[Mer intérieure] Magnétiques banquets

Fête sur les bords de l'étang. (Photo : Véronique Esterni)

Cher journal,

J’écris cette page des bords de rives, ceux de l’autre Croisette. Quarante jours consécutifs de festins cet été. Plus précisément, quarante nuits et autant de banquets. Ainsi se bâtissent les légendes et aucun autre alignement de palmiers ne pourra désormais rivaliser. Irrésistibles Berrois… Quelque chose relève ici des épilogues d’Uderzo & Goscinny.

Mêlé des derniers rayons du jour et d’éclairages publics colorés, le ciel déverse sur la place une lumière singulière. Derrière “colorés”, c’est du vert, du rouge, du violet qu’il faut imaginer. Excentrique oui, mais sans outrance. Juste ce qu’il faut pour rendre palpable la fierté de la ville.

À observer ces réjouissances, les vibrations du lieu se font miennes.

Allégée.

Le dévolu aux platines embellit tous nos pas, y compris les plus maladroits. Je le sais, les magiciens ne dévoilent jamais leurs secrets, mais qui pourra remplacer le besoin par l’envie ? Ah ah. Où est le sauveur, ah ah.

Enivrée. 

Par l’odeur de l’insouciance. Elle s’entremêle, dans une tiédeur enveloppante, à la bière et au calamar grillé.

Conquérante. 

Sabre laser, licorne volante… Voilà le choix des armes.

Rassemblée. 

Les grandes tablées bavardes se confondent, toutes les familles sont miennes.

Hypnotisée.

Emportée dans la tempête d’un songe, je me réveille ailleurs.

Apaisée.

Ancrée.

Gaie.

Étourdie. 

Parfois, je pense à la fin du monde, et ce soir-là, j’oublie.