Eau : Marseille Provence Métropole bien partie pour une nouvelle décennie de privé

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le 20 Mai 2011
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Eau : Marseille Provence Métropole bien partie pour une nouvelle décennie de privé
Eau : Marseille Provence Métropole bien partie pour une nouvelle décennie de privé

Eau : Marseille Provence Métropole bien partie pour une nouvelle décennie de privé

« Ca paraît plié, mais on ne va pas se décourager ». Au lendemain de la prise de position « à titre personnel » du président de Marseille Provence Métropole (MPM) Eugène Caselli (PS) « pour le maintien d’une délégation de service public (DSP) » pour gérer l’eau et l’assainissement, Michèle Poncet-Ramade, présidente du groupe Europe Ecologie-Les Verts (EELV) au conseil municipal accuse le coup. Car, si « ce n’est pas le président qui décide tout seul mais le conseil », nous a-t-il rappelé, il a ajouté qu’il « pens[ait] avoir convaincu les socialistes lors de la dernière réunion de groupe ».

Depuis plus d’un an, aux côtés de militants associatifs et du Front de Gauche, EELV défend le choix inverse : un retour en régie publique en 2012 et 2013, date de fin des contrats marseillais de la Seram (Suez) et de la Sem (Veolia). Et plus largement pour les 31 contrats qui lient les communes de MPM, dont seules deux gèrent elle même le service : Plan-de-Cuques et Gémenos. L’enjeu financier est de taille : les budgets eau et assainissement de MPM pèsent 125 millions d’euros.

« DSP new look »

Profitant de l’Agora du Grand Marseille organisée par Renaud Muselier (chef de file de l’opposition UMP à la communauté urbaine) au parc Chanot, Eugène Caselli, qui répétait jusqu’à présent « tout est sur la table » malgré des premiers signes relevés par Marsactu a donc sauté le pas. Avec au passage un beau court-circuit du débat sur ce thème à la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, toujours officiellement en cours…

Le thème : une « DSP new look », plus encadrée. « Pendant deux ans, nous allons rédiger un cahier des charges sur le niveau d’investissement demandé, les contrôles, des clauses de revoyure pendant le contrat », nous annonce-t-il. Le contrôle, un terme sur lequel Martine Vassal, présidente UMP de la commission de MPM chargée du sujet, a également appuyé, à côté d’une tarification sociale et « qui récompense ceux qui utilisent correctement l’eau ».

« Pour contrôler, il faut des commissaires aux comptes spécialisés et pas une commission consultative des services publics locaux où les représentants n’y comprennent rien », réagit Michèle Poncet-Ramade, qui ajoute : « quand vous voyez le cahier des charges de la mairie de Marseille pour Sodexo, où l’on ose écrire qu’on fait 30% de bio, cela laisse rêveur ».

Cinq fois moins de contrats

Si Anne Le Strat, présidente de la récente régie Eau de Paris, s’étonnait de son absence lorsque le PS13 l’a fait venir pour qu’elle leur partage son expérience, elle a dû tomber de sa chaise en se retrouvant face à un quasi-adversaire qui n’a pas hésité à justifier son choix en reprenant les éléments de langage du privé sur le recours de sa régie à la Société des Eaux de Marseille… Au final, on peut craindre que d’ici le 8 juillet, date du conseil communautaire où sera décidé la voie à suivre, et même au sein de l’hémicycle, on doive se contenter d’arguments plus ou moins inspirés comme l’Agora en a regorgé.

Fermez le ban ? Pas totalement, comme le montre l’insistance de Martine Vassal, présidente UMP de la commission de MPM chargée du sujet, à déclarer que « l’avis des maires sera fondamental, car si c’est MPM qui a la compétence du service ce sont eux que l’on va voir quand il y a un problème ».

Des maires à qui MPM a traditionnellement réservé un poids important. Or, nous a expliqué Eugène Caselli, « on va réorganiser (les contrats) de façon plus professionnelle ». Traduction : de 31 contrats, passer à entre 5 et 7. Le scénario type étant, selon nos informations de diviser les 18 communes en trois zones : ouest (Ensuès, Le Rove etc.), centre (qui comprendrait Marseille) et est (Cassis, La Ciotat etc.). Avec pour chacune deux contrats : eau et assainissement.

