Des riverains s’opposent à la construction d’un immeuble au pied du fort Saint-Nicolas
Les riverains de la caserne d'Aurelle s'opposent à la construction d'un immeuble de neuf étages au pied du fort Saint-Nicolas. Ils y voient une atteinte à la protection du patrimoine historique.
Martine Gianni sur l'emplacement du futur immeuble, au pied du fort Saint-Nicolas (photo : Loïs Elziere)
Depuis plus de vingt ans, Martine Gianni habite en face de la caserne d’Aurelle, de l’autre côté de l’avenue de la Corse. De sa fenêtre, elle voit le fort Saint-Nicolas surplomber la caserne désaffectée, où émergera bientôt un immeuble de 22 mètres sur neuf niveaux. “Je peux dire au revoir à cette superbe vue. Quand je pense qu’on nous avait interdit de poser des volets roulants pour protéger le visuel du fort Saint-Nicolas … Aujourd’hui on les autorise à ses pieds, pour une construction qui dénotera sur bien d’autres aspects avec l’homogénéité de l’environnement urbain du quartier.” Elle fait partie des 70 riverains qui ont déposé auprès de la Ville un recours gracieux contre ce projet, resté sans réponse.
C’est pourquoi Jean-Claude Rostain, président de la fédération des Comités d’intérêt de quartier (CIQ) du 7ème arrondissement, soutiendra le recours contentieux qu’ils comptent engager auprès du tribunal administratif. “L’esthétique de l’immeuble est problématique. Pour son intégration au quartier et pour sa proximité avec le fort Saint-Nicolas. L’architecte des bâtiments de France avait posé le doigt dessus. Le bâtiment a été abaissé mais reste tout de même haut (22 mètres), ça masque le fort si on est au Sud, ou au Nord, ça le dénature. Le revêtement devait être revu en ocre ou ton pierre pour s’harmoniser avec l’architecture traditionnelle du quartier, mais c’est toujours blanc.”
Dans les traces du collectif 1515
Un collectif de riverains se met donc en place et compte bien s’inspirer de la victoire récente de leurs homologues du collectif 1515 contre le projet immobilier Marignan dans le Quartier Notre-Dame/Vauban. Situé dans un secteur proche, le projet était d’une envergure comparable, selon Martine Gianni. “Il prévoyait un peu plus de logements [134 contre les 96 du projet de la Caserne d’Aurelle, ndlr] mais un étage de moins.”
Mais dans le cas du projet Marignan, l’architecte des bâtiments de France avait donné un avis défavorable, contrairement au permis de construire déposé par le promoteur Perimmo à la caserne d’Aurelle, finalement approuvé après une modification du projet initial.
En accord avec l’avis de l’ABF, les juges administratifs ont considéré que le projet Marignan ne respectait pas “les caractéristiques du tissu urbain concerné”. La modernité du bâtiment (volets roulants, balcons, revêtement, toits plats) n’était pas compatible avec les toits à deux pentes et le “trois fenêtres marseillais” en pierre de taille. En plus de cela, il se trouvait dans le voisinage d’édifices historiques protégés.
Des arguments que reprennent aujourd’hui les riverains de la caserne d’Aurelle. “Sa modernité, sa toiture plate, son revêtement blanc, ses volets roulants, le bâtiment ne s’inscrit pas dans l’esthétique urbaine dominante du quartier”, s’étonne le représentant des CIQ de l’arrondissement, Jean-Claude Rostain. “Mais plus grave encore, situé contre la citadelle Vauban, l’immeuble détériore l’image de ce patrimoine emblématique de la ville, alors qu’on devrait le mettre en valeur. L’esthétique de l’immeuble est problématique. C’est clairement pas du Vauban.” Pourtant ‘architecte des bâtiments de France a considéré que le projet de la caserne d’Aurelle ne déparait avec son environnement patrimonial.
