Il puise ses influences dans la musique arabe classique ou dissidente, dans le jazz, le trip-hop, la protest song américaine, et s'inspire de monuments de la chanson tels Bob Dylan, Joan Baez, John Lennon ou encore Björk. Les paroles, empreintes de poésie, mêlées aux mélodies orientales et ponctuées par la langueur du violon, insufflent à l'oreille de ceux qui l'écoutent une joie pure et limpide. Et l'envie de la suivre aveuglement dans sa révolution.
Emel Mathlouthi nous a accordé une longue interview:
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Merci à Elodie Crézé pour ce bel interview d’Emel Mathlouthi. J’ai découvert cette chanteuse grâce à un ami amazigh et j’en ai été éblouie. Elle a ajouté un nouveau plus à mes liens artistiques avec Joan Baez et Marcel Khalifé…Revenant à peine du forum social mondial de Tunis (ouvert par un concert de Gilberto Gil) j’ai fortement ressenti “la vraie base résistante populaire” dont Amel parle dans son interview. Oui, il y a de l’espoir en Tunisie, comme elle le dit (beaucoup plus qu’en France) et un air de liberté flotte sur l’avenue Bourguiba qu’Amel a imprégnée de sa parole libre, de son chant pour la liberté.
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