Des anciens de Plus belle la vie tentent le pari d’une coopérative pour prolonger la série
Alors que France 3 arrête ce vendredi soir la diffusion du feuilleton, acteurs, réalisateurs et équipes techniques de Plus belle la vie s'unissent pour sauver leurs emplois. Le collectif PBLV 2.0, qui projette de se transformer en coopérative pour s'auto-produire, a déjà démarré les négociations avec Newen Studios, le producteur actuel du feuilleton.
France 3 diffusera le dernier épisode de Plus belle la vie ce vendredi 18 novembre. (Crédit photo : Tom Bertin)
Le Mistral va-t-il repartir de plus belle ? C’est en tout cas l’objectif de plus de 300 techniciens, cadres, comédiens et auteurs, membres du collectif baptisé PBLV 2.0. Afin de continuer à faire vivre le feuilleton Plus belle la vie, qui diffusera son ultime épisode ce vendredi 18 novembre, ils travaillent depuis plusieurs mois sur la création d’une société coopérative de production (SCOP), comme l’a annoncé La Marseillaise.
Ce collectif a aujourd’hui comme porte-parole une comédienne, qui souhaite rester discrète, et Marsactu a pu échanger avec deux autres acteurs emblématiques du feuilleton qui confirment leur intérêt pour cette potentielle suite. Le groupe pense pouvoir, à terme, doubler son nombre d’adhérents. “C’est difficile de joindre tous les artisans, car beaucoup sont partis à droite à gauche”, explique un membre. Elle assure avoir obtenu le soutien de tous les comédiens, déterminés à faire perdurer leurs personnages. Sylvie Flepp, qui incarne Mirta Torres dans la série, est surmotivée : “On est pas mal à trouver cette idée assez excitante. Qui ne tente rien n’a rien, alors on est partants pour relever nos manches. C’est un pari, mais j’y crois !”.
Toutefois, rien ne pourra se passer jusqu’au 31 décembre, date jusqu’à laquelle France 3 possède les droits du feuilleton. Après cela, Newen Studios, producteur de la série, sera le seul propriétaire des droits et de la marque, et restera locataire des studios du Pôle média de la Belle-de-Mai. La société aura alors la mainmise sur l’avenir du feuilleton. C’est donc l’interlocuteur principal du collectif, qui a déjà entamé des négociations. “Ils ont été reçus par la direction. Maintenant, on attend une proposition avec un plan de financement détaillé”, nous confirme une porte-parole de la société rattachée au groupe TF1. Le dossier devrait être transmis au début de la semaine prochaine au plus tard. “Newen a été bienveillant, à l’écoute, et ne nous a pas fermé la porte”, se réjouit-on du côté de PBLV 2.0.
Un projet à consolider
Même son de cloche au niveau de la Ville de Marseille, qui a rencontré le collectif et soutient officiellement le projet. “Nous, notre souci, c’est principalement l’emploi. Et ça, c’est une belle alternative. Mais les locaux étant loués par Newen jusqu’en 2025, on ne peut pas faire grand-chose pour les aider, à part faciliter les tournages sur la ville”, explique Jean-Marc Coppola. L’adjoint à la culture invite le collectif à présenter rapidement avec “un projet bien étoffé, accordé avec l’ensemble des partenaires”, car la mairie a déjà reçu plusieurs propositions de reprise pour les studios, plus finalisées. Il reste néanmoins prudent quant à la faisabilité du projet, surtout du point de vue financier.
Aujourd’hui, entre 300 et 400 intermittents tirent une grande partie de leurs revenus de la série. Autant y travaillent plus occasionnellement. Au total, selon les calculs du collectif, 1200 familles vivent directement ou indirectement grâce au feuilleton. Le projet vise aussi et surtout à préserver ces emplois. “La fraternité entre les artisans de la série est très forte. On est soudés comme une famille et il n’y a pas mieux pour aller au bout. Mais on marche sur des œufs, parce qu’il y a de gros financements à trouver”, assure la représentante de PBLV 2.0 interrogée par Marsactu.