“Une question politique et morale”
Pour l’historien de l’Académie de Marseille, Jean-Noël Bévérini, la question de la préservation du patrimoine historique “n’est pas légaliste mais politique et morale. Il va y avoir un immeuble qui va longer la rampe Saint-Maurice contre le fort Saint-Nicolas. C’est un des sites les plus exceptionnels de la ville. C’est Louis XIV à Marseille, symbole de résistance de la cité ! Est-ce qu’on va construire une barre de béton contre ce site ultra-valorisant pour la ville ?”
Dans l’appel à projet remporté par Perimmo pour cette parcelle, la mairie semble mettre l’accent sur cette question. “Le projet fera l’objet d’une attention particulière avec le bâti environnant, il sera tenu compte du caractère exceptionnel du site”. Une précision qui ne semble pas avoir été entendue pour Jean-Noël Bévérini. “Quand je regarde le projet retenu, je me dis que ce ne sont que des mots. Il dénature l’environnement de ce site exceptionnel.”
La mairie quant à elle, ne considère pas dénaturer le site. Laure-Agnès Caradec, adjointe à l’urbanisme estime que “la modernité peut tout à fait côtoyer le patrimonial. Aujourd’hui, plus personne n’est choqué par la pyramide du Louvre.” Elle a demandé plusieurs modifications des plans pour que le projet s’accorde au mieux avec son environnement. “Nous avons travaillé avec des experts compétents, dont l’architecte des bâtiments de France. Le nombre d’étages notamment réduit en dégradé pour accompagner la déclivité de la rampe Saint-Maurice.” La plus grande partie de la caserne d’Aurelle, rachetée à l’État par la ville en 2007, sera réhabilitée en collège par le Département. La mairie assume la vente de la parcelle à Perrimo pour amortir une part de l’opération.
Si le combat des riverains s’annonce compliqué du point de vue légal, ils pourraient donc tenter de le mettre en débat sur le plan politique. Une lettre signée de la fédération des CIQ du septième arrondissement a été adressée à tous les candidats aux législatives de la circonscription. Elle leur demande de se positionner sur la question du patrimoine historique de ce secteur, et en particulier la carrière récemment découverte sur la Corderie, qui pourrait être le plus vieux vestige archéologique de la ville, datant du 5ème siècle avant J-C. Seule la candidate socialiste Annie Lévy-Mozziconacci a répondu jusqu’à présent, se positionnant contre le projet. Les riverains déposeront un recours contentieux devant le tribunal administratif avant le 23 juin. Ils manifesteront contre la sur-urbanisation sur des sites du patrimoine marseillais le 24 juin à 14 heures au départ de la caserne d’Aurelle.
Commentaires
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Déjà, il faut oser comparer un immeuble résidentiel avec la pyramide du Louvre.
Ensuite, le site de la caserne d’Aurelle se trouve juste à côté du fort d’Entrecasteaux et à 50m de l’abbaye St Victor, deux sites extrêmement importants dans l’histoire de Marseille et aujourd’hui terriblement mal valorisés.
Documenter l’histoire de la ville entière au musée d’histoire de Marseille, dans le centre Bourse, c’est bien mais ça ne remplacera jamais l’expérience sensorielle qu’on a sur le site ou à sa proximité immédiate.
La caserne d’Aurelle aurait pu accueillir un site d’information et d’animation touristique portant sur l’abbaye St Victor, les forts et le rempart Louis XIV, et le palais du Pharo, qui sont tous visibles et accessibles en 5 minutes depuis la caserne ou le fort.
Le site aurait pu également inclure des informations sur Notre-Dame de la Garde, d’autant plus que les deux sites doivent être reliés par le téléphérique en projet.
Au lieu de ça, la ville aménage le site à la découpe: une résidence immobilière le long de la rampe, un collège dans la partie de la caserne d’Aurelle qui contient des bâtiments protégés au titre du patrimoine militaire, et un appel à projet pour mettre en valeur le seul Fort d’Entrecasteaux, privé du seul foncier aménageable à proximité immédiate pour faciliter le développement d’activités à destination du public: la caserne d’Aurelle.
Marseille archive son histoire au centre Bourse pour mieux en effacer les traces et poursuivre son destin de ville palimpseste.
