Comment l’élu municipal au patrimoine étend le sien sans autorisation
Depuis plusieurs mois, des travaux ont lieu dans une résidence privée des hauteurs de la rue Breteuil. Réalisés par l'adjoint au patrimoine, ces travaux n'ont pas d'autorisation valide. Déjà, en 2016, André Malrait avait réalisé un garage pour deux roues qui a toute l'apparence d'un studio.
L'extension de la villa d'André Malrait a nécessité la réalisation d'une nouvelle entrée, rue Breteuil.
Le doyen du conseil municipal, architecte et spécialiste des questions d’urbanisme, André Malrait, réalise des travaux en infraction de plusieurs règles du code de l’urbanisme, se sont aperçus passants et riverains de la rue Breteuil, à l’endroit où l’artère passe un col pour rejoindre la colline Périer.
En face de son habitation principale, les pluies printanières emportent un tas de sable vers le caniveau. Deux barrières provisoires délimitent ce débordement de chantier qui prend la forme d’une occupation temporaire du domaine public. Sur l’une des barrières, un papier détrempé indique que ce droit d’occupation a bien été accordé à André Malrait, riverain du boulevard et par ailleurs adjoint au maire (LR) délégué au patrimoine et aux monuments historiques. Il a acquis ces 90 mètres carrés où une partie des travaux s’effectuent en 2003. À l’époque, la Ville avait cédé à l’élu communautaire d’alors “un délaissé de voirie en nature de jardins” au prix de 150 euros le mètre carré. Trois autres riverains étaient concernés par cette vente. André Malrait a su mettre à profit ce délaissé.
En revanche, à lire l’autorisation affichée, plus valable depuis le 10 avril, il y a longtemps que le doyen du conseil municipal aurait dû passer un coup de balai et ranger ailleurs ses brouettes. Pire, comme le soulignait La Marseillaise le samedi 26 mai, en dehors de ce papier obsolète, on ne trouve nulle trace d’un autre affichage spécifiant pour quels travaux la benne puis le sable étaient utilisés. Or, les travaux qui rendent cet affichage obligatoire sont bien avancés. À vue d’œil, il s’agit d’une extension de la villa de l’élu dont les travaux de gros œuvre semblent bouclés. L’escalier qui permettra un accès direct depuis le boulevard est terminé.
Pas d’autorisation de la Ville
L’ancien conseiller communautaire en charge du plan d’occupation des sols au sein de Marseille Provence métropole sait pourtant bien qu’un tel affichage est obligatoire. Mais cette négligence en masque une autre, plus grave. Selon plusieurs sources, André Malrait ne s’est pas contenté d’oublier d’adosser un panneau d’information au chantier, il a lancé les travaux sans en avoir le droit. L’examen par le service d’urbanisme de sa demande d’autorisation préalable de travaux est “toujours en cours”. C’est en tout cas ce que s’est vu répondre, Jean-Philippe Bianchi, habitant du secteur, outré qu’un élu puisse faire fi des règles et des lois. “J’ai fait une demande auprès des services de l’urbanisme pour savoir où en était l’autorisation de travaux et c’est ce qu’on m’a répondu”, explique-t-il.
Une instruction en cours que confirme l’adjointe à l’urbanisme, Laure-Agnès Caradec : “Concernant cette demande, rien n’est décidé”. Si le permis de construire déposé concerne bien André Malrait, il n’aurait donc pas dû engager ces travaux. Pour mémoire, Marsactu avait chroniqué l’édification d’une terrasse “en dur” sur le flanc du jardin du Pharo, elle aussi réalisée alors que l’autorisation de travaux était toujours à l’instruction. Les services d’urbanisme avaient fini par se rendre sur place pour constater sur procès-verbal l’infraction. Quelques temps plus tard, sous cette ferme pression, le gérant du Chalet du Pharo a fait démonter sa terrasse. En sera-t-il de même pour André Malrait ?
Un garage à vélo comme logis
La question mérite d’être posée car l’histoire se poursuit à quelques mètres à peine. En bordure de son terrain, l’ancien architecte a fait réaliser un petit bâtiment de forme triangulaire surmonté d’une toiture végétalisée. André Malrait a bien déposé une déclaration préalable en janvier 2015 pour ce qu’il présente alors comme un “garage deux-roues” pour lequel la Ville a pris un arrêté de non opposition qui vaut donc autorisation. Problème : ledit édifice ne ressemble pas du tout à un garage. Aucun riverain n’a jamais vu le moindre véhicule à deux roues, motorisés ou pas sortir par la porte-fenêtre parée d’un volet roulant.
