Indignez-vous (et sortez les cornets) !
Indignez-vous (et sortez les cornets) !
De l’éclectisme. Après les pizzas, Ezéchiel Zérah* nous emmène dans une dégustation de glaces. Pas des bûches de Noël, non. Des glaces en cornet, pour de vrai. On vous laisse déguster ça et claquer des dents.
Bonne lecture.
Il n’y a pas plus grand plaisir que de manger une glace l’hiver.
Lorsque les manteaux doublés apparaissent, que les arbres se font nus, que les boissons chaudement chocolatées prennent possession des tables de café, la crème glacée n’a pas la même saveur. On pourrait croire que c’est parce qu’elle fond moins rapidement que de longues semaines auparavant. C’est vrai. La froideur extérieure communie avec l’enveloppe de la glace. Comme en mathématiques, au collège, lorsqu’on se voyait expliquer que “moins par moins, ça fait plus”. Au-delà de la seule température, il y a dans le léchage compulsif d’une noisette-caramel givrée une sorte d’acte de résistance face à la conformité de masse. Pourquoi attendre plusieurs dizaines de minutes en juillet quand on est accueilli à bras ouverts en novembre, sans attente ? Où est passé notre bon sens paysan ? Les Romains eux n’ont cure de nos manières estivales et déboursent deux ou trois euros matin, midi ou soir qu’il vente ou qu’il neige.
Gober du sorbet en plein froid relève tout autant de l’activisme. Une gourmandise militante qui ne connaîtrait ni repos ni saisons (ou plutôt si : toutes). Un moment farouchement égoïste et solitaire dont le plaisir décuple devant le regard étonné des passants. “Pourquoi diable se balade-t-il dès maintenant cornet en main ?” Mais, mon bon Monsieur, à quel titre devrions-nous patienter des mois avant de suçoter de la turbine sucrée ? Pour quelles raisons devrait-on nous imposer le sujet une fois le thème abordé au JT du brave Jean-Pierre Pernaut ? Que les ayatollahs de la saisonnalité ne viennent pas revendiquer quoi que ce soit : on trouve en France des fruits de janvier à décembre. Ce serait d’ailleurs l’occasion de découvrir ou redécouvrir le kiwi, la mandarine, le coing, le kaki… Quant à ceux qui croient encore qu’une bonne boule rafraîchit, c’est qu’ils ont avalé de la vilaine flotte. La glace donne soif, été comme hiver.
Depardieu en est dingo et étanche sa soif à coups d’énormes cuillerées. De passage à l’occasion du tournage de la future série de Netflix, Marseille, on lui prêta d’avoir commandé des dizaines de litres depuis sa chambre d’hôtel.
J’ai des souvenirs précis de glaces à Marseille. Lors de la dernière Foire, nous refaisions le monde avec le chef d’une adresse en vogue au Pharo. Il me lança qu’il était fou de glace italienne. On s’arrêta alors devant un stand extérieur étendu sur toute la longueur avec des parfums à ne plus savoir qu’en faire. Huit euros plus tard, on avait chacun un énorme cône. Coco et fruits exotiques pour lui. Nutella et vanille pour moi. Vous vous en doutiez, ce fut décevant. Qu’importe : notre envie de glace hivernale était comblée. C’est essentiel de nourrir ses caprices. Il paraît que l’une des plus grosses fortunes de la planète, Warren Buffet, ne mange que ça à l’année. On m’a aussi avancé que Depardieu en est dingo et étanche sa soif à coups d’énormes cuillerées. De passage dans la cité phocéenne à l’occasion du tournage de la future série financée par Netflix, Marseille, on lui prêta d’avoir commandé des dizaines de litres depuis sa chambre d’hôtel.
L’endroit que j’apprécie le plus, c’est sans aucun doute le Glacier du Roi place de Lenche. J’y suis allé quarante, peut-être cinquante fois. A l’époque où je m’improvisais guide touristique pour l’association Marseille Greeters, j’avais même convaincu deux femmes britanniques qu’au même titre que la Bonne Mère, c’était un incontournable de la ville. Florence, la patronne, a un caractère bien trempé mais sa production vaut le détour. Elle n’a beau mélanger que de l’eau et des fruits, ses sorbets ont un goût de reviens-y. Ses glaces, elles les couvent comme ses enfants. Heureusement qu’elle n’a pas prévu de quitter le Panier parce qu’elle ferait des malheureux dans le quartier et bien au-delà.
En descendant vers la mairie, il y a aussi Nicolas de Vanille Noire. L’histoire du reconverti blasé de sa vie de responsable export et qui redécouvre à New York les plaisirs de vraies gelati. Le coup de foudre avant l’installation illico presto rue Caisserie. Un jour que je passais chez lui pour m’alourdir d’un ou deux pots à emporter, il me fait assoir et l’on se retrouve à goûter une demi-douzaine de créations, les siennes et celles d’une enseigne corse haut de gamme (Geronimi). Le plus drôle, c’est comment il avait récupéré tout ça. Il s’était installé dans le café du MuCEM, avait commandé tout un tas de parfums et après avoir réglé en vitesse, était reparti en courant pour stocker la concurrence au chaud (au froid) dans son labo.
Je ne devrais pas l’écrire ici mais j’ai aussi une secrète passion nettement moins avouable : le McFlurry’s. J’ai dépensé des fortunes là-dedans quand j’étais en échange universitaire dans le South Yorkshire (ça coutait trois fois moins cher qu’en France). Je ne suis pas le seul dans ce cas : certains pros confient volontiers que mieux vaut une excellente glace d’industrie qu’une glace artisanale médiocre (même le critique gastronomique François Simon confesse son pêché) Si vous voulez des noms d’artistes-glaciers sans intérêt, contactez-moi sur ezechiel.zerah@gmail.com. J’en ai un paquet en stock.
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