Dessiner la justice : six semaines de croquis d’audience au procès de la rue d’Aubagne

La défense de Richard Carta. (Dessin : Ben 8)

On sort comme groggy, épuisé, après six semaines d’audience dans la salle des procès hors norme, à la caserne du Muy. Avec un léger sentiment de manque aussi, d’être sevré trop brutalement de la tension que crée un procès de cette nature, celui des effondrements de la rue d’Aubagne. Cela a une place particulière, pour nous, journalistes de Marsactu. La couverture du drame et de ses conséquences nous a mobilisés des mois durant, à partir du 5 novembre 2018. Le procès prolonge à distance cette tension collective.

Durant les six semaines du procès, nous avons fait le choix de couvrir en direct et en accès libre les débats judiciaires. Au début, ce live devait s’ouvrir et se fermer en fonction des moments forts du procès. Finalement, une fois ouvert, il ne s’est jamais fermé et nous nous sommes relayés durant des centaines d’heures pour tenir cette fenêtre ouverte sur ce moment de justice, censé éclairer un tournant de l’histoire récente de Marseille.

Dans ce dispositif, j’occupe une place particulière. Comme mes collègues, je suis journaliste et je participe au live et écrit des articles. Mais j’ai un pinceau en plus de ma plume. Depuis des années, quand je peux, j’ajoute des croquis à mes écrits. Souvent lors des procès puisque la photo y est proscrite et le dessin d’audience, une tradition. Pendant des années, j’ai publié des reportages dessinés pour le Ravi sous le nom de Ben 8.

La gageure, cette fois-ci, est de dessiner dans l’urgence du direct, en réalisant le croquis et la mise en couleur dans des conditions acrobatiques. Le dessin parfois s’en ressent. Et puis je n’ai pas que ça à faire. Il faut continuer à écrire sur le procès et tant d’autres sujets. Il y a donc des trous, des moments ratés… Récit subjectif en vingt dessins d’un procès hors norme.

Six semaines de procès en croquis par Ben 8 par marsactu