Arsenic et bouts de ficelle
De Samena à Callelongue, la pollution industrielle du XIXe réveille l’État
Le préfet a créé un comité de suivi sur la dépollution du littoral Sud de Marseille. Cette initiative prépare le lancement de travaux annoncés de longue date sur ce secteur fortement impacté par les industries du XIXe siècle.
De Samena à Callelongue, la pollution industrielle du XIXe réveille l’État
Opération “transparence” dans les calanques. Quelques jours avant la rentrée, le préfet Stéphane Bouillon a créé un comité de suivi sur la pollution historique des industries du XIXe siècle, notamment les fonderies de plomb de l’Escalette et des Goudes. Selon l’arrêté préfectoral (voir ci-dessous), cette instance a “pour objet d’informer et d’échanger sur les opérations de dépollution envisagées ou réalisées pour la protection de la santé et de l’environnement, dans un but de complète transparence de l’action administrative et d’information des populations riveraines et des acteurs des territoires concernés”. Aux côtés des représentants des collectivités et de l’État, cinq présidents de CIQ, deux représentants d’association de protection de l’environnement et deux chercheurs sont invités à y participer.
Faut-il y voir une réaction à l’attention médiatique sur cet aspect peu flatteur du parc national des Calanques ? Depuis 2011, des travaux de dépollution sont évoqués, sous la houlette de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Deux ans plus tard, celle-ci avait présenté un programme au cours d’une réunion publique à la maison des sports de Bonneveine. Et puis plus rien.
Fin juillet, un reportage d’Envoyé spécial se penchait sur ce dossier, en même temps que celui des rejets en mer d’Alteo. Le titre, “Calanques en eaux troubles”, rappelle en écho le documentaire “Calanques, une histoire empoisonnée”, diffusé sur France 3 en 2012. À sa suite, Marsactu a raconté dix ans d’esquive des autorités sur la pollution au plomb et à l’arsenic de la plage de Samena.
“La Ville a décidé de payer au printemps”
Pour le président du parc national des Calanques, Didier Réault (LR), la création de ce comité est la suite logique du bouclage financier de l’opération. Comme il l’expliquait déjà à l’occasion de notre article sur Samena, l’État a sollicité les collectivités pour contribuer aux 3 millions d’euros nécessaires. “La Ville a décidé de payer au printemps”, à hauteur d’1 million d’euros soit le même montant que le conseil départemental, souligne celui qui siège dans les deux institutions. Votée en avril, la délibération de la Ville mentionne notamment le contrat de baie signé en octobre.
Ce vaste programme fait de la dépollution des friches un de ses 89 objectifs et mise déjà sur un démarrage des travaux en 2018, pour une durée de deux ans. “Il y a déjà eu des réunions techniques entre les services des collectivités. Il faut maintenant une validation politique, ce que permettra ce comité”, commente Didier Réault. D’après les premiers échos, le confinement sous une chape serait préféré à l’extraction des terres dans la plupart des cas. La préfecture n’a pas donné suite à nos demandes de précision.
Pour l’heure, la transparence promise peine encore à se diffuser. Joint par téléphone le président du comité d’intérêt de quartier de la Madrague-Montredon-La Rose-La Verrerie, Yves Galtier, admet ne pas être au courant de cet honneur. Il prend toutefois le temps de noter que la friche industrielle Legré-Mante ne figure pas dans le périmètre du comité. En effet, sa dépollution est censée être prise en charge par un projet immobilier refusé par les riverains. Le 22 septembre, la cour administrative d’appel se penchera sur la validité du permis de construire, énième bataille dans ce dossier. Le sujet pourrait s’inviter dès la première réunion, dont la date n’a pas encore été fixée…
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