Chamboulements dans les musées de Marseille en vue de 2013

Chamboulements dans les musées de Marseille en vue de 2013

« L’Orientalisme en Europe de Delacroix à Matisse : Taux record d’affluence ! » C’était le titre d’un communiqué radieux publié début septembre par la mairie de Marseille, quelques jours après la clôture de cette exposition qui a attiré « près de 110 000 visiteurs » à la Vieille Charité. « A l’aube de Marseille capitale Européenne de la Culture 2013, la Cité phocéenne démontre sa capacité à accueillir dans les meilleures conditions de grandes expositions », se félicite la mairie.

Sauf que l’Orientalisme sera certainement la dernière grande expo à voir le jour dans l’ancien hospice conçu par Pierre Puget… « Si cet ensemble architectural prestigieux est un lieu touristique majeur, dont la Ville de Marseille souhaite maintenir l’ouverture au public, il ne répond plus aujourd’hui aux contraintes d’accueil des grandes expositions temporaires internationales. La configuration technique du lieu nécessite, pour des raisons de sécurité du public et de sûreté des œuvres, de limiter l’accès aux salles d’exposition et multiplie les moyens nécessaires à sa gestion globale », détaille un avis de marché public lancé en juin « pour la redéfinition des conditions d’occupation et de gestion » de l’équipement. Qui n’est pas le dernier à avoir souffert du manque de moyens dénoncé par des agents municipaux…

Regroupements

Un dossier qui pose plus globalement la question de la « réorganisation des musées », dans le cadre d’un « nouveau schéma directeur culturel » annoncé en conseil municipal avant la fin de l’année. « Dans un souci de cohérence de présentation des collections, de bonne gestion des sites et de meilleure lisibilité de l’offre muséale », explique toujours le règlement de l’appel d’offres, la mairie veut en effet s’appuyer principalement sur quatre grands pôles majeurs : « Les sciences et technologies avec le Museum d’Histoire Naturelle au Palais Longchamp. Le district des Arts avec le musée des Beaux Arts au Palais Longchamp, d’une part, les musées Cantini et MAC, d’autre part, district dont les modalités de regroupement des établissements sont encore en réflexion. Le musée des Arts Décoratifs de Borély. Enfin, le musée d’Histoire de Marseille au centre Bourse ».

Ce dernier devrait notamment récupérer « une partie des collections (archéologie méditerranéenne) » de la Vieille Charité, dont plusieurs organismes scientifique ou associations culturelles occupant les lieux seraient en voie de déménagement. Et pour les grandes expos, ce serait plutôt à l’avenir à Longchamp. Alors, quel avenir pour l’un des fleurons du patrimoine municipal ? La ville veut « faire de la Vieille Charité un lieu d’activité culturelle et/ou festif exceptionnel et permanent essentiel à l’animation du quartier historique du Panier et au rayonnement de la cité, tout en prenant en considération les contraintes architecturales particulières de cet hospice du XVIIème siècle, la fin ou la reprise des activités privées ou déléguées du site et le maintien des activités publiques à préserver ». Mais encore ? Malgré des demandes répétées depuis juillet (!), nous n’avons pu obtenir des précisions de la mairie. Décidément, après notre article sur la numérisation des collections des musées, pour lequel la mairie a toujours refusé de nous livrer la moindre information, la culture est un secteur bien mystérieux…

Pastré transformée en salle de réception ?

Idem pour la bastide Pastré, dont l’avenir est également en forme de point d’interrogation. Car, comme le musée de la Mode (sur la Canebière), le musée de la Faïence que cette bâtisse acquise par la ville en 1974 va voir ses collections déménager à Borely. « La Ville de Marseille souhaite s’interroger aujourd’hui sur le devenir de cet édifice destiné à rester dans le patrimoine municipal », conclut le document. Sans plus de détails. Délégué syndical SDU FSU 13, Jean-Pierre Zanlucca évoque cependant une possible reconversion en « salle de réception ».

Regrettant les fermetures récentes de la maison Diamantée (où loge désormais l’association Marseille Provence 2013) et du musée des Transports, qui sont « un moins à l’offre muséale », il ne conteste cependant pas la logique de « concentration » qui permet une « mutualisation » et donc des économies. Mais craint que, notamment du côté de la sécurité où il exerce depuis 23 ans, les travaux soient suivis par des délégations de service public. « Est-ce que la ville va être à même de gérer un pôle comme Longchamp annoncé comme un petit Louvre ? », interroge-t-il. Une possibilité de recours au privé sur laquelle nous n’avons, encore une fois, pas pu échanger avec la mairie.

Plages d’ouverture plus larges pour 2013

Ceci dit, lorsque l’on parle réorganisation, c’est surtout à un autre volet que pense Jean-Pierre Zanlucca : un nouveau règlement intérieur préparé par le directeur adjoint des affaires culturelles Christian Laget pour remplacer l’actuel, « qui date de 1992 et est complètement caduque », reconnaît le syndicaliste. Les pistes qui seraient à l’étude selon lui : l’alignement sur les musées nationaux pour fermer le mardi et non le lundi, le passage d’une plage d’ouverture unique de 10h à 18h contre 10h-17h l’hiver et 11h-18h de juin à septembre actuellement, l’ouverture également certains jours fériés.

Bonne nouvelle pour 2013, non ? « Nous sommes pour un service public de qualité et cela peut passer par là, mais les personnels sont un peu inquiets car cela bouleverse beaucoup d’habitudes », glisse-t-il. Pour un jour férié travaillé, la FSU aimerait donc par exemple négocier « au minimum deux jours de récupération ». Sauf que comme souvent, le document est en passe d« être négocié uniquement avec Force Ouvrière », le syndicat majoritaire, déplore-t-il. Et cette réorganisation là, le maire ne semble pas prêt de la mener.