Départementales : ce que les candidatures nous apprennent des rapports de force

Décryptage
le 6 Mai 2021
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Les candidatures aux départementales sont closes depuis mercredi après-midi. Tour d'horizon des enjeux globaux, à deux mois du scrutin.

Martine Vassal, lors de l
Martine Vassal, lors de l'annonce de la candidature de Renaud Muselier aux régionales. Photo : Emilio Guzman.

Martine Vassal, lors de l'annonce de la candidature de Renaud Muselier aux régionales. Photo : Emilio Guzman.

Le gong a sonné à 16 heures ce mercredi en préfecture. Depuis lors, il n’est plus possible de candidater pour être le représentant d’un des 29 cantons du département au soir du 2e tour le 27 juin prochain. Après des mois de tractations et deux reports du scrutin, la droite élargie autour de Martine Vassal trouvera face à elle deux forces principales, la gauche unie autour du PCF, d’EELV et du PS et le Rassemblement national, présent dans tous les cantons du département.

Départementales, mode d’emploi
Les élections départementales regroupent en réalité 29 scrutins différents dans les Bouches-du-Rhône. Dans chacun des 29 cantons se présentent des binômes homme-femme avec leurs suppléants. Les deux candidats arrivés en tête au premier tour sont qualifiés pour le second. Les autres candidats qui recueillent les voix de plus de 12,5 % des électeurs inscrits peuvent eux aussi se maintenir et les autres sont éliminés. Les membres élus du conseil départemental désigneront ensuite sa présidente ou son président.

Martine Vassal mise sur l’ouverture

C’était annoncé, c’est fait. Martine Vassal a choisi d’ouvrir les bras pour tenir six ans de plus la barre du bateau bleu. On ne trouve ainsi pas de candidats estampillés Les Républicains dans plusieurs cantons, où elle a accepté de laisser la place en échange de soutiens. C’est le cas à Istres où le binôme composé du maire de Fos Jean Hetsch et la première adjointe d’Istres Nicole Joulia, tous deux marqués à gauche, rouleront pour la majorité. Même chose un peu plus au Nord avec l’édile de Port-Saint-Louis-du-Rhône Martial Alvarez et l’adjointe d’Arles Mandy Graillon qui compteront le maire d’Arles Patrick de Carolis comme suppléant. Le maire de Saint-Cannat Jacky Gérard et Hélène Gente-Ceaglio, son homologue de Mallemort, se sont eux aussi rapprochés de la présidente. Mais le maire de La Barben Franck Santos et sa collègue de Vernègues Anne Reybaud ont constitué un binôme surprise à droite. Enfin, dans le canton de Salon-2 l’investiture par Martine Vassal du maire de Grans, Yves Vidal, un temps premier secrétaire fédéral socialiste puis PRG, n’empêche pas la candidature de David Ytier, adjoint au maire LR de Salon-de-Provence, Nicolas Isnard, et vice-président de la métropole, associé à Marylène Bonfillon (également élue à Salon).

A Marseille, c’est un binôme soutenu par la majorité présidentielle mais aussi par l’ancien maire des 4e et 5e arrondissements Bruno Gilles, Philippe Berger (Agir) et Emmanuelle Chaix, qui portera les couleurs de la Provence unie. Enfin, dans celui de Gardanne, l’épouse du maire (ex-LREM) des Pennes-Mirabeau, Agnès Amiel accompagnera le maire de Gardanne Hervé Granier. Michel Amiel compte parmi les proches de Jean-Noël Guérini qui comme leur mentor souhaitent la reconduction de Martine Vassal.

Les deux maires perdus de la gauche

Le maire de Miramas Frédéric Vigouroux. Photo J.V.

Les listes proposées par le rassemblement de la gauche et des écologistes font beaucoup de place à de nouveaux visages. Parmi les élus candidats à un mandat supplémentaire, figure au premier chef le maire de Marseille Benoît Payan. Alors que Michèle Rubirola s’est vue indiquer la sortie, c’est la maire des 1er et 7e arrondissements Sophie Camard qui l’accompagnera dans le canton I du centre-ville, très favorable à la gauche. Citons aussi l’adjoint aux sports Sébastien Jibrayel qui prend le relai de son père au côté de Josette Sportiello dans un canton qui englobe notamment le 16e arrondissement. En dehors de la ville centre, peu d’élus en vue se présentent à l’exception de la sortante Rosy Inaudi ou du maire de Roquevaire Yves Mesnard. Exit Frédéric Vigouroux qui a laissé le champ libre à son suppléant maire de Grans, Yves Vidal. Jean Hetsch, maire de Fos, dont la candidature avec la première adjointe d’Istres Nicole Joulia scelle le ralliement à Martine Vassal, devrait selon nos informations être exclu du PS où il était toujours encarté.

