Comment cacher le plus longtemps possible une nappe de pétrole de 200 tonnes qui dérive près des côtes méditerranéennes ?

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le 28 Fév 2010
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Comment cacher le plus longtemps possible une nappe de pétrole de 200 tonnes qui dérive près des côtes méditerranéennes ?
Comment cacher le plus longtemps possible une nappe de pétrole de 200 tonnes qui dérive près des côtes méditerranéennes ?

Comment cacher le plus longtemps possible une nappe de pétrole de 200 tonnes qui dérive près des côtes méditerranéennes ?

De qui se moque t-on ? Rien dans cette affaire n’est clair depuis le début. On pourrait en rire  si un vrai risque de pollution de nos côtes n’était en jeu. Pour essayer de comprendre ce qui ce passe, petit retour en arrière.

Acte 1 : Vendredi 19 Février, l’accident. Le Porte-Container Géant le « Strauss » de la CMA-CGM, quitte le port de Gênes-Voltri. Selon la presse italienne, les conditions météo ne sont pas bonnes. Mer formée, vent fort, creux de 1 mètre, et surtout brouillard. Le Strauss est accompagné à sa sortie du Port par le remorqueur « Francia » de la société Riuniti. A 1,5 milles au Sud du port, une collision a lieu entre les deux bateaux. Quand on voit la seule photo qui existe officiellement de l’accident, on se dit que le choc a dû être très violent. Un des réservoirs est touché, le carburant se met à fuir, le pétrole se déverse dans la mer. Toujours selon la presse italienne, l’équipage du Porte-container, de près de 300 métres de long, a vite transféré le carburant du réservoir abimé vers d’autres compartiments étanches, en donnant même de la gite à l’énorme navire pour faciliter la manoeuvre. Malgré cette réaction, le pétrole a continué à fuir et à se déverser dans la Méditerranée, on apprendra plus tard qu’il s’agirait de 180 tonnes. Toujours selon la presse italienne, malgré la présence d’hélicoptères et de navires d’intervention, les autorités italiennes n’ont pu stopper la pollution à cause des mauvaises conditions météo. La nappe de pétrole de 200 tonnes a donc commencé sa mortelle dérive.

Acte 2 : du 19 février au 23 février Black Out total. Aucune nouvelle. La CMA CGM ne communique pas , la Préfecture Maritime non plus, rien dans les médias ni locaux ni nationaux. Une nappe de pétrole de 10 KM de long qui peut potentiellement souiller les côtes de la Méditerranée dérive à quelques milles au large de Nice et tout le monde se tait.

Acte 3 :  23 février dans la soirée, l’info commence à sortir. La préfecture maritime sort de son silence ( pressée par l’AFP ?) et communique pour la première fois. L’AFP publie donc  une première dépêche,  postée sur lefigaro.fr en fin de journée  « pollution aux hydrocarbures au large du Cap D’Ail ».  La Provence et Nice Matin relaient aussi l’info, oubliant simplement, sans doute une erreur de frappe, de citer le nom de l’armateur, la CMA CGM.

Acte 4 : 24 février, la CMA CGM  décide de communiquer  pour la première fois, soit 5 jours après l’accident ! On nous explique entre autre dans le communiqué que « compte-tenu de son engagement environnemental, la CMA CGM considère cet événement comme très important ». Ah bon. Pendant ce temps, la nappe dérive toujours, la com de La Préfecture Maritime aussi, lâchant ses infos au compte-gouttes, avec un unique point presse à 15 Heures.

Acte 5 : le 25 février. Les 200 tonnes de pétrole dérivent toujours sous forme de boulettes et de galettes et se rapprochent maintenant dangereusement des côtes et notamment des Iles d’Hyères, et de la réserve naturelle de Port Cros. Des bateaux anti-pollution font ce qu’ils peuvent pour lutter contre cette marée noire, mais le carburant échappé des cuves du Strauss, étant vraisemblablement composé d’hydrocarbures lourds, n’est pas en surface, mais flotte sous forme de boulettes entre deux eaux, ballotées au grès des courants, et donc quasi impossible à récupérer. Dans la soirée, Le Ministre d’Etat Jean-Louis Borloo et sa Secrétaire d »Etat à l’écologie Chantal Jouanno, se fendent d’un communiqué ou ils semblent découvrir les choses et hurlent « Je suis scandalisé par cet accident qui aurait largement pu être évité. Ce n’est pas acceptable ! Je regrette également que l’alerte n’ait pas été donnée suffisamment tôt pour éviter ce fléau qui se retrouve aujourd’hui aux larges de nos côtes ». Le téléphone doit chauffer entre le Ministère à Paris et la Préfet Maritime à Toulon…

