Comment l'État veut financer les navires de la SNCM
Comment l'État veut financer les navires de la SNCM
Dans le dossier de la SNCM, les rebondissements médiatiques se font désormais toutes les demi-journées. Mardi matin, le Canard enchaîné posait la bombe d'un financement public des quatre nouveaux navires en passe d'être commandés par la compagnie. L'après-midi même, lors des questions au gouvernement, le président (PRG) de la collectivité corse, Paul Giacobbi, remettait le couvert en s'adressant au ministre des Transports, Frédéric Cuvillier. Ce faisant, l'élu insulaire a mis une claque au palmipède traité de "presse incompétente et malveillante" tout en relançant la piste d'une société d'économie mixte qu'il avait lui-même présenté lors d'une réunion des présidents des collectivités locales concernés par le dossier.
Dans sa question au ministre, il n'hésite pas à reprendre les termes mêmes employés par Antoine Frérot, PDG de Veolia lors de la présentation des résultats de son groupe à ses actionnaires :
La SNCM devra se placer sous la protection du tribunal de commerce, opérer une restructuration des effectifs et des moyens tandis que le renouvellement de la flotte (…) devra ensuite être organisé dans le cadre souhaité depuis longtemps par notre collectivité territoriale de Corse et validé par vos conseils, c’est-à-dire celui d’une société d’économie mixte.
Loin de contredire Paul Giacobbi dans sa réponse, Frédéric Cuvillier s'est contenté de rappeler les différentes actions entreprises avant de conclure, sibyllin : "Ces différents scénarios sont sur la table et discutés avec les organisations syndicales et les actionnaires. Sachez que nous souhaitons expertiser toutes les voies qui pourront permettre à la société de trouver une solution durable et d’avenir".
Effectivement, ce mercredi, les actionnaires salariés étaient invités à une réunion de travail pour mettre à plat les différents scénarios étudiés par la Caisse des dépôts et la banque public d'investissement pour financer les quatre navires prévus dans le plan long terme qui doit offrir un avenir à la compagnie. A l'issue de celle-ci, les représentants syndicaux ont refusé de livrer le moindre détail sur le contenu de la réunion, se bornant à dire que les "scénarios les plus crédibles sont les plus classiques".
Ils se gardent bien de souligner que le scénario du recours à une société publique locale ou à une société d'économie mixte fait bien partie de ceux qui seront présentés ce lundi aux membres du conseil de surveillance. En effet, comme l'a réaffirmé Ségolène Royal en répondant au député Camille Rocca Serra, la ministre de l'écologie lors des questions au gouvernement, ce mercredi, il y a bien sept scénarios en balance dont les avantages et inconvénients seront exposés ce lundi. Pour l'heure, le gouvernement ne se risque pas à faire un choix parmi ceux-ci.
Le scénario Giacobbi est bien dans les tuyaux
Mais, dans les couloirs du ministère, on maintient que toute idée d'un financement direct des navires est d'ores et déjà à écarter que cela soit par l'Etat ou par un éventuel repreneur. Le groupe norvégien Siem qui avait rendez-vous au ministère ce mercredi est loin de vouloir assumer le financement desdits navires, le paiement des amendes européennes et le renflouement de la compagnie. Reste alors l'idée d'une "société écran" articulée autour de la Caisse des dépôts qui permettrait l'entrée au capital de collectivités locales et de partenaires industriels.
Paul Giacobbi a d'ailleurs profité de son intervention devant l'assemblée pour tresser en passant quelques lauriers à l'autre compagnie qui dessert l'île au titre de la DSP : "Le service public de la Corse peut être rentable sous pavillon français et dans le respect de nos lois, comme le démontre la Compagnie méridionale de navigation". Le jour où il faudra trouver un partenaire privé, spécialiste du transport maritime pour accompagner les pouvoirs publics au capital de la SEM, Paul Giacobbi aura bien – si on insiste – un nom à proposer.
Dernière famille de scénarios, celle des "véhicules spéciaux", des sociétés ad hoc créées pour assurer le portage du financement des navires. Un temps envisagé, le passage par une société étrangère qui pourrait bénéficier des garanties publiques à l'export de la Coface a été définitivement écarté. Reste alors le recours à une société mixte dans laquelle la Caisse des dépôts pourrait prendre une large part, en prenant garde à ce que cela ne s'apparente pas à une aide publique directe.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas ce lundi que le conseil de surveillance arrêtera définitivement son choix sur ces scénarios de financement. La gouvernance de la compagnie a d'autres échéances à valider. Le président du directoire, Marc Dufour, devrait arrêter les comptes de la compagnie en faisant fi des demandes des commissaires aux comptes de provisionner 650 millions d'euros pour faire face au paiement éventuel des amendes européennes. Or, l'actionnaire principal, Veolia devrait une nouvelle fois demander sa tête. Pas sûr que l'État s'y oppose.
Commentaires
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Vu de Marseille, l’histoire de la SNCM est guignolesque mais tragique.
Entre des syndicats avec tous les droits où certains ont atteint des agissements de bandits et une direction en dessous de tout qui ne sert que les politiques du coin. De Marseille , moi j’ai envie de la voir fermer cette SNCM et tout ses salariés se débrouiller. Mais quel dommage pour tous les gens honnêtes!
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Felicitations pour leur courage à MM. Couturier et Dufour pour sauver la SNCM dans cet environnement de plus en plus complexe et pour le moins trouble. Ils ont une vrai carrure des heros modernes defendant l’activité et ceux qui la réalise contre les appétits médiocre de l’environnement.
Merci à tous les deux. Je vous souhaite d’aboutir au maintien de la SNCM dans ses activités classiques et non dans un simili arrangement tel que proposé par Transdev et la Corse.
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La fermeture n’est pas une solution. C’est simplement donner raison au pouvoir de l’argent. Les sites d’Alain Verdi (Pericoloso sporgesi) et de Bakchich permettent de bien comprendre les enjeux. La SNCM a beaucoup changé et il faut arrêter de mettre sur le dos des syndicats des responsabilités qu’ils n’ont pas. Ce n’est pas guignolesque en effet, c’est tragique sur ce point je suis d’accord.
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Vraiment, Paul Giacobbi est un pisse-froid sans nom : il ose présenter une SEM, recentrée sur la DSP Corse, comme l’unique solution pour sauver ce qui peut l’être.
Alors que la Sncm, qui cumule les déficits année après année, qui veut se lancer dans une fuite en avant avec un pseudo plan de relance, qui a besoin de 800 millions pour financer des nouveaux bateaux, qui subit 440 Millions d’Euros d’amende, qui survit depuis des années aux frais du contribuable, est à l’évidence pleine d’avenir.
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Les personnels de la SNCM se sont magnifiquement sabordé en agissant de manière irresponsable toutes ses dernières années. Et ils voudraient quoi ? Que ce soient les contribuables qui règlent les dégâts causés ? Corsica-Ferries fait très bien l’affaire de tous ceux qui veulent aller tranquillement en Corse sans avoir la hantise de la grève à la dernière minute. Qu’ils assument leurs actes.
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Cette société est depuis trop longtemps sous perfusion, arrêtons tout et partons sur de bonnes bases
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