duels en perspective et objectifs modestes au RN

Le nouveau secrétaire départemental du Rassemblement Franck Allisio dit viser “la victoire dans 15 cantons et la présidence du département”. Mais le parti de Marine Le Pen sait en réalité que la partie lui sera difficile. Avec une abstention qui promet d’être haute et les règles en vigueur (un binôme arrivé 3e doit recueillir 12,5 % des inscrits pour pouvoir se maintenir), le parti s’attend à livrer de nombreux duels le 27 juin. La configuration ne lui est pas favorable : en 2015, il n’avait remporté qu’un seul canton, le seul où lui était proposé une triangulaire. Alors, le sénateur Stéphane Ravier avance un objectif plus modeste : “Faire mieux que la dernière fois”.

Dans le viseur du parti, se trouve particulièrement le canton tenu par Christophe Masse et Geneviève Tranchida. Dans ce territoire qui inclut une bonne part du 13e arrondissement, les conseillers municipaux Cédric Dudieuzère et Sandrine d’Angio ambitionnent de rattraper leur léger retard là où leur parti n’avait perdu que de 98 voix. Pour ce faire, Franck Allisio espère que la concomitance des régionales boostera son électorat : “Je pense que quand l’électeur prendra le bulletin Mariani [le candidat du parti aux régionales, ndlr], il aura franchi le pas du RN et il votera aussi pour nous aux départementales.”

Actualisation à 8 h 15 : : seul Cédric Dudieuzère était candidat dans ce canton en 2015

LEs trois sortants de LREM

Le conseiller départemental sortant Christophe Masse.

La République en marche avait prévenu: elle n’investirait ou ne soutiendrait pas de candidats dans tous les cantons. Elle ne prend position que dans neuf d’entre eux. Elle investit sept binômes et appuient dans les deux autres trois conseillers départementaux sortants. Il s’agit de Christophe Masse et Geneviève Tranchida dans le nord-est de Marseille et de Jean-Marc Perrin à Aix-en-Provence. Dissident LR aux municipales, ce dernier avait déjà fusionné sa liste entre les deux tours avec celle menée par la députée marcheuse Anne-Laurence Petel aux municipales d’Aix-en-Provence. Il sera accompagné par Laurence Angeletti, encartée au parti présidentiel.

Guérini, c’est fini

Pour la première fois depuis 1951, il n’y aura pas de Guérini candidat aux cantonales dans le Panier. Jean-Noël Guérini, qui avait pris la suite de son oncle Jean-François en 1982, ne sera pas candidat à sa succession. Alors qu’il connaîtra le résultat de son procès pour prise illégale d’intérêts le 28 mai, l’ex-président du conseil général (2001-2015) quittera le bateau bleu à la fin du mois de juin. Reconduit en septembre, son mandat de sénateur court lui jusqu’en 2026.

DissensionS à gauche

La démarche unitaire lancée à gauche par les différents partis a laissé des traces, bien visibles au moment du dépôt des candidatures. Évincée des discussions entamées par les autres partis de gauche autour du pôle écolo, la France insoumise présente des candidats dans de nombreux cantons où ils pourraient troubler le jeu à gauche. C’est le cas du canton de Marseille 3 où une partie des anciens colistiers de Jean-Marc Coppola aux municipales contestent le soutien accordé à Sébastien Jibrayel, désigné successeur de son père. Ainsi Ouali Brinis est rejoint par l’ancienne conseillère municipale PCF Valérie Diamanti. Dans le même canton, Marseille Résistances présente également des candidats avec l’actuelle conseillère municipale Zoubida Meguenni en suppléante.

Dans les 13e et 14e arrondissements, l’ancienne tête de liste aux municipales, Mohamed Bensaada tentera de se faire une place face à cinq binôme dont celui de la droite où se retrouvent Nora Preziosi et l’ex PS Denis Rossi. Son ancienne binôme Haouaria Hadj-Chick représente l’union de gauche avec Antoine Cortès. On retrouve également des candidats France insoumise dans les cantons du centre où Katia Yakoubi affronte notamment le maire de secteur Anthony Krehmeier et sa collègue du conseil municipal Nassera Benmarnia, entrée en dissidence. Enfin le maire de Marseille Benoît Payan et la suppléante du député Mélenchon, Sophie Camard trouveront face à eux le syndicaliste cheminot Bernard Borgialli. Sans avoir d’incidence sur le scrutin, ces dissidences laissent voir les fractures toujours vives au sein de la gauche locale.