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Oui. Il faut avoir un esprit particulier…voire peut être un peu malade pour comparer effectivement une barre d’appartements avec la pyramide du louvre !! Mme caradec adjointe à l’urbanisme est surtout une “politique” pas forcément une référence artistique !……
Par contre, je ne peux pas “voir le plan….” le doc ne “s’ouvre” pas.
Il y a dans la ville des endroits particulièrement défigurés par des constructions privées et au diable les vieilles pierres et les vieux batiments, vive la modernité!…Par ailleurs, marseille étant une des villes de france qui a le plus “bradé” son patrimoine foncier, elle ne possède que peu de terrains aujourd’hui. Il faut bien que certains amis de nos zélézéluszincompétents puissent continuer à faire des affaires !
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Il y a trop d’espaces verts au centre de Marseille. Il faut absolument bétonner toute parcelle disponible, quelle qu’elle soit. Planter un peu de verdure, mettre en valeur les monuments historiques, mais pourquoi donc ?
Il faut lire cet article qui décrit ce qui attend les villes trop minéralisées – donc pas assez végétalisée : la température va, à long terme, y devenir irrespirable (http://www.lemonde.fr/climat/article/2017/05/31/la-temperature-des-villes-les-plus-peuplees-pourrait-croitre-de-8-c-d-ici-a-2100_5136491_1652612.html).
Ah oui, c’est à long terme, un concept inconnu de nos élus, qui ne seront plus là quand il faudra réparer leurs erreurs d’urbanisme.
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Et dans les quartiers qui avaient la chance d’avoir de la verdure, comme Bonneveine (comme quoi on a su faire à Marseille), les nouveaux règlements avec la suppression des COS, etc, permettent de bétonner au maximum sous couvert de “densité urbaine”. (une des plus grosses arnaques des 15 dernières années).
Alignements sur le trottoir, espaces verts réduits à peau de chagrin, plus la place de planter des grands arbres.
On va être bien à l’ombre des plans de lavande et de lauriers roses.
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Toute l’incompétence de l’équipe municipale résumée en une phrase … Elle compare la pyramide du Louvre avec un immeuble résidentiel lambda. Au secours !
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En plus de tout cela, la ville étouffe de toutes ces constructions d’immeubles depuis quelques années. Aucun espace vert, que du béton et des voitures. pas de transports en commun dignes de ce nom. Nous sommes dans une ville préhistorique. Le profit avant tout. Ya-t-il un plan d”urbanisme cohérent où l’on prend en compte la vie au quotidien de tou-te-s les habitant-e-s ?
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Tout le monde est conscient du fait que la construction de logements neufs de bonne qualité (sans oublier la réhabilitation du parc existant là où c’est possible) est indispensable à Marseille. Tout le monde est conscient aussi qu’il faut végétaliser, tant en toiture et en façade qu’en espace vert au sol, agrandir les chaussées pour que transports en commun, piétons, modes de déplacement doux, véhicules de service puissent circuler et faire reculer la voiture individuelle…
Vous avez l’impression que les élus ne le savent pas ? Qu’aucun permis de construire n’est donné dans cet esprit ? Qu’il n’y a pas d’urbanisme d’ensemble ? Que l’on saupoudre les constructions pour maximiser l’extorsion de la rente foncière sur le dos des marseillais ? Ben ça alors !
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Entre l’une qui voit des pyramides du Louvre et l’autre qui ne veut voir que “du Vauban”… on ne sait plus à quoi devrait ressembler un immeuble d’habitation : pyramide transparente ou forteresse à meurtrières ?
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Comment une parcelle, qui au demeurant appartenait à l’Etat,— sise, en outre à proximité ou même contigüe à l’ un des sites les plus emblématiques de Marseille— peut être cédé aussi facilement à un promoteur immobilier? Là où la ville, pour sauvegarder jalousement son patrimoine historique, avait l’opportunité de valoriser cette dent creuse, en ouvrant une place publique,un espace vert dans un milieu urbain hautement minéral, elle choisit de livrer sauvagement l’espace aux bétonnières. Si les élus marseillais,pour se donner bonne conscience, se refugient derrière l’impérieux manque de logements sociaux , les techniciens et architectes marseillais, eux, par leur manque de vision, ont peut être fait une faute morale avec cette conception urbanistique discutable.