Acte 6 : La nappe disparait à 15 heures, puis réapparait à 17 Heures ! Mauvais gag, à son traditionnel point presse de 15 heures, La Préfecture Maritime nous annonce que, à cause du mauvais temps, ils ne savent pas où se trouve la nappe de pollution !!!!!!  » Les survols réalisés par l’avion Polmar de la douane ainsi que les patrouilles du remorqueur Chevreuil n’ont pas reporté de zones de pollution. Les mauvaises conditions météo sur zone expliquent cette absence de détection« . On rêve !!!!! Sans doute un peu gênés, ils  recommuniquent ( c’est exceptionnel), à 17 h, cette fois la pollution est toujours là « La frégate Dupleix et l’hélicoptère Dauphin de la marine nationale ont reporté 3 zones de pollution d’environ 2 km de diamètre chacune à 30 km au sud du Cap Camarat. La pollution continue de dériver en parallèle des côtes varoises »…

Morale de l’histoire : on ne sait toujours pas, une semaine après l’accident, ce qu’il s’est réellement passé, quel est le vrai risque de pollution, et quels sont les réels moyens de dépollution mis en place, ainsi que leur efficacité. On notera au passage le silence radio de Laurence Vichnievsky, tête de liste Europe Ecologie aux Régionales en PACA, et les autres candidats, qui aiment pourtant tant nous parler de développement durable…

Un lien Réactualisation du 28 février à 9h30 : Pendant que la Préfecture Maritime continue à publier des communiqués pour ne pas dire grand chose, que Laurence Vichnievsky, la candidate en PACA d’Europe Ecologie fait des ronds dans l’eau dans la rade de Marseille, que Carla et Nico passent un bon week-End au Cap Nègre, an face de la nappe, que depuis son dernier « coup de gueule » on entend plus Borloo, Michel Vauzelle, le Président sortant de la Région PACA sauve l’honneur de tout le monde et réagit, sous forme d’un communiqué ou il demande des explications sur cette pollution. Bravo Michel.

Un lien Les communiqués officiels de La préfecture , celui du 23 février, du 24 février, du 25 février, du 26 à 15 heures, puis à 17 heures

Un lien Le coup de gueule de Borloo

Un lien Le  dernier communiqué officiel de la CMACGM, en réponse au Ministre ?

Un lien Si vous avez raté le début sur Marsinfos, Un porte-container de la CMA-CGM provoque une mini marée noire au large de Nice (23/02/2010) et Pollution du porte-container de la CMA-CGM: les îles d’Hyères menacées (25/02/2010)

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Commentaires

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  1. meredith meredith

    Visiblement ce navire CMA CGM n’avait pas de double coque…. on peut savoir ? En principe, la double coque, dont CMA se vante pour pas mal de ses navires, doit permettre d’éviter ce genre d’accident.