Un bac à fleurs a été déposé en face de ce qui est présenté comme l’entrée des véhicules sur les plans que nous avons pu consulter. D’autre part, cette ouverture qui donne sur une rue en pente est dotée d’une marche qui rend forcément malaisée toute manœuvre d’entrée et de sortie. Le rideau tiré ne permet pas de vérifier par soi-même si un fier destrier à roues y est garé.
“Cela a fait rire tout le quartier quand on a su qu’il s’agissait d’un garage à motos, commente Jean-Philippe Bianchi. On imaginait tous André Malrait roulant en Harley. Mais quand les fenêtres sont ouvertes, on s’aperçoit bien qu’il s’agit d’un studio. Il y a même une salle de bains et une petite cuisine.” L’édifice est doté d’une entrée piéton avec sonnette et boîte aux lettres qui accréditent plutôt cette théorie.
Du côté de l’urbanisme, Laure-Agnès Caradec confirme que la demande a bien été faite pour un garage : “Je pensais que c’était plutôt pour les vélos. Je vais envoyer mes services pour vérifier sur place s’il y a ou pas un changement de destination et si celui-ci peut être autorisé en fonction de la réglementation de la zone, de l’alignement. Si changement de destination il y a, mes services vérifieront si celui-ci est régularisable et s’il y a infraction, elle sera constatée sur procès-verbal”.
L’adjointe à l’urbanisme aurait pu s’enquérir directement auprès de l’élu qui occupe un bureau non loin du sien. Mais peut-être a-t-elle eu autant de chance que Marsactu. Informé de notre appel par son secrétariat, celui-ci n’a pas cherché à nous joindre en retour.
Actualisation le 30 mai à 10 h 34 : ajout des informations sur l’achat par l’élu d’un délaissé de voirie à la Ville, permettant les travaux.
Commentaires
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On sent quand même qu’on est que chez le 26e adjoint au Maire… Quand on voit de quoi est capable (et accusé/condamné) le premier, monsieur TIAN, de petites fraudes à la construction (et en plus sur un bâtiment annexe), c’est vraiment de la petite bière…
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Rien que le titre de l’article est un régal !
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il est où le “hauteurs du boulevard Breteuil” à marseille?
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Bonjour, la rue Breteuil a beau être longue et pentue (et donc comporter des hauteurs) cela n’en fait pas pour autant une avenue et encore moins un boulevard. Même si, dans d’autres quartiers, le terme peut aussi s’appliquer à des artères plus modestes. C’est donc corrigé.
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Bien qu’acquis par effraction, ces travaux constituent bien un infraction (avant-dernier paragraphe) 😉
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Effarante cette infraction… La coquille est corrigée. Merci pour la vigilance.
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Votre article omet une information intéressante .
Le terrain, objet des travaux , a été cédé par la Ville de Marseille à l’élu en question, le 15 décembre 2003 , au prix sympathique pour le centre- ville, de 150 € le M2.
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Effectivement, je vais actualiser l’article pour ajouter cette information que j’avais par ailleurs.
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Nos rats incompétents sont dans le gruyère ici, un vrai régal, une orgie de libertés individuelles sans foi ni loi pendant que le marseillais “de base” souffre de sous-équipements, d’absence de TC, de saleté, d’incivilités, etc. Un concentré de tiers-monde cette ville.
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Je vous rejoins !
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Incurie et népotisme semblent être les valeurs de nos édiles. Vivement le changement !
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à Benoît Gilles : juste une petite remarque qui n’enlève rien à la qualité ni au fond de vos articles que j’apprécie toujours ,mais tout de même !
L’orthographe !!! et en particulier les accords ” je vais actualiser et non actualisé ” et il y en a une autre dans l’article .(que je pensais être une faute de frappe ….)
Un truc de vieille instit : remplacer un verbe en” er” par un verbe en” ir” ( courir par exemple ) et c’est gagné !!!
Cordialement et sans rancune j’espère !
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Pan sur les doigts ! je corrige de ce pas. Personnellement, j’utilise le verbe mordre mais la preuve est là que je ne le fais pas assez souvent. Merci de votre vigilance.
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“Moi, je suis arrivé a Marseille en espadrille Alors, vous comprenez, je veux me goinfrer Me gaver le plus possible.”
Réplique tirée du film ” Le Gentlemen d’Epsom ” version marseillaise.
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Toujours plein de cet humour bien ciblé cet Antoine de Meria ! surtout ne changez pas !!!!
