Dans le 15/16, la gauche étale sa campagne dans le caniveau

Dans le 15/16, la gauche étale sa campagne dans le caniveau

Ambiance commissariat ce mercredi à la permanence du candidat socialiste aux législatives Henri Jibrayel, avenue de la Viste (15e). Sur la longue table – où il fait face à la presse aux côtés notamment de son fils Sébastien, conseiller régional, et des conseil généraux Jean-François Noyes et Christophe Masse – des tirages photo A3 s'étalent en vrac : des tags s'attaquant au député sortant, des affiches détériorées ou recouvertes par celles de Karim Zeribi… Idem sur un mur carrelé derrière les élus, où les clichés épinglés sont légendés : "usurpation", "injures et calomnies"…

Micro en main, Henri Jibrayel se lève rapidement et chemine devant le mur, désignant alternativement l'une ou l'autre des "pièces à conviction". Dans le rôle de l'accusé du jour (après le potentiel dissident PS Rebia Benarioua), "le candidat d'Europe Ecologie-Les Verts", cible de lourdes attaques.

Dans l'après-midi, dans les locaux de l'intéressé, jouxtant la gare du Canet, le discours n'était pas plus tendre avec l'adversaire malgré la grande banderole "Bienvenue" qui accueille le visiteur. Sur le mode "ce n'est pas moi qui", Karim Zeribi a accroché de belles casseroles au député sortant, dont son conflit avec la sénatrice-maire socialiste du secteur Samia Ghali, avant de laisser la place à des témoignages – forcément – accablants.

"Agression" mutuelle entre colleurs d'affiches

Les propos n'étant pas à l'abri des dérapages, allant chez Henri Jibrayel jusqu'à l'évocation du meurtre d'Ibrahim Ali, 17 ans, par des colleurs d'affiches du FN en 1995… C'est que, mardi, une bagarre a éclaté entre deux colleurs PS et deux de leurs homologues écologistes. Chaque camp renvoyant à l'autre la responsabilité de "l'agression". Des plaintes ont été déposées par les militants, leurs candidats respectifs ont fait de même pour le climat général de la campagne.

Arrivé en fin de conférence de presse d'Henri Jibrayel, Eugène Caselli, président socialiste de la communauté urbaine de Marseille (qui régit la RTM présidée par… Karim Zeribi), se place en retrait par rapport à la salve d'accusations : "Je veux appeler au calme, à l'arrêt des violences. Je ne suis pas là pour désigner des coupables, il y a eu des plaintes, l'enquête apportera les responsabilités."

Effet miroir

A Henri Jibrayel qui lance des appels à répétition "au procureur et au préfet", on répondra : pas mieux. Difficile en effet de démêler l'écheveau de paroles contre paroles, de témoignages d'un camp contre l'autre. Mais difficile aussi en attendant cet éventuel (long) travail des autorités, de comprendre comment on a pu en arriver là entre les deux formations de gauche. Pour Karim Zeribi, c'est le fruit d'une "stratégie de victimisation" de son adversaire, qui "sent la campagne lui échapper et ne peut exister que sur ce terrain", à laquelle il serait bien obligé de répondre.

On ne lui donnera pas tort sur un point : c'est Henri Jibrayel qui a lancé la course à l'armement avec coups de fils, communiqués et conférences de presse. Mais à part ça, ce dernier renvoie par un effet miroir à peu près toutes les remarques vers Zeribi. Quoi qu'il en soit, à moins de vingt jours de l'élection présidentielle, les états-majors du PS et d'EELV ont laissé dériver la campagne dans le caniveau, où chacun dit ne pas vouloir descendre…

Le territoire de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône :