Devant ses militants, Martine Vassal fait sa rentrée sous le signe “du retour de l’ordre”

Martine Vassal, le 8 septembre 2024, à la halle Léo-Ferré de Gardanne. (Photo : C.By.)

Jump de Van Halen retentit dans la salle. Ce dimanche 8 septembre, sous une pluie battante, la halle Léo-Ferré de Gardanne réunit sans doute quelques amateurs de l’OM qui reconnaissent là le titre saluant l’entrée des joueurs sur la pelouse du Vélodrome. Mais la salle accueille surtout, ce dimanche, le banquet républicain organisé par l’association des Amis de Martine Vassal, devenue il y a peu Marseille Provence Unie. Sur une scène parée d’un immense drapeau tricolore et de ballons bleus, blancs et rouges, la présidente divers droite d’Aix-Marseille Provence métropole et du département des Bouches-du-Rhône vient de clore son discours, devant quelques 2500 personnes, annoncent les organisateurs. Aux militants se mêlent de nombreux élus : Renaud Muselier, président (Renaissance) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Laure-Agnès Caradec (présidente de la fédération Les Républicains du département), les sénatrices Valérie Boyer (LR) et Brigitte Devésa (UDI), Bruno Gilles (Horizons), Nicolas Isnard, maire LR de Salon-de-Provence, Patrick de Carolis, maire Horizons d’Arles, Nora Preziozi, Catherine Pila (LR), ou encore François Bernardini, le maire d’Istres…

“Mes chers amis, ce rassemblement à Gardanne, c’est avant tout une formidable occasion de nous retrouver”, entame-t-elle. À quatre reprises, depuis 2016, Martine Vassal a fait coïncider le premier dimanche de septembre avec sa rentrée politique. Le temps d’un aïoli dégusté, lors des précédentes éditions, sous la pinède de Cuges-les-Pins, militants et élus de son camp se réunissent sous la bannière de l’association des Amis de Martine Vassal. D’ordinaire, l’événement signe la rentrée de la droite du département. Cette année, dans un paysage foncièrement bouleversé par la dernière séquence — avec les élections européennes, les législatives, la quête éperdue d’un premier ministre —, il a fallu s’adapter. La pluie est venue jouer les trouble-fêtes. Exit les cigales qui chantent et le vent qui agite les pins cugeois, direction Gardanne, donc.

Devoir impérieux

Surtout, le banquet républicain des Amis de Martine Vassal intervient cette fois dix jours après les universités d’été de la droite locale portées par Marseille Provence Unie, mais aussi par Cap sur l’avenir et Une Génération pour Marseille. Ces deux derniers micro-partis sont proches de Renaud Muselier, qui “lui a fait un petit coup juste avant sa fête”, souffle un membre de l’auditoire. Comme avec le changement de nom de son association, le message est clair pour rester sur cette trajectoire : il n’est pas question là pour Martine Vassal de tirer la couverture à elle. Et comme il y a dix jours, la patronne du département et de la métropole joue la partition de l’union, devant de nombreux élus marseillais : Marine Pustorino, Aurore Bruna, Ludovic Perney, Sylvain Souvestre… Très tenté par une candidature marseillaise en 2026 — il lancera les bases d’un collectif citoyen le 26 septembre prochain —, le cardiologue et élu à la métropole dans la majorité vassaliste, Frédéric Collart est là aussi. Mais pas les anciens députés Renaissance Sabrina Agresti-Roubache et Lionel Royer-Perreaut.

En 2026, on va les mettre dehors, cette équipe de bras cassés qui ne fait rien pour la deuxième ville de France !

Martine Vassal

“Ma conviction, c’est qu’il faut une grande famille de la droite et du centre, dans toute sa diversité. Mes chers amis, face à ce constat, nous avons une responsabilité immense et un devoir impérieux : c’est évidemment celui d’être unis et rassemblés“, dit celle qui répète à plusieurs reprises avoir appris de ses échecs. La victoire de la gauche aux municipales marseillaises de 2020 face à une droite divisée est encore dans toutes les têtes. Comme dix jours plus tôt, l’objectif de l’aïoli du jour est bien de galvaniser les troupes en vue des prochaines échéances électorales. “Nous avons la possibilité de gagner Marseille”, affirme Renaud Muselier au pupitre. Avant que Martine Vassal ne l’y succède : “En 2026, on va les mettre dehors, cette équipe de bras cassés qui ne fait rien pour la deuxième ville de France !”