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  2. GLAMARNO INTERNATIONAL GLAMARNO INTERNATIONAL

    Bonjour,
    La chronologie de cet accident maritime gravissime sur le plan de la protection de l’environnement intéresse l’Association GLAMARNO INTERNATIONAL qui ne peut que manifester son indignation devant une telle carence de l’information et du manque d’une coopération “réactive” sur le plan international qui prive de façon évidente une coopération encore plus élargie. Il ne peut s’agir pour nous que d’une coupable rétention de l’information qui ne trouve son explication que par une absence totale de coordination entre les décideurs qui sont en charge en Méditerranée de la Sécurité Maritime et de la protection de l’Environnement marin aux abords des côtes italiennes, françaises et espagnoles.
    Nous rappeleons qu’il est d’usage dans le milieu maritime de suivre heure par heure l’évolution d’un accident mettant en cause plusieurs navires, lorsque les conséquences peuvent mettre en cause à tout moment l’intégrité de l’environnement marin et côtier.
    Il se pourrait qu’à partir du moment où l’on n’ait eu à déplorer aucun accident corporel, l’urgence d’informer ne s’imposait pas, aussi bien en Italie qu’en France.
    Il semble curieux pour ne pas dire scandaleux, qu’avec tous les téléphones portables et les appareils de photos numériques qui existent, aucune photo du navire “accidenté” n’ait été publiée sur la toile en France alors que les Italiens en ont certainement en leur possession.
    C’est le Jeudi 25 Février que NICE MATIN, quotidien du plus grand port français situé à moins de 100 milles nautiques de Gênes a évoqué l’accident entre le remorqueur Italien et le Porte Conteneur de la CMA CGM sans citer le nom de l’armateur, ni évoqué les circonstances de l’accident. L’armement CMA CGM siège pourtant à Marseille dans la région PACA.
    Ce n’est que lorsque la nappe de pétrole a franchi le Cap d’Antibes en direction du Var, que les Niçois ont découvert avec stupeur, que des nappes de fuel lourd recouvrant une superficie de plusieurs kilomètres carrés avaient voyagé au large de la Baie des Anges.
    Les populations sont intéressées au premier chef par les menaces de pollution qui existent
    en permanence au large de côtes et qui en très peu de temps peuvent déclencher une marée noire.
    L’on peut penser que dans la chaîne de transmission de l’information, il y ait eu des dysfonctionnements qui ont nui à la réactivité, sur le plan international et aussi national.
    Il se pourrait que le Préfet Maritime de la Méditerranée, qui agit en collaboration directe avec le Secrétaire Général de la Mer lequel relève du Premier Ministre et non du Ministre Jean Louis Borloo, n’ait pas disposé sufisamment à temps des informations en provenance d’Italie pour agir avec le maximum d’efficacité puisque le plan RAMOGEPOL a, semble t’il été déclenché avec beaucoup de retard .
    Il est tout à fait regrettable que le grand Ministère en charge des Transports et de l’Environnement semblait découvrir cette catastrophe environnementale que 5 jours après la collision entre le remorqueur et le porte conteneurs géré par un armement français.
    Il semble que le Ministère “savait” mais pas les mInistres!
    En effet, il ne s’agissait pas d’une pollution par des produits pétroliers légers, mais par des fuels lourds au pouvoir contaminant extrêmement dangereux et destructeur qui se sont échappés d’un ballast et non d’une caisse à combustible et dont la coque du navire ne répond pas aux obligations d’échantillonnage des coques de pétroliers dont les “simples-coques”sont bannis.
    Les circonstances de l’accident sont très floues et cette opacité dans la précision est sans doute entretenue pour ne pas que les spécialistes du monde maritime se posent les véritables questions et interrogations.
    On ne comprend pas comment un remorqueur de port ait pu être “défoncé” à ce point et occasionné un tel trou dans la coque d’un navire de 60 000 tonnes et ce à 1,5 mille nautique des jetées de Gênes! A cette distance, généralement sont larguées. Le pilote aurait il voulu utiliser le remorqueur pour débarquer sous le vent et c’est à ce moment que son étrave aurait éperonné le flanc arrière du navire? Puisque l’on ne sait rien, toutes les hypothèses sont possibles et plausibles.
    De toute urgence, les autorités itaiennes, comme l’armement CMA CGM auraient dù informer dès qu’et survenue la collision avec diligence et précision, les autorités nationales et internationales . L’on a du mal à croire que le Loyd, la Commission des transports à Bruxelles et l’Agence Européenne de Sécurité Maritime n’aient pas été prévenues aussitôt de cet accident.
    L’on ne peut pas avancer, comme le soulignent les 2 ministres du Ministère que l’accident n’aurait jamais dù se produire. Cette affirmation dénote une parfaite méconnaissance des évènements de mer qui sont souvent imprévisibles.
    Alors que la devise du congrès international INTERSPILL qui s’est tenu à Marseille en Mai 2009 (et qui sous l’agide de l’OMI, traitait des pollutions maritimes), était que tous les acteurs travaillent ensemble “WORKING TOGETHER”, il semblerait que dans le cas précis qui nous concerne tous, cette devise n’était qu’un voeu pieu.
    Je rappelle que lors de la sénace d’ouverture de ce congrès étaient présents à la table d’honneur:le représentant de l’OMI, le Secrétaire Général de la Mer, le Commissaire Général de l’Action de l’Etat en Mer représentant le Préfet Maritime, le représentant du Maire de Marseille et le Directeur de l’Agence Européenne de Sécurité Maritime.
    Une très large information en temps réel était nécessaire, alors que le silence “assourdissant” de ceux “qui savent “ne peut que nuire.
    L’on se plaignait déjà de l’opacité des informations distillées avec parcimonie lors des marées noires de l’ERIKA et PRESTIGE . Il semblerait, que la consigne donnée (par qui?) était de ne pas faire de vagues.
    Mais il est certain qu’il y aura des “vagues” lorsque les premières boulettes ou galettes se poseront à coup sûr sur les plages et les rivages, là où l’on ne les attend pas.

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  3. fred fred

    c’est étrange chez les marins ce besoin de faire des phrases….

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  4. Philomène Philomène

    CMA CGM construit la plus haute tour de la région Paca et s’en énorgueillit ; est-elle moins fière de sa nappe noire pour n’en rien dire ?

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