Culture à Marseille : la tribune qui dénonce le système FO dans Le Monde

Culture à Marseille : la tribune qui dénonce le système FO dans Le Monde

Lui qui est toujours si prompt à défendre « l’image de la ville », le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (UMP), devrait prendre note de ce qui s’écrit dans Le Monde. Michèle Coulet, ancienne conservatrice en chef d’Etat à la bibliothèque de Marseille, à la retraite depuis février 2010, y signe ce jeudi une tribune titrée « Marseille gâche ses talents culturels ».

Elle y raconte par le menu ce que beaucoup de Marseillais savent déjà, mais que les lecteurs du Monde découvriront pour la plupart : à savoir que, dans la ville qui sera en 2013 capitale européenne de la culture, événement sur lequel le maire mise tout, le directeur des bibliothèques municipales, un « grand professionnel, sans doute, le meilleur que l’on ait eu » de l’aveu de ses collègues dans La Marseillaise, a démissionné début décembre parce qu’il ne pouvait pas diriger comme il l’entendait, n’ayant pas pris en compte le « phénomène FO », comme l’explique au quotidien Patrick Casse, délégué du syndicat. Un directeur qui « responsable du livre et de la lecture pour les « manifestations 2013″ avait initié de nombreux projets, désormais très incertains », note-t-elle.

Humiliation et dépressions

Après avoir renvoyé au livre Gouverner Marseille de Michel Peraldi et Michel Samson, l’ancienne fonctionnaire écrit que « les « opposants » clairement repérés sont, à longueur d’année, constamment empêchés dans leur travail, humiliés dans leurs compétences, et finalement dans leur dignité. Cela, comme on peut le penser, crée un climat détestable et une atmosphère de travail nuisible à la santé psychologique des agents. On ne compte plus les dépressions, et, de manière générale, le personnel souffre d’une fatigue nerveuse anormale. » Et que cette démission n’est pas une première, comme le détaillait également vendredi dernier La Provence, qui rapportait la lettre écrite au ministre de la Culture pour « sauver la culture à Marseille » par l’intersyndicale SDU13-CGT.

Une histoire d’organigramme

L’adjoint à la Culture Daniel Hermann avait beau expliquer que Gilles Eboli « avait débiné la Ville auprès des cadres des bibliothèques, faisant de son départ une affaire personnelle et même peut-être politique », il ne pouvait nier plus loin le vrai casus belli : il n’a « pas choisi les bonnes personnes pour occuper les bons postes ». Autrement dit, l’organigramme des services présenté par Gilles Eboli ne convenait pas à FO, qui l’a fait savoir à l’administration, qui a en retour pondu sa propre organisation hiérarchique. Une proposition qui « s’apparent[ait] à un vague schéma dessiné sur un coin de table », constatait dans un autre article La Marseillaise.

Et Michèle Coulet de pester : « Marseille est, malgré ses difficultés, une ville pleine de vie, attirante, foisonnante de ressources et de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer. Cela est particulièrement vrai dans le domaine culturel. » Pour seule réponse à la grève des bibliothécaires soutenant leur directeur, Jean-Claude Gaudin leur avait lancé lors de son passage : « Retournez travailler ! » En revanche il avait loué lors des voeux de FO au maire (et non l’inverse c’est une tradition) ces « hommes qui se sont soulevés pour un syndicalisme libre et indépendant et pas lié à des partis (…) Je continuerais à vous recevoir mais pas les syndicats qui me caricaturent et crient sous mes fenêtres des slogans d’un autre siècle ». Michèle Coulet se demande au contraire « jusqu’à quand [Marseille] va-t-elle, par des « réflexes politiques » complètement périmés et datant de l’après guerre se suicider, gâchant les outils culturels dont elle avait su se doter, telle la bibliothèque de Marseille à vocation régionale de l’Alcazar ? »

Force Ouvrière : rien de nouveau sous le soleil du clientélisme, sur Marsactu

A lire aussi dans le Ravi n°80 : « Une cogestion pas très paritaire »