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Commentaires

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  1. jasmin jasmin

    Article très riche comme d’hab, merci Jean-Marie Leforestier! Comment reconnait-on les candidatures France Insoumise sur la carte que vous avez affiché dans l’article de monsieur Vinzent, dans l’ensemble des candidatures?

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    • MarsKaa MarsKaa

      Je vois dans mon secteur le sigle LFI en face d’un binome.

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    “La Provence unie” ? C’est l’étiquette sous laquelle se présenteront les vassalistes ? Waouh, on savait que Mme Vassal se prenait pour la reine de Provence et non pour la présidente du conseil départemental, mais là, ce serait pathologique : qui lui dira que la Provence ne se limite pas aux Bouches-du-Rhône ?

    Sinon, du côté de LREM, je note le profond renouvellement impulsé avec l’appui apporté à Christophe Masse…

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    • julijo julijo

      un précurseur, masse, carrément un visionnaire. une presque caricature exemplaire d’un chercheur de poste …son ralliement à macron date un peu maintenant.
      programmé génétiquement pour être un “élu” il a adopté : qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !

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    • Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

      Pas sûr que son alcootest monte très haut 😆

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  3. Mistral Mistral

    On voit bien ici que les luttes pour les places sont bien plus importantes que les luttes pour les idées, les vestes se retournent à chaque élection et après ils s’étonnent que les électeurs boudent les urnes ! Et dans tout ça on ne parle pas de programme !!!

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  4. MarsKaa MarsKaa

    Merci, je comprends mieux l’absence apparente de candidat de droite dans mon secteur.
    Ils jouent un jeu trouble avec la valse des étiquettes.
    Moi j’aime bien savoir le parcours, l’orientation, l’engagement de chacun. Certains cachent leurs étiquettes, mais ils en ont… c’est important de savoir pour qui ont vote.

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    • MarsKaa MarsKaa

      Pour qui l’ON vote…
      Les élus PS qui soutiennent Vassal ça en dit long sur les tambouilles qui se font dans le dos des électeurs.

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    • julijo julijo

      ca a toujours existé de cette façon (guerini en a fait un des beaux-arts bucco-rhodanien) mais ce n’était connu que de quelques initiés.
      plus difficile aujourd’hui de faire en douce.

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  5. mada mada

    Les dissidences ont au moins le mérite d’exister et montrent le refus des magouilles à droite comme à gauche.

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    • Zumbi Zumbi

      Dans certains cas, refus des magouilles. Dans pas mal d’autres, c’est juste une manière de se rebiffer quand on est exclu du cercle des magouilleurs.

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  6. dominique CLARAZ dominique CLARAZ

    Cette liste d’union pour les régionales qui est taxée de large union, qui devait rassembler tout le monde autour de la table et que nous avions tant espérée, nous citoyens non encartés, syndicalistes et militant de partis citoyens, n’est qu’un simulacre d’union. C’est l’union d’apparatchiks qui ne cherchent qu’à se placer et reproduisent les vieilles pratiques politiciennes héritées du siècle précédent, sans doute persuadés qu’ils sont les seuls à savoir faire. Une fois encore c’est le clientélisme qui gagne. Le PS et le PC jouent union de la gauche avec la droite des écologistes vidant leur propre parti de la moitié de ses militants. Mais comment comptent-ils réussir une transition en gardant ce même système de marchandage pour des places ? Comment comptent-ils mobiliser une large tranche de la population pour soutenir les efforts nécessaires ? Eux qui dégoutent de la politique tous les gens qui se sont réunis, au delà des étiquettes, pour travailler sur un programme et sont prêts à s’investir vraiment pour le faire vivre après les élections. L’image qu’on renvoie à tous ces gens c’est : “vous n’êtes que la valetaille, vous n’avez rien à dire”
    Quel courage politique pour défendre des idées auront ces girouettes qui au gré des circonstances électorales passent d’un parti à l’autre ? Mais aussi qui fera votre campagne ? Y a-t-il encore suffisamment de militants honnêtes dans vos partis divisés ? Y aura-t-il encore des gens pour se déplacer pour voter ?

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