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Seriez-vous en train d’insinuer que l’adjoint Malrait André est un délinquant ?
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Plus que deux ans pour se goinfrer, il faut donc se dépêcher. Entre Parakian, qui s’offre un petit chez soi sur la Corniche en dépeçant un terrain appartenant au patrimoine public, et Malrait, qui s’assied sur la loi, le feu d’artifice final commence bien. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.
Quant aux Marseillais.es, il va leur falloir serrer les dents encore deux ans. Et constater les dégâts à l’arrivée.
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…et payer l’addition de tous les errements de gestion et autres dévoiements, qui risque d’être lourde.
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La précision de Mme Laure-Agnès Caradec n’est pas anodine. Car dans le cadre d’une construction neuve, de travaux sur un bâtiment existant (reconstruction, extension …) ou d’aménagements, tout bénéficiaire d’une autorisation d’urbanisme devra s’acquitter d’une taxe d’aménagement.
La surface taxable permet à l’administration de calculer cette taxe d’aménagement.
La taxe est due à partir du moment où l’autorisation est obtenue. En outre, si les garages sont de facto aussi assujettis à la taxe, les locaux à vélos quant à eux échapperaient à cette taxe…
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L.A.Caradec:
« Je pensais que c’était plutôt pour les vélos. Je vais envoyer mes services pour vérifier sur place s’il y a ou pas un changement de destination et si celui-ci peut être autorisé en fonction de la réglementation de la zone, de l’alignement. Si changement de destination il y a, mes services vérifieront si celui-ci est régularisable et s’il y a infraction, elle sera constatée sur procès-verbal ».
Ouf, j’ai failli avoir peur pour M Malrait…
En tant que militant cycliste ex marseillais, je me souviens que le Collectif Vélos en Ville, association locale pro vélo, avait demandé il y a 5 ou 6 ans la mise à disposition d’un local (même modeste et moyennant le paiement d’un loyer conséquent) aux service du patrimoine géré, donc, par M Malrait.
Pas de réponse, même négative.
Pour info, aujourd’hui, Marseille figure bonne dernière (et de si loin!) au palmarès des villes cyclables de + 100 000 habitants. Voir:
https://public.tableau.com/profile/fub4080#!/vizhome/BarometredesVillesCyclablesresultatfinal/Accueil
Bref, pour un élu (anti vélo?) émargeant en 2014 à plus de 7000€ brut par mois selon la HATVP, maquiller un studio en local à vélo relève d’un cynisme accompli.
Quand à L.A.C…le népotisme ne rode pas loin.
Si, TOI, soutien de Marsactu, tu souhaites faire la fete à/du vélo du CVV, RDV dimanche 3 juin à 10H30 au Réformés, avec tes minots, ton biclou, ta bonne humeur, ton picnic à déguster, partager à la plage.
Garanti sans subvention !
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Les bacs à fleur sur le trottoir devant le garage/studio, ça respecte la largeur pour les personnes à mobilité réduite ?
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Imaginez-vous que je me posais la même question. Du coup j’ai fini par faire part de mes interrogations à des personnes qui trouvent que la mairie en place (quelque soit la mairie d’ailleurs), fait très bien ce qu’elle a à faire.
En gros leurs arguments sont les suivants. Les personnes à mobilité réduite n’ont qu’à faire comme tout le monde à Marseille : prendre la voiture.
En République on doit partager l’espace public. Par exemple les automobilistes partagent la chaussée avec tout un tas de “mal-lavés” : des piétons qu’il faut laisser traverser, des vélos (sont partout ceux-là, peuvent pas se contenter des trottoirs !), des bus (vous avez déjà roulé derrière un bus !). Bon il est vrai que les piétons partagent aussi ce qui devrait être leur espace, les trottoirs, avec les vélos, les trottinettes, les échasses urbaines, les gyropdes, les motos, les scooters, les voitures.
C’est un échange de bons procédés. Ils peuvent bien laisser un peu de place (les trottoirs marseillais le permettent en général), à un bac à fleurs.
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Tous ces passe-droits sont insupportables : cette municipalité n’a plus aucune pudeur !
Valmer, villa Gaby, Corderie, Caserne du Prado, et ce responsable du patrimoine qui donne l’exemple !
Marseille est dépecée par des malfrats ou Malrait .
Un délinquance impunie !
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Quand un élu FN du 6e, menacé d’expulsion de son logement pour impayés, regarde vers le haut de la colline et voit une piscine illégale régularisée pour une élue PS, et un élu LR qui agrandit sa villa incognito, il se dit quoi ?
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