Désordonnée mais en rythme soutenu, la mobilisation des intermittents se poursuit
Désordonnée mais en rythme soutenu, la mobilisation des intermittents se poursuit
Dans la salle de spectacle du théâtre de la Minoterie, il faut montrer patte blanche avant de pouvoir entrer. Les intermittents du spectacle réunis en assemblée générale décident à main levée de son ouverture ou non à la presse. Avec le début de la saison festivalière et l'annulation de la journée d'ouverture du Festival de Marseille, le contexte est tendu. Les intermittents poursuivent en effet leur bras de fer avec le gouvernement contre l'agrément de la convention d'assurance chômage, prévu le 30 juin prochain.
Une première intermittente du Festival de Marseille prend la parole, explique qu'au sein même de l'équipe technique la division règne. Un autre ajoute : "on est plusieurs à penser que l'annulation d'un festival ne va pas forcément dans le sens d'un abandon du protocole. Je voulais savoir jusqu'où veulent aller les syndicats ?" Une syndicaliste de la CNT (confédération nationale du travail) lui répond : "La grève, pour un syndicaliste, est l'un des moyens d'action les plus forts, car elle frappe l'économie, là où ça fait mal". Catherine Lecoq, déléguée de la CGT spectacle enchérit : "Nous avons tout mis en oeuvre pour ne pas arriver à ce phénomène de grève, ultime. Mais nous sommes face à une sorte de dictature du Medef. Après, chaque salarié est souverain sur son lieu de spectacle."
La discussion part en tout sens, les frictions apparaissent entre deux sourires. Les délégués syndicaux qui animent l'AG peinent à tenir une feuille de route et les sujets sont abordés dans la confusion générale. Mais l'idée de créer une caisse de solidarité afin de soutenir financièrement les grévistes monopolise la discussion un moment. Le ton monte entre un comédien "ex intermittent" et un autre participant, jusqu'au claquage de porte du premier. Pour l'heure, une petite équipe de trois personnes est désignée pour réfléchir à la question. Les discussions s'enchaînent ensuite autour des syndicalistes de FO dont certains regrettent l'absence de solidarité et leur reprochent d'avoir signé la convention le 22 mars dernier. Viennent ensuite les critiques envers le festival Believe in Marseille, prévu ce vendredi et ce samedi, "le seul maintenu pour le moment à Marseille" souligne un intermittent, acerbe.
Différé d'indemnisation
Si à la fin de l'AG les intermittents ne sont pas parvenus à établir un agenda complet de la mobilisation jusqu'à la fin du mois, il est décidé de garder un rythme important avec en particulier une AG par jour. Mais aussi des actions ponctuelles, "coups de poing" comme l'occupation hier du palais du Pharo, théâtre d'une convention Bouygues où était convié le patronat local. Jeudi soir au théâtre de la Minoterie devait également se tenir une assemblée générale des techniciens intermittents du Festival de Marseille, leur présence ayant été refusée par la direction du Silo. La reconduite ou non de la grève devait être votée dans le plus grand secret.
A peine quelques heures après la fin de l'AG, l'allocution de Manuel Valls censée apaiser le malaise social n'a pour l'heure en rien remis en cause la fermeté de la mobilisation des intermittents. Le gouvernement maintient son cap et annonce son attention d'agréer la convention mais recule sur certains points, tel que la prise en charge du différé d'indemnisation, cette période de vacance pendant laquelle les intermittents restaient sans revenus. D'autre part, les crédits du spectacle vivant et de la création devraient être maintenus jusqu'en 2017.
Des mesures bien pâles pour Catherine Lecoq, qui fait part de son scepticisme : "Le différé d'indemnisation est une mesure qui ne devrait même pas exister. Je me demande de plus comment l'Etat pourra y surseoir alors que les budgets de la culture sont coupés. Certes le gouvernement remet les choses à plat, mais en même temps il annonce que la convention va bien être agréée." Déterminée, Catherine Lecoq lâche enfin : "cette déclaration ne remet en rien en cause la mobilisation".
Commentaires
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je pense que vous n’avez pas trop l’habitude de participer à des AG en période de lutte. Votre compte rendu ne rend pas compte de la détermination et de la recherche de convergences avec des salariés aux expériences diverses. J’étais présent à cette AG et j’ai voté pour votre présence.. Presque un regret …..
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Les intermittents sont des précaires. Les précaires sont des intermittents. Il faut dire que les intermittents ne sont pas des privilégiés mais une avant-garde. Le statut d’intermittent doit être défendu et généralisé à tous les salariés ! Que les salariés “normaux” et les syndicats ne s’illusionnent pas…
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Ce qui est drôle dans cette histoire, c’est quand certains responsables de structures culturelles attaché(e)s à pérenniser leur poste font semblant de soutenir le combat des intermittents. A vomir ! Il n’y a qu’à décrypter leurs budgets : la part consacrée à l’artistique est bien souvent dérisoire par rapport aux budgets de fonctionnement des structures (théâtres, festivals…) !
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