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De la terrasse de restaurant sur l’espace public (Pharo) à ce type de projet, ici tout est possible, tout est réalisable, les mercanti sont aux manettes.
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L’Hôtel Dieu était un bâtiment public, à côté du Château Talabot ont été construits des immeubles sur un terrain public espace boisé classé, les alentours du Parc Borély : terrains publics tous vendus aux copains architectes/promoteurs, le dernier en date étant celui du siège de la RTM, hôpital Ste-Marguerite : terrains publics vendus à des groupes privés (dont celui de Muselier), etc.
La liste est sans fin.
Et il est faux de dire qu’il n’y a pas de foncier public à Marseille. Il est bradé aux affairistes amis, c’est tout.
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Il faudrait faire une carte de ces terrains cédés par la ville (et l’Etat et toute collectivité locale). Où et comment serait-il possible d’obtenir l’information nécessaire?
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Je passe chaque matin à côté de cette caserne, je me demandais le projet qui se cachait derrière le permis de construire afficher.
Merci Marsactu pour cet article.
Au dela de la petite phrase sur la comparaison avec la pyramide du Louvre qui montre bien la légèreté avec laquelle la municipalité traite ce type de sujet deux points me viennent :
– Déjà bonne chance à ce projet immobilier, car en l’état actuel ils vont s’amuser pour vendre des appartements avec balcons sur la rampe saint-Maurice ! C’est bien l’endroit du quartier le plus désagréable et congestionner. Après si la Mairie profite de ce projet pour aménager ce croisement ça serait pas un mal mais bizarrement j’y crois pas une seconde.
– Ensuite quel dommage effectivement de ne pas valoriser cet espace avec cette vue sur le fort au fond. Révons un peu, imaginons un parc collé au fort, un bol d’aire et de verdure. Cela aurait pu également faire un atout supplémentaire à l’appel d’offre concernant le fort saint nicolas. Bref rendre cet espace au marseillais comme cela a été fait avec le fort Saint-Jean avec le projet du Mucem.
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Pour la mise en valeur du patrimoine, ils en sont incapables, leur seul intérêt de mercantis c’est la taxe foncière.
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Le projet initial :
http://www.amgraphisme.com/wp-content/uploads/2014/09/vue_07.jpg
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Perimmo… auteur de tant de bouses architecturales à Marseille. C’est le clan Gaudin là, intouchable.
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C’est vrai qu’ils ne font pas que du beau…
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Il y avait un projet de “chaîne de parcs” à partir du fort Saint Nicolas en 2013, dans le cadre de la future piétonisation totale du Vieux-Port, prévue pour 2020. C’était le 2ème volet du projet Foster-Desvignes, et il était aussi prévu de recouvrir le bassin de Carénage pour y faire un parking à autocars de tourisme (inexistant à ce jour).
Tout cela semble avoir disparu, de même que le parc promis depuis les années 2000 autour de la porte d’Aix…
Par contre les projets immobiliers fleurissent à chaque coin de rue et dans tous les quartiers, malgré les lois de protection du patrimoine qui devraient s’appliquer notamment dans le centre historique de Marseille.
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Pour ce qui concerne le glacis sur le Carénage et la chaîne de parcs, ces projets sont renvoyés sine die par “manques de moyens”. C’est sûr, il est plus facile de vendre du foncier et regarder pousser des immeubles synonymes de taxes foncières et d’habitation qui iront se perdre dans le grand n’importe quoi de cette ville. Pour la porte d’Aix c’est toujours d’actualité mais pour quand? et le parc semble devoir être réduit à quelques arbres sur du béton, toujours la même excuse : l’entretien. Incapables…
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ah l’entretien des parcs….un autre chapitre encore….
j’ai entendu Mme Biaggi sur une radio locale, très contente de l’équipe qui gagne, Mme Vassal, Mr Gaudin, Mme Bernasconi…elle les a tous cités, sans s’oublier, autosatisfaction, tout ce qu’ils ont fait, ensemble, pour la ville et les marseillais c’est tellement bien et beau bla bla bla…
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