Il faut toujours manœuvrer pour avoir sa place au port
Dans son rapport sur la gestion de Marseille-Provence-Métropole, la chambre régionale des comptes revient sur le système du "commerce des places". Malgré des réformes pour stopper la vente d'un poste d'amarrage au port couplée à celle d'un bateau. Mais la pratique a encore du mal à suivre la théorie...
Il faut toujours manœuvrer pour avoir sa place au port
Depuis quatre ans, le Vieux-Port a connu deux phases de travaux laissant une ombrière et deux quais élargis pour les piétons. Dans le même temps, une rénovation profonde s’opérait sur le plan d’eau, mais cette fois-ci en coulisses : la gestion des places au port. À l’image de la partie terrestre, elle est encore inachevée comme le souligne la chambre régionale des comptes, dans un rapport présenté ce vendredi au conseil de territoire Marseille Provence (ex-MPM).
Ce document, bouclé fin 2015, consacre onze pages à la gestion des ports de plaisance. Avec plus de 8000 anneaux dans ses 24 ports, l’ex-MPM dispose d’un patrimoine nautique parfois jalousement gardé. Lorsqu’elle est gérée directement par la collectivité, l’attribution d’une place vide se fait sur liste d’attente, conformément à la réglementation. Mais plus de deux tiers des postes à flots sont gérés par une quarantaine de sociétés nautiques, dont les habitudes avaient déjà hérissé les magistrats en 1998. La CRC dénonçait alors un “commerce des places” : acheter le bateau d’un membre permettait de court-circuiter le système des listes d’attente (lire notre article).
Après les réformes engagées sous la présidence d’Eugène Caselli (PS) puis de Guy Teissier (LR), la conclusion du rapport se veut prudente :
En application des nouveaux contrats, les propositions d’attribution des postes d’amarrage gérés par les sociétés nautiques devraient théoriquement être effectuées, sur la base de la liste d’attente tenue par l’occupant, à la commission consultative d’attribution instaurée dans chaque port, la décision étant ensuite prise par l’autorité portuaire [MPM, ndlr].
La chambre ne donne pas d’exemples concrets contredisant la théorie, mais note que les statuts des sociétés nautiques sont encore le reflet des anciennes pratiques. S’y ajoute parfois un fonctionnement de “structures fermées”. Ainsi, plusieurs d’entre elles “demandent des parrainages” pour pouvoir occuper une place. Citée par le rapport, la réponse de la collectivité admet que la mise en conformité n’est pas encore complète. “Toutefois, ce sont les règles d’attribution prévues aux contrats (…) qui s’appliquent”, ajoutait MPM
Une liste d’attente… pour un bateau
Avec une marge d’interprétation parfois étonnante. Au club nautique Marseille accueil culture et tradition (MACT), emblématique association du quai du Port, le président Michel Meacci dit respecter la liste d’attente. Mais à condition de vouloir acheter un bateau. En effet, si le club suit bien une liste avec numéro d’ordre, sa finalité ressemble fort à l’ancien système. Les personnes présentes sur la liste sont obligées d’acheter un bateau si elles veulent une place au port : “J’ai ma liste des gens qui demandent à être inscrits pour l’achat éventuel d’un navire. Ils doivent faire une lettre avec accusé de réception, ils sont sur une liste d’attente avec un numéro d’ordre.” Et si l’on dispose déjà d’un bateau ? On peut toujours revendre celui qu’on vient d’acheter… Mais pas sûr qu’il ait la même valeur sans une place au port.
“On met beaucoup, beaucoup, beaucoup d’ordre”, assure Guy Teissier, interrogé jeudi lors de la présentation à la presse des dossiers du conseil. Missionné pour nous répondre, un cadre de l’ancienne communauté urbaine reconnaît que des coupe-files sont encore possibles. “L’harmonisation prendra encore un peu de temps. Cela sera d’autant plus renforcé qu’on est en cours de renouvellement des délégations de service public (DSP).”
En effet, parmi la myriade d’associations qui se partagent le plan d’eau, trois structures se taillent la part du lion, via des DSP : 974 postes pour le CNTL et 562 pour la SNM sur le Vieux-Port ; 709 pour l’YCPR à la Pointe-Rouge. “L’appel à concurrence sera lancé à la fin de l’été si tout va bien”, précise-t-on au conseil de territoire. Celui-ci serait bien inspiré de faire un tour sur le site internet du CNTL, où les petites annonces de vente de bateaux couplées à des places fourmillent.
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Les places de bateau, c’est un peu comme les cabanons des calanques du Parc National: la plupart sont très peu utilisées (7 jours par an ?). La rationalité recommanderait de privilégier les occupants favorisant le “partage” sous toutes ses formes: location, plongée, clubs/association (enfin ceux qui sont ouverts, pas ceux qui tiennent les ports !), formation, centre de loisirs et limiter les occupations privilégiées liées au statut social élevé ou ancré dans un passé lointain …
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