[C’est sa tournée ] Au Dôme, Marine Le Pen se concentre sur ses fondamentaux xénophobes
Dans cette dernière ligne droite avant le premier tour, Marine Le Pen a tissé son discours en liant insécurité et immigration. Pour le plus grand plaisir de ses supporters.
[C’est sa tournée ] Au Dôme, Marine Le Pen se concentre sur ses fondamentaux xénophobes
Le lieu, comme toile de fond voire comme prétexte. Dans une campagne nationale, la ville d’accueil des candidats n’est bien souvent qu’un théâtre. Pour couvrir la présidentielle depuis Marseille, Marsactu a choisi de les mettre sur la grille. À chaque déplacement, nous vous racontons leur venue par le prisme de thèmes imposés. Ce mercredi, Marine Le Pen tenait meeting au Dôme, à quatre jours du premier tour.
Le cadre
Cette fois, Stéphane Ravier n’a pas privatisé la scène en y faisant monter ses frères pour chanter du Johnny, comme pour ses vœux en début d’année. Le sénateur et maire des 13e et 14e arrondissements de Marseille était le dernier à avoir tenu meeting au Dôme, salle située à la lisière de son secteur. C’est chez lui, plutôt qu’au parc Chanot, son habituel point de rencontre marseillais, que Marine Le Pen a choisi de s’installer. Preuve que “la vitrine cassée” – comme l’a joliment résumé la Marseillaise – qu’est la mairie de secteur avec ses multiples départs d’élus ne l’a pas effrayée. Malgré tout, la salle ne fera pas le plein malgré les cars venus de toute la région. Les deux ailes resteront vides. La faute à “la fermeture de la station de métro”, dira Ravier. “Bravo d’être là si nombreux malgré les craintes légitimes”, nées du risque terroriste qui plane sur la campagne présidentielle, soulignera Marine Le Pen.
La séquence
Marseille était prévue dès le début comme la dernière étape de la campagne, sous les auspices de Notre-Dame de la Garde, représentée comme souvent en fond de scène. Le choix de Marseille correspond pour la candidate à celui d’une “cité rebelle qui a tant donné au mouvement patriote en le portant en tête à de nombreuses élections”. Marine Le Pen, qui patine dans les sondages, a choisi de revenir aux “fondamentaux”, influencée selon le Canard enchaîné par le conseiller régional venu du Bloc identitaire Philippe Vardon. Le discours se concentre alors sur les thématiques traditionnelles du Front national, insécurité et immigration – “pas difficile de comprendre le lien”, assure-t-elle. Sous les vivats, elle prône “une politique de l’assimilation”, la sécurité sociale “réservée aux Français” ou la préférence nationale avec “la priorité aux Français pour les logements sociaux”. En PACA, terre historique du Front, le ton est au discours dur, comme son père avant elle.
Mais elle n’oublie pas d’aller chasser sur les terres de gauche, notamment de Jean-Luc Mélenchon qu’elle attaque régulièrement, plaidant pour “la protection sociale”, estimant notamment qu’il fallait “exclure les assurances du secteur de la santé”.
Le fixeur
Au Dôme, le fixeur ne peut être que le multi-casquettes Stéphane Ravier. Le sénateur-maire de secteur est aussi membre de l’équipe de campagne et secrétaire départemental, présenté comme le “préfet” du parti. Avec une telle accumulation de fonctions, il est bien entendu au cœur du dispositif. Mais il n’a pas encore l’influence que lui prêtait ce lundi Le Parisien. Le quotidien affirmait qu’à sa demande, Marion Maréchal-Le Pen ne prendrait pas la parole lors de ce rendez-vous. Après discussions, la députée et présidente du groupe d’opposition au conseil régional s’est bien présentée à la tribune. Elle en profitera pour donner le ton du meeting, fustigeant sous les huées “la porte d’Aix, un quartier en totale sécession culturelle”. Stéphane Ravier s’exprimera après elle, ce qui dans le langage protocolaire, vient souligner l’importance du parlementaire marseillais. Il la saluera finalement, comme pour nier toute querelle : “Notre amie, la si talentueuse Marion Maréchal-Le Pen” avant de s’incliner en sa direction, mains jointes sous le menton.
L’invité surprise
Ceux qu’on n’attendait pas sont les militants de l’Action française. Ils sont bien là “les héritiers de Charles Maurras”, présents à l’entrée du meeting, pour distribuer leurs tracts clamant que “l’Action française est l’espoir de la France”. Une jeune femme les interroge : “C’est pour Marine ?”. “Non, c’est l’Action française”, répond l’un d’eux. “Ah, c’est contre Marine alors ?” “Oui, enfin, non pas vraiment”, hésite le même militant royaliste. Il faut dire qu’à Marseille, l’Action française est très proche du Front national. Stéphane Ravier ne manque jamais une occasion de les saluer comme “des militants exemplaires”. Et qu’importe si, en meeting, Marine Le Pen présente son projet comme “conforme à l’idéal républicain”.
Le quidam
Dans le public, dans les premiers rangs, on pouvait croiser cet homme portant pantalon de treillis et t-shirt noir avec bien en évidence tatouée sur son bras, une croix celtique, symbole des mouvements d’extrême-droite. Il tient dans ses bras un panneau “Marine, l’identité”. D’autres panneaux “Marine, la prospérité”, “Marine, la sécurité”, “Marine, la liberté”, avaient aussi été distribués.
Prise au mot
Marine Le Pen n’a pas oublié d’enfiler les lieux communs de “la ville rebelle” ou de la Provence de “Daudet” et “Mistral” et de réaliser la quine avec “le chaud soleil de votre beau midi”. Pour le reste, le discours s’est concentré sur un discours d’exclusion résumé par ces quelques phrases : “La submersion migratoire est en train de nous emporter sur son passage. La mondialisation et son corollaire, l’immigration, mine notre pays. Nous sommes sous la menace d’une dilution de notre identité nationale. Posons-nous les questions. Allons nous pouvoir vivre encore longtemps comme des Français en France alors que des quartiers entiers deviennent quasiment des zones étrangères, alors que les règles et les modes de vie venus d’ailleurs tentent de nous être imposés, parce que nos valeurs de civilisation sont contestées ?” Dans son bingo marseillais, Marine Le Pen n’a pas coché la case “cosmopolitisme”.
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