Faire basculer maires et usagers

Plan-de-Cuques et Gémenos, les deux communes en régie, resteraient-elles à part ? Ou feraient-elles « basculer » des voisines en régie, comme l’espère Michèle Poncet-Ramade ? Dans l’éventuel lot Ouest, les maires communistes, très présents, accepterait-il sans broncher de prolonger le privé pour 9 à 12 ans, durée évoquée par Eugène Caselli, alors que le débat sur l’eau a pris une dimension nouvelle ?

D’ici là, Michèle Poncet-Ramade aimerait mobiliser davantage les usagers. « Si on avait seulement le temps de faire la tournée des plus de 200 CIQ, il suffit ensuite de décortiquer la facture et les gens comprennent. Mais il faut dire que Monique Cordier (présidente de la confédération des CIQ, ndlr) ne nous facilite pas la tâche », glisse-t-elle, évoquant des difficultés pour faire passer le message dans le réseau. La bonne image de la Sem, qui a lâché 3 millions d’euros pour la rénovation du musée d’Histoire de Marseille et va participer à celle de la fontaine du cours Julien, et fait figure d’acteur municipal dans la communication de la Ville, qui en a nommé le PDG, non plus…

A lire aussi : les – plus ou beaucoup moins bons – arguments pour la DSP et les petites et grosses ficelles du débat

Un lien Eau : une Parisienne pour convaincre les Marseillais (c’est raté), sur Marsactu

Un lienLes 5 enjeux de la gestion de l’eau à Marseille, sur Marsactu

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Commentaires

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  1. geneker geneker

    tu m’étonnes tout ce qui peut engraisser les amis des élus et du cac 40. le ps local est en dessous de tout

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  2. céhère céhère

    Quelle honte… je n’aurais pas de mots assez durs pour cette “gauche” qui défend les intérêts des multinationales de l’eau, allant par la même à l’encontre de la ligne nationale de leur parti et le décridibilisant un peu plus.

    J’aimerais savoir quels intérêts personnels a Mr Caselli vis-à-vis de ces entreprises car ce n’est pas possible d’être autant à genoux autrement.
    Et Monique Cordier, la cogestionaire… Entre elle, FO et les politiques, on voit que tout est verrouillé dans ce petit microcosme qui fait ses petites affaires. L’état de la ville parle pour son bilan à la tête des CIQ.

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  3. pirate provençal pirate provençal

    “Au lendemain de la prise de position « à titre personnel » du président de Marseille Provence Métropole (MPM) Eugène Caselli”: il a oublié qu’il représente une majorité de citoyens qui ne veulent plus de VEOLIA, et les élus doivent refuser la DSP.
    “« on va réorganiser (les contrats) de façon plus professionnelle »”: effectivement ça arrange VEOLIA.
    RÉVEILLEZ VOUS !!!

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  4. Ric Ric

    +1 avec céhère, FO fait des scores de “république bananière” à la SEM, à la SERAM, à la CUMPM (+la ville) ….. est-ce de là que vient la pression ???

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  5. Ricou 24. Ricou 24.

    Il n’y a pas d’engraissement avec les marchés de l’eau en 2010,les majors industriels et les politiques ne sont tous des voyous.

    Il y a assurances sur le sujet,comme sur d’autres.

    Ricou 24.

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  6. Carla2marseille Carla2marseille

    Je suis d accord avec vous, monsieur Vincent, c est sans doute parce qu il est prêt a tout pour rester président de la cum, y compris aller dans le sens des grands groupes prives qui font de l argent sur le dos des usagers. Mais avouez que c est quand même dommage de ramener une telle decision, avec de tels enjeux pour les marseillais, a une simple ambition personnelle. Ceci etant, je suppose que monsieur Caselli n est pas le seul a decide et je crois me souvenir que plusieurs élus de gauche comme Mennucci, Vauzelle ont pris depuis longtemps le parti de la gestion publique de l eau. Si toute la gauche est pour la gestion publique, caselli ne pourra pas voter avec Gaudin et Muselier. Ou alors il y a d’ autres raisons incomprehensibles pour le citoyen de base. En tous cas, le droit a l eau pour tous est un enjeu capital qui ne peut pas se faire sur des considérations politiciennes.

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  7. yvettedu13 yvettedu13

    Tiens?! Caselli a basculé à droite? Comment peut il défendre ces multinationales privées qui se gavent sur notre dos?On a la chance de pouvoir bouger les choses sur la question de l’eau sur Marseille. Les élus socialistes PC et verts ne vont pas le suivre et ne voteront pas avec lui.

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