Christian Frémont, Bernard Squarcini, Henri Proglio : 3 proches de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Guérini

C’est aujourd’hui qu’on va savoir si Alexandre Guérini sera remis en liberté ou non. Suite à sa mise en détention préventive il y a 10 jours, ses avocats ont fait appel et la cour d’appel d’Aix-en-Provence doit rendre son verdict ce lundi. Mais pendant ce temps l’affaire continue à faire grand bruit, au moins dans la presse locale et nationale et dans les conversations des marseillais, de plus en plus inquiets par le fonctionnement de leurs institutions locales. Alors que les élus eux, droite et gauche confondue, « dorment bien dans leur lit » pour reprendre les expressions de Gaudin et de Caselli, et continuent à jouer leur insupportable petite musique du « eux c’est eux, et nous c’est nous » pendant que le titanic de la démocratie locale s’enfonce sous les eaux glacées de la corruption, de la cupidité, du clientélisme et du mélange des genres.
Pour l’instant, le casting de « l’affaire » était resté plutôt local et régional, mais ce week-end, suite notamment à des révélations de la presse parisienne, la canebière semble vouloir prendre la direction du faubourg Saint-Honoré.

Le Squale lourdement mis en cause dans l’émission C dans l’Air

Vendredi dernier  sur le plateau de l’émission C dans l’Air sur France 5, Bernard Squarcini, ex-préfet de police de Marseille, aujourd’hui big boss de la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur, le contre-espionnage français), grand flic préféré de Sarkozy, était mis en cause directement par José d’Arrigo, journaliste d’investigation à Marseille, en balançant sous le regard sidéré d’Yves Calvi :
 » Que Jean-Noël Guérini embauche les deux enfants de Bernard Squarcini, numéro 1 de la police française, vous croyez qu’il le fait par hasard ? Ou pour éviter que la police ne s’intéresse à ses affaires ou à celles de monsieur Barresi ? » .
Une sortie d’autant plus surprenante que quelques minutes auparavant , d’Arrigo avait expliqué que selon lui, l’ainé des frères Guérini n’était en rien mêlé aux affaires de son frère Alexandre. Comprenne qui pourra. En tout cas, Squarcini, dit « Le Squale », a vite compris. Après avoir cherché à le faire réagir, il nous a bien fait comprendre qu’il était fou de rage par cette mise en cause, et nous a fait savoir qu’il avait immédiatement contacté son avocat, avant de réagir publiquement. Au moins lui il se manifeste, car du côté du Président du Conseil Général, c’est toujours le grand silence radio.

Henri Proglio et Alexandre Guérini écoutés dans le JDD

Après Le Squale, c’est un autre proche de Sarko qui est apparu dans le casting. Toujours en pointe sur le sujet, le journaliste de France 3 Jean-François Giorgetti annonçait jeudi qu’avait été versé dans le dossier d’instruction la transcription d’une écoute croustillante entre Alex Guérini et Henri Proglio, actuel président d’EDF, et ex-patron de Véolia (il vient d’en quitter ce week-end la présidence du conseil d’administration). Mais c’est le Journal du Dimanche qui publiait hier l’ intégralité de la fameuse écoute. Effectivement c’est du lourd. Des dialogues qui auraient pu être écrits par Michel Audiard, où l’on entendait Alexandre Guérini et le patron d’une des plus grandes multinationales françaises bavarder tranquillement en se payant ouvertement la poire de Michel Vauzelle, le président socialiste de la région Paca. « Putain mais c’est… Alexandre,  faut vraiment se les faire, hein… » On apprenait également que selon Alex, le vrai patron de MPM était en réalité Franck Dumontel, le directeur de cabinet de Eugène « L’homme libre » Caselli : « Franck Dumontel, qui est un mec extrêmement intelligent et très efficace, qui est actuellement le directeur de cabinet de Caselli, que Jean-Noël a mis pour être son directeur de cabinet, en vérité, c’est lui, le patron, euh c’est Franck, qui est le vrai patron de la communauté urbaine… » Pas certain qu’après avoir lu le JDD, Eugène continue à « bien dormir »… La direction du JDD a essayé samedi de joindre Henri Proglio afin de le faire réagir, en vain.

Christian Frémont, directeur de Cabinet de Nicolas Sarkozy au coeur du dossier

Mais le nom qui est en ce moment sur toutes les lèvres des proches du dossier, est celui de Christian Frémont, ex-préfet de Région au moment des « affaires » et aujourd’hui directeur de cabinet du président de la République. Cet homme très discret qui ne souhaite pas s’exprimer pour l’instant, considéré – y compris par ses ennemis politiques – comme un grand serviteur de la République, serait-il à l’origine du fameux complot politique monté par Renaud Muselier ? C’est en tout cas ce que sous-entend la défense d’Alexandre Guérini : « Cette manipulation a été réalisée avec l’appui d’un conseiller proche, placé au somment de l’état, qui a construit la colonne vertébrale de ce complot », aurait déclaré Alex aux enquêteurs, selon le JDD. Quand nous l’avions rencontré au début de l’été, le frère du président du conseil général nous avait pourtant démenti que le cerveau de « cette machination », visant à empêcher Jean-Noël Guérini d’accéder un jour à la mairie de Marseille, serait l’ancien préfet Frémont. Qui d’autre alors ?
Christian Frémont occupe de toute façon une place centrale dans le dossier. En effet, jusqu’à aujourd’hui, le seul lien direct entre les activités industrielles d’Alexandre et les responsabilité d’élu local de Jean-Noël concerne la décharge du Mentaure à La Ciotat. C’est le conseil général qui avait d’abord acheté ce terrain, puis l’avait revendu à la communauté d’agglo d’Aubagne, afin de permettre la création d’une plus grande décharge publique, qui se trouve être exploitée, comme par hasard, par la SMA Environnement, la société d’Alex. Pas joli, joli. En droit ça s’appelle à minima de la « prise illégale d’intérêt » et ça peut aller chercher dans les 5 ans de prison et une interdiction d’exercer toute fonction élective. Good bye Marseille pour Jean-Noël.
Pour sa défense, Alexandre Guérini a toujours expliqué que si son frère avait racheté ce terrain, lui permettant d’y exploiter sa décharge, cela avait été fait sur ordre du préfet, Christian Frémont à l’époque, qui aurait demandé à Jean-Noël de faire jouer son droit de préemption, au nom du conseil général, considérant que cette décharge avait très rapidement besoin d’être agrandie, afin notamment d’y recevoir les déchets des communautés urbaines d’Aubagne et de Marseille. Deux solutions : soit le préfet confirme cette version, et effectivement Jean-Noël est tiré d’affaire, au moins pour cette partie du dossier, soit il l&#82
17;infirme et là les choses deviennent pour le patron du PS des Bouches-du-Rhône, très, très compliquées…

On peut se demander également si ce casting de « VIP » qui sort de l’instruction et se retrouve fort opportunément dans la presse, ne serait pas indirectement orchestré par la défense d’Alexandre Guérini, qui chercherait par cette stratégie du « name dropping » à mettre la pression sur la justice, les politiques, et au plus au niveau possible, histoire d’essayer de mouiller un peu tout le monde. Habile stratégie ou énergie du désespoir ? la suite au prochain numéro.

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