Ces élus prêts à se présenter malgré les affaires judiciaires

Actualité
le 10 Mar 2017
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L'élu Les Républicains Dominique Tìan sera candidat aux législatives malgré son renvoi en correctionnelle pour "blanchiment de fraude fiscale". Il ne sera pas le seul à avoir maille à partir avec la justice tout en sollicitant un mandat de député.

Dominique Tian
Dominique Tian

Dominique Tian

L’impact de l’annonce de son renvoi devant un tribunal correctionnel est venu bousculer son agenda politique. Dans le cahier régional du Point paru ce jeudi, Dominique Tian affirme son ambition pour 2020. Pour lui, à droite après Jean-Claude Gaudin, “il y aura une primaire et j’irai”. Une ambition affirmée mais un timing étrange. Le député et premier adjoint au maire ne pouvait bien sûr pas contrôler ce calendrier puisqu’hier encore, il affirmait à Marsactu ne pas avoir été officiellement informé de son passage par la case tribunal pour “blanchiment de fraude fiscale”.

Malgré ce premier télescopage, Dominique Tian n’imagine pas mettre en sommeil son action politique pour se défendre. Avant le combat municipal de 2020, il sera à nouveau candidat dans la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône en juin. “Un boulet au pied, ça n’empêche pas d’avancer, on le fait juste un peu plus lentement”, nous avait expliqué il y a quelques mois un élu qui évoquait l’affaire des comptes suisses de Tian. L’intéressé n’a pas répondu directement à la question mais mis en avant “la présomption d’innocence”. Alors que François Fillon a lui aussi maille à partir avec la justice, le président local du parti Les Républicains Bruno Gilles n’a pas souhaité répondre. Contactées, les instances nationales n’ont pas plus donné suite à nos demandes.

À gauche, Maggi et Jibrayel

Dominique Tian ne sera pas le seul élu surveillé par la justice à mener bataille aux législatives. À gauche, le député-maire de Velaux et soutien d’Emmanuel Macron Jean-Pierre Maggi hésite quant au scrutin de juin. Il est toujours mis en examen pour détournement de fonds publics, trafic d’influence, favoritisme et prise illégale d’intérêts dans un dossier lié à sa présidence du syndicat départemental d’incendie et de secours jusqu’en 2014.

Le député Henri Jibrayel se représente lui aussi dans sa circonscription, la 7e des Bouches-du-Rhône qui regroupe une bonne partie des quartiers Nord. Il est mis en examen pour abus de confiance et prise illégale d’intérêts. Les juges le soupçonnent d’avoir été derrière le financement par deux associations de croisières à destination des seniors et ce à des fins électorales. Dans son parti, la jurisprudence s’appelle Sylvie Andrieux. Le parti socialiste n’avait eu aucun problème à l’investir en 2012 malgré sa mise en examen avant de lui retirer le poing et la rose à l’annonce de son renvoi devant un tribunal. L’affaire de détournement de fonds publics, bien plus grave que celle déjà citée, lui aura valu l’inéligibilité et une peine de quatre ans de prison dont un ferme.

“L’instruction n’avance pas”, déplore Jibrayel

Jibrayel n’a donc rien à craindre du côté de son parti sauf en cas de décision de clôture de l’instruction et d’éventuel renvoi des juges d’ici le dépôt des candidatures, ce qui semble très improbable en terme de calendrier. Lui assure qu’elle n’entrave en rien sa capacité à être élu : “Cette vieille histoire dont plus personne ne parle ne me coûte pas des voix mais au contraire m’en rapporte. Je n’ai pas mis un sou dans ma poche”, explique-t-il, sûr de la confiance des électeurs. Il fustige aussi “une instruction qui n’avance pas”. La première lettre anonyme dénonçant ces croisières est en effet arrivée au parquet de Marseille dès 2011 et sa mise en examen date de décembre 2014.

Ironie de l’histoire, il pourrait y retrouver, comme en 2012, Karim Zeribi, ex Europe écologie-les Verts, lui aussi mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en 2015 pour détournements de fonds publics, d’abus de confiance et d’abus de biens sociaux. L’affaire concerne l’utilisation des fonds de deux associations que Karim Zéribi a présidées ainsi que son activité entrepreneuriale. Chroniqueur radio sur RMC, Karim Zéribi a lui aussi regretté maintes fois la lenteur supposée de la justice.

Le dossier Tian aura lui abouti plus vite puisque le parquet de Paris a choisi de garder la main sur l’enquête. C’est aussi le choix très régulièrement effectué par le parquet national financier qui, pour aller plus vite, limite drastiquement le recours aux juges du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris. Revers de la médaille : les droits de la défense lors de l’enquête préliminaire sont bien plus limités que dans le cadre d’une instruction judiciaire classique. Dans un entretien à 20 minutes ce mercredi, Dominique Tian l’a d’ailleurs regretté : “Apparemment, il y a une convocation pour une citation directe, j’espère que je pourrai quand même rencontrer un juge avant.” Une demande qui ne cadre pas avec la procédure choisie par le procureur de Paris.

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Commentaires

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  1. corsaire vert corsaire vert

    Il serait temps de voter une loi pour que les citoyens qui sont en instance de jugement ou mis en examen soient empéchés de se présenter à des élections jusqu’à la preuve de leur innocence … quel candidat propose cela ?
    Ils comptent tous sur une élection pour passer entre les mailles de la justice , c’est malhonnête et ils se soutiennent de haut en bas ces truands !!!
    On dirait que plus ça sent mauvais ,plus les électeurs sont attirés ….

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  2. vékiya vékiya

    ils auraient tort de s’en priver puisque ils vont encore trouver des électeurs pour leur faire con-fiance ! les français adorent les corrompus.

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    • LaPlaine _ LaPlaine _

      Cf Balkany à Levallois.

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  3. Happy Happy

    Jibrayel : “Je n’ai pas mis un sou dans ma poche. Mais cette affaire me rapporte des voix.” Oui, et quand on est un professionnel de la politique, les voix se convertissent en sous, par la rémunération du mandat, sans parler des bénéfices du statut d’élu et de notable.

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  4. barbapapa barbapapa

    Le Tian, comme beaucoup, ne semble pas s’offusquer d’être confondu d’immoralité. Chez ces gens là, quand tu n’as pas des millions soustraits au budget de l’Etat et planqués en Suisse, tu as ratétavi. Et il ne faut pas hésiter à salir la mémoire de ses aïeux en narguant les juges d’