Pour trouver les fonds attendus, la future SCOP entend solliciter des investissements privés et publics dont France active, la région, la Ville de Marseille, la métropole, le centre national du cinéma ou encore la banque publique d’investissement. Pour tester la viabilité du projet et renforcer son plan de financement, PBLV 2.0 prévoit de lancer prochainement une campagne de financement participatif : “On en saura plus quand on aura pu tester les fans. Si, parmi nos trois millions de téléspectateurs, au moins 300 000 mettent deux euros par mois pour regarder la série, ça pourrait le faire !”
Il va falloir revoir complètement notre fonctionnement. On réfléchit à quelque chose de moins cher, léger et plus moderne.
Le collectif PBLV 2.0
Un tel format rapporterait 7,2 milions d’euros par an au projet. Jusqu’ici, Plus belle la vie coûtait environ 20 millions par an à la production, soit 85 000 euros par épisode. Ce montant sera revu à la baisse en cas de suite. “Il va falloir revoir complètement notre fonctionnement. On réfléchit à quelque chose de moins cher, léger et plus moderne. Et je pense que ça plaira encore plus aux fans”, annonce la représentante du collectif. Newen Studios n’ayant jusqu’ici pas réussi à trouver un nouveau diffuseur au feuilleton, la création d’une plateforme numérique dédiée est à l’étude.
Une nouvelle formule plus participative
Dans une note d’intention artistique, PBLV 2.0 explique voir en cette situation “une réelle opportunité de “rénover” la série. Ces dernières années, la direction artistique et l’écriture ont souffert et sont à revoir afin de retrouver l’ADN du projet.” En devenant leurs propres patrons, les réalisateurs et les acteurs espèrent jouir d’une nouvelle liberté, facilitée par la diffusion en ligne : fin du contrôle éditorial par une chaîne de télé et des contraintes pratiques liées à la programmation. “C’est peut-être un mal pour un bien”, glisse Sylvie Flepp.
Cette nouvelle ère du feuilleton historique promet de faire plus de place à l’avis des fans et des comédiens dans l’écriture des scénarios. “Nous solliciterons les différents auteurs historiques, séquenceurs, dialoguistes, afin que la direction de l’écriture soit en adéquation avec le nouveau projet”, affirme le collectif. Des arguments qui seront certainement mis en avant dans la communication autour du financement participatif. Pour Pierre Martot, qui joue le rôle de Léo Castelli, ce projet “correspond bien à la mentalité de Plus belle la vie et de Marseille. Cette volonté de ne rien lâcher, cette énergie vitale colossale…”
Bien que la volonté de faire perdurer la série existe depuis plus de six mois, le projet n’en est qu’à ses débuts et voit de nombreux obstacles se dresser sur sa route. Si Newen Studios refuse de collaborer ou que les fonds nécessaires ne sont pas rassemblés, rien ne sera possible. Et le rêve du collectif de voir la vie reprendre sur la place du Mistral disparaîtra aussi vite qu’il est apparu.
Commentaires
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ça serait génial, une vraie innovation collective et sociale ! mais pas sûr que ça marche… incompréhensible la décision de francetv d’y mettre fin alors que les audiences dépassent celles de fr3 tout le temps !!!
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une chaine TNT ne pourrait elle pas investir dans la série 2.0 et la diffuser ?? ça serait gagnant gagnant !
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S’ils arrivent à retrouver la qualité du début, et surtout mettre Marseille sous les projecteurs, ça va cartonner. Je ne sais pas si on supporterait plus de Parisiens achetant à Marseille, tout de même…
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Trés bonne idée une scot c est le modèle social le plus adapté
Moi je suis sûre que de nombreux fans participeraient à une plateforme financière collaborative et si nous sommes nombreux les collectivités finiront par trouver des fonds …allez on est avec vous les salariés directs et indirects de la série
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