Christian Estrosi programme douze zones économiques spécialisées
Christian Estrosi avait choisi Airbus Helicopters pour présenter ce jeudi la stratégie économique pour son mandat. Il y a surtout fait une annonce, la création d'opérations d'intérêt régional qu'il imagine au nombre de douze. Un échelon de plus pour celui qui avait fait de la réduction de la boite à outil économique un de ses thèmes de campagne.
Christian Estrosi programme douze zones économiques spécialisées
“Jusqu’ici, la région faisait un peu de tout et beaucoup de rien […] Plus personne ne comprenait quoi que ce soit.” Sans surprise, les oreilles de l’ancien président socialiste Michel Vauzelle ont sifflé ce jeudi, alors que son successeur Les Républicains Christian Estrosi présentait la “stratégie économique” pour son mandat. Celui-ci avait choisi le siège d’Airbus Helicopters, à Marignane, pour l’événement et avait sorti sa casquette d’ancien ministre de l’Industrie (juin 2008 – novembre 2009) pour parler aux patrons.
Pour incarner cette idée de simplification, Christian Estrosi avait déjà groupé tous les outils mis en place par la précédente majorité sous le nom de FIER (fonds d’investissement pour les entreprises de la région). Cette concentration, annoncée pendant sa campagne, lui permet désormais d’afficher une ligne budgétaire unique de “94 millions d’euros de dotation pour le premier exercice”. Ce jeudi, l’élu a pourtant ajouté un acronyme de plus dans la longue liste des outils économiques locaux : les OIR, pour opérations d’intérêt régional.
“5 à 6 d’ici la fin de l’année”
Douze zones pour autant de filières seront délimitées. A la tête d’une collectivité dont les pouvoirs économiques ont été renforcées, Christian Estrosi espère en mettre en place “5 à 6 d’ici la fin de l’année”. “Chacune de ces opérations sera co-pilotée par un industriel aux côtés des partenaires publics”, a expliqué le maire de Nice. Est-ce qu’Airbus Helicopters a déjà accepté ce rôle de chef de file ? “Bien évidemment”. Les autres locomotives seraient en cours de recrutement.
“Sur un territoire que nous aurons identifié comme propice au développement économique et à l’innovation, avec l’ensemble des acteurs concernés, nous mobiliserons d’importants moyens financiers, publics et privés, pour créer des territoires pilotes, a exposé le président de région. Les acteurs y seront concentrés et c’est cette concentration qui permettra de stimuler la recherche, l’innovation et le développement”.
Cette définition rappelle furieusement les pôles de compétitivité, une politique nationale que finance en partie la région et qui a fêté ses dix ans en 2015. Les neuf pôles thématiques de la région, qui fédèrent et accompagnent les entreprises d’un secteur, devraient cependant être maintenus. Ce n’est pas le cas des seize Prides (pôles régionaux d’innovation et de développement économique solidaire), lancés en 2006 par l’équipe de Michel Vauzelle. “Ils ont été pour la plupart des échecs, estime le nouveau président sans détailler. Nous allons identifier les quelques-uns qui ont une valeur ajoutée pour les repositionner éventuellement sur les OIR”.
Contribution à négocier
Dans une logique d’économies, il a cependant été demandé à certains pôles de compétitivité de fusionner, comme Pégase (aéronautique) et Risque (sécurité) pour un nouveau budget annuel de 6 millions d’euros. L’ambition financière des opérations d’intérêt régional est toute autre. Elles doivent drainer, selon le président de région, “plus d’1 milliard d’euros d’investissement (1/3 collectivités, 1/3 privé, 1/3 État et Europe) et la création de plus de 50 000 emplois”. On reconnaît là sa passion pour les chiffres ronds. Sauf que pour l’instant le montant de la contribution de la région n’est pas encore connue… Selon lui, ces OIR doivent en effet concentrer les moyens et donc être co-financées par les autres collectivités, ce qui nécessite encore des négociations.
Principale différence avec les pôles de compétitivité, qui n’ont qu’un siège, les opérations d’intérêt régional entraîneront des aménagements sur un périmètre bien défini. Avec une prévision de plus de 80 millions d’euros par pôle, l’enjeu en termes d’attractivité et de revenus est considérable pour les communes d’accueil. Pour les Bouches-du-Rhône, sont évoqués le numérique, l’industrie nautique et l’aéronautique. Le premier devrait selon lui être présenté début juillet.
Même au sein du département, la question de la concurrence entre les territoires se pose. Pour l’aéronautique, le projet Henri Fabre, à Marignane, semble avoir tout pour être choisi. Mais pour l’industrie nautique, La Ciotat et ses hectares libres sera t-elle retenue au détriment de Marseille dont les bassins accueillent quelques entreprises du secteur ? Pour le numérique, alors qu’Aix-Marseille détient le label French Tech, quelle sera la zone retenue alors que les tensions sont déjà vives entre la Belle de Mai et l’Arbois. Christian Estrosi ne fera pas l’économie d’arbitrages douloureux.
Commentaires
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La métropole AMP devrait être associée à ces décisions. Sur le papier, elle est même censée avoir le dernier mot pour choisir les thèmes et les zones de développement qui vont être ciblés sur son territoire dans le cadre du schéma régional de développement économique.
Il n’en est rien puisque JC Gaudin a décidé de prendre son temps, de développer une gestion métropolitaine d’abord attentive aux désirs des communes, de ne rien tenter pour défaire le jeu qui transforme la métropole en un gigantesque Junk Bond (tout ce qui gagne de l’argent reste dans les communes, tout ce qui en perd est transmis à la métropole).
Sortir de ce piège devient impératif car, à ce stade, il ne nous reste plus qu’à espérer que la Région souhaitera associer la métropole à ces choix, ou que ceux qu’elle fera toute seule seront les bons.
L’impressionnant testament laissé par la mission Thery comporte énormément de matière, de projets intéressants comme de fantasmes technocratiques irréalisables. C’est maintenant au politique de s’en saisir, pour construire rapidement un projet métropolitain ambitieux, et dont nous pourrons confronter les priorités à celui que Christian Estrosi est en train d’écrire pour nous, aujourd’hui sur l’économie et demain sur les transports. Sans cela, nous n’aurons pas la maîtrise de notre destin.
Laurent Lhardit, conseiller de secteur, Marseille
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Bien vu !
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L’idée est bonne de fédérer des investissements mais pourquoi empiler les dispositifs ? Ne devrait-on déjà finir d’évaluer ceux existants, dont les pôles de compétitivité, et voir ce qui est complémentaire ? La méthode du zonage est-elle par ailleurs la bonne puisque comme le soulève l’article la mise en concurrence de zones aidées avec d’autres est tout sauf évidente et les critères de sélection risquent d’être arbitraires et opaques. Enfin les négociations avec les multiples collectivités locales relancent le problème du millefeuille, surtout dans une région qui comporte la 2ème métropole de France. Il faudrait un leader attitré dans la zone métropolitaine et que les crédits et les compétences lui soient intégralement transférés.
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