Depuis le Mucem, Emmanuel Macron offre à Marseille un marketing méditerranéen

Emmanuel Macron a donné un discours le 27 juin au soir depuis le toit du fort Saint-Jean. (Photo : capture compte Twitter Élysée)

“Jusqu’où Marseille peut apporter à notre pays ?” Après un rapide balayage des plus importantes mesures de l’acte 1 de Marseille en grand, digne de notre Macronscope, le président de la République passe au retour sur investissements. Bien sûr, “quand la 2e ville de France vit de telles difficultés, on ne peut pas la laisser seule”. Pourtant, assure-t-il, il ne s’agit pas seulement de réparer cette ville, mais de la projeter vers un futur forcément brillant. Au moment de l’acte 2, ce mardi soir au Fort Saint-Jean, il est moins question de sortir le chéquier, comme sur l’hôpital, que de tracer des lignes directrices que chaque acteur présent, élu ou entrepreneur essentiellement, est invité à suivre. Emmanuel Macron dessine, résume-t-il, “un destin de commerce, d’économie, d’écologie, de numérique, de formation, de jeunesse, de culture, d’entrepreneuriat”.

Face à un parterre d’élus et de personnalités de la société civile qu’il aime à réunir, il pose : “Ce projet, c’est la réconciliation avec la Méditerranée.” Dans ce cadrage, le soutien au projet Odysseo d’une fondation à dimension internationale sur la transition écologique est réaffirmé, malgré les difficultés d’amorçage. Mais le virage passe avant tout par une ambition renouvelée pour le port de Marseille-Fos au sein duquel, en nommant Christophe Castaner, il s’est assuré d’avoir un président du conseil de surveillance aligné sur ses desseins. Le Grand port maritime de Marseille de demain devra être “exemplaire en matière de décarbonation” capable d’incarner “la réindustrialisation par l’écologie” et de susciter autour de lui une “économie bleue” dynamique.

Un port écologiquement “exemplaire” ?

Cela passe aussi par des projets déjà bien connus que le président tente de mettre en cohérence. D’abord, l’électrification des quais avec 150 millions pour permettre de brancher l’ensemble des terminaux de transports passagers “en 2027”. Un volet porté conjointement par l’État et la région, comme annoncé la semaine dernière par le ministre des Transports. Il vante encore le projet Carbon, sur lequel il reviendra ce mercredi, et qui promet à Fos-sur-Mer de créer 3000 emplois au sein d’une giga-usine de panneaux photovoltaïques. Elle trouvera des financements publics, métropole et région compris, pour contribuer à un tour de table initial de 1,5 milliard d’euros. Le président rappelle aussi que Marseille accueillera le terminal hydrogène H2med.

Il relance aussi un projet déjà vanté en 2021, mais qui a connu peu de grands développements depuis : le transport des conteneurs par voie fluviale sur le Rhône puis la Saône qu’il entend coupler avec le ferroutage. Sur ces deux projets, le port, géré par l’État, est en retard. En 2019, en proportion, six fois moins de conteneurs empruntaient la voie fluviale à Marseille qu’à Rotterdam. Côté rail, l’institution publique vient à peine de relancer fin 2022 le projet de terminal de transports combinés de Mourepiane, pourtant dans les cartons depuis des années.

Autour du port, le chef de l’État imagine “faire de Marseille une capitale du numérique européen” qu’il appuie sur l’arrivée de nombreux câbles sous-marins et l’implantation de data centers “qu’il faut continuer”. Ceux-ci sont pourtant dans le viseur de la municipalité qui, justement, pointe la faiblesse des retombées économiques de tels équipements. Les écologistes, dont l’adjoint à la transition énergétique Sébastien Barles interrogent le coût énergétique de ces installations ? Le président lui répond à distance : “Pas de data centers sans énergie verte”. Ces gigas centres de stockage s’inscriraient dans “un écosystème d’innovation”.

Formation et culture pour offrir un avenir à la jeunesse

Bien sûr, développe-t-il dans une expression parfois un peu décousue, ses quelques fiches prenant le vent, tout cela devrait s’appuyer sur un écosystème de centres de formation, au sein duquel il valorise notamment les écoles privées récemment construites. L’après-midi, il a rencontré en privé le désormais omniprésent Rodolphe Saadé, qui a déjà lancé la CMA-CGM Academy. “Nous allons développer un projet de campus des métiers de la mer, sur l’emprise du port, à l’Estaque”, poursuit-il relançant ainsi une arlésienne.

Emmanuel Macron entend ainsi offrir des débouchés à la jeunesse qu’il veut rendre partie prenante d’un projet plus global visant à faire rayonner la ville. De concours d’architecture dans les quartiers Nord en résidence d’artistes, de studios de cinéma en événements culturels, il déroule son idée de cultiver “le beau” dans la ville. L’art peut “redonner le goût de l’avenir”, assure-t-il. Mais, mardi soir, c’est surtout Emmanuel Macron, en homme seul et omnipotent, qui est venu donner un cap aux Marseillaises et aux Marseillais. Charge à eux de le suivre, ou non.

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