Disparition d'Akel Akian, l'artiste exilé

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le 26 Jan 2012
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Disparition d'Akel Akian, l'artiste exilé
Disparition d'Akel Akian, l'artiste exilé

Disparition d'Akel Akian, l'artiste exilé

Akel Akian s’est éteint, mardi 24 janvier à l’hôpital Ambroise Paré. La compagnie du Théâtre de la Mer et le monde de la culture marseillaise portent depuis le deuil d’un sacré personnage.

Dans les années 70, l’homme quitte son Maroc natal pour s’installer à Lyon où il travaille dans le textile, avant de mettre le cap à Aix et d’intégrer deux compagnies de théâtre. C’est finalement dans les années 1980 et dans la ville de Marseille qu’il réalise son rêve, en créant le Théâtre de la Mer avec l’aide et le soutien inconditionnel de sa compagne, Frédérique Fuzibet.

Ce théâtre offre un questionnement permanent sur l’exil « parfois subi comme un destin, d’autres fois choisi » disait Akel Akian, répétant à l’envie que son propre exil était pour sa part consenti : « j’ai voulu partir, c’était mon rêve ».  Le théâtre interroge aussi la mémoire individuelle et collective des peuples nomades, leur quête d’identité sur la croisée des routes : « Dans l’immigration le théâtre doit faire le voyage de l’origine, faire ce parcours et en même temps être dans son temps, de son temps ».

Metteur en scène exigeant, Akel Akian a mis à l’honneur de grands écrivains maghrébins : Tahar Ben Jelloun, Driss Chraïbi, Aziz Chaouki, Kateb Yacine… Il écrivait aussi et souvent ses propres textes, dont il puisait directement la matière dans les témoignages recueillis au gré de ses errances et de ses rencontres. Intimement persuadé de l’utilité de cet art, il expliquait : « Le théâtre, comme tout poème est une sorte de cri. Un cri de libération qu’il faut sans cesse jeter, lancer, pour que tout le monde l’entende dans la Cité, pour que l’on puisse se pencher sur la souffrance contenue et qu’on puisse en débattre, en prendre conscience et éventuellement trouver un chemin ».

Exutoire, canalisateur des souffrances, le théâtre selon Akel Akian devait aussi favoriser l’intégration, le vivre-ensemble, « jeter les passerelles entre les générations, entre les quartiers nords et le centre de la ville ». Dans cette logique, la compagnie du Théâtre de la Mer s’est souvent représentée dans les quartiers délaissés de la ville, animant des ateliers avec les jeunes.

C’est sans doute un choix symbolique qui place voilà tout juste un an L’R de la Mer – inauguré par le Théâtre de la Mer- au 53, rue de la Joliette, dans les lieux investis pendant longtemps par les premiers immigrés. Comme un regard tourné vers l’autre rive de la Méditerranée.

Bon vent Akel Akian.

Un lienVous pouvez visionner un portrait d’Akel Akian, réalisé par Eric Poinoy et Ramzi Tadros chez ACT- eProdvideos, d’où sont extraites les citations de cette nécrologie. Il sera intégré avec six autres à un DVD devrait sortir en 2012 sur le thème « Pièces de mémoire. Théâtre, culture et immigrations« 

 
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Commentaires

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  1. Alain Le Lougarou Alain Le Lougarou

    Merci de rendre hommage à cette NOBLE PERSONNE.

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  2. loula loula

    Pourquoi la presse régionale et le milieu culturel n’ont ils rendu hommage qu’un hommage à cet homme de théâtre. Certains étaient pourtant présents à ses obsèques… Etait-il trop peu conventionnel à leur goût. Avait-il choisi de s’exprimer sur une problématique qui dérange quand elle n’est pas tout simplement niée.
    Marseille cité cosmopolite… ne serait-ce qu’un argument marketing pour touristes ?
    Quoi qu’il en soit Merci à Akel Akian d’avoir repousser les frontières de la création.

    L

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  3. loula loula

    Pourquoi la presse régionale et le milieu culturel n’ont ils rendu qu’un hommage discret voire timide à cet homme de théâtre. Certains étaient pourtant présents à ses obsèques…
    Etait-il trop peu conventionnel à leur goût. Avait-il choisi de s’exprimer sur une problématique qui dérange quand elle n’est pas tout simplement niée.
    Marseille cité cosmopolite… ne serait-ce qu’un argument marketing pour touristes ?
    Quoi qu’il en soit Merci à Akel Akian d’avoir repousser les frontières de la création.

    L

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  4. Benjamin Benjamin

    Il y a une erreur sur le crédit de la photo: il s’agit de Pierre Ciot et Agnès Fuzibet.

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  5. nadia nadia

    Tout d’abord mes sincères condoléances à frédérique et toute la famille je partage votre douleur et je pense que cet grand homme Akel Akian ne mourra jamais à travers toutes ses oeuvres et son combat pour légalité des races Merci Belle âme et repose en paix.

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  6. Approches Cultures et Territoires Approches Cultures et Territoires

    Notre site a été modifiée et le lien est brisée : la vidéo du portrait d’Akel Akian est maintenant disponible ici https://vimeo.com/64710283

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