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Comment ? “Il nous faut nous retrouver autour de valeurs communes — celles de la République, celles de la droite et du centre —, réapprendre à faire société ensemble”, répond Martine Vassal. L’union, donc. Pour en séduire les différentes composantes, le discours de la présidente vogue entre plusieurs pôles qui semblent parfois éloignés. “Nous croyons à la solidarité pour les gens qui en ont vraiment besoin. (…) Tout le monde ne naît pas avec les mêmes chances dans la vie. C’est une réalité. Et c’est pourquoi il faut agir, dès le plus jeune âge, pour compenser ces inégalités et donner à chacun de nos enfants la possibilité de réussir”, déroule-t-elle dans la partie sociale de son discours. Avant de pousser son curseur plus à droite. Notamment sur les thématiques de la sécurité : “Nous voulons le retour de l’ordre. Dans la rue, à l’école, dans les comptes publics… Ce retour à l’ordre, il est absolument indispensable.” Elle en profite pour saluer Rudy Manna, représentant du syndicat Alliance Police nationale dans le Sud de la France, présent dans l’assistance.

Avant elle à la tribune, Philippine Dufour, militante et conseillère en communication de la présidente, avait fustigé “ceux qui ne respectent pas notre pays”, souhaité que Marseille devienne “une ville dans laquelle on se tient à carreau”, avant d’embrayer sur “l’identité religieuse [catholique] et provençale” du territoire et de se prononcer pour le retour du service militaire pour les filles et les garçons.

Le RN et ses solutions miracles

Martine Vassal insiste. Ces valeurs-là, ce sont celles de la droite. Il convient à ses yeux de les revendiquer.  “Soyons nous-mêmes et nous n’aurons besoin de personne pour régler les problèmes”, poursuit celle qui martèle, comme régulièrement, qu’elle est de droite et le restera. Du centre et de la droite, l’unité qu’elle appelle de ses vœux ira-t-elle jusqu’au Rassemblement national ? “Il faudrait être aveugle pour ne pas voir pourquoi beaucoup d’entre eux ont porté leurs voix sur les candidats du Rassemblement national, pensant qu’ils auraient les solutions miracles”, détaille-t-elle dans son discours. Les électeurs du RN ne sont pas ses ennemis : “Je sais qu’en disant cela, certains vont faire des raccourcis. Mais jeter l’opprobre sur 11 millions de nos concitoyens, ce serait tout simplement irresponsable !”

Elle en est sûre, c’est dans ce réservoir-là que la droite peut aller piocher, chez ceux qui ont fui la droite classique parce qu’elle ne leur “parle plus”. Aucune garantie pourtant que cet électorat-là aura envie de faire le chemin inverse un jour. Martine Vassal écarte pour l’heure les mains tendues par Franck Allisio (délégué départemental du RN), “mais aussi par Stéphane Ravier [sénateur ex-Reconquête!]“, note-t-elle. Ce sont des adeptes “des coups de buzz” et des “excès”.

Sur leurs chaises en plastique, devant des gobelets de rosé — un vin de France baptisé Plaisir —, Marie-Paule et ses amies ont suivi les discours attentivement. Elles sont sympathisantes, ont “été invitées par une connaissance” et se sont acquittées des 10 euros de participation au repas. La Marseillaise chantée par la salle a succédé à Jump de Van Halen et les quatre retraitées font le bilan du meeting avant d’attaquer l’aïoli. “Le Front populaire, ça ne me plaît pas du tout”, prévient Josiane. Ses copines opinent. Mais la droite est amoindrie, elles le savent bien à la lecture du scrutin législatif. S’associer d’une manière ou d’une autre avec d’autres sensibilités leur parait inéluctable. Comme le RN ? “Mais le RN, c’est la droite”, répond Marie-France dans sa robe chamarrée. “Les idées sont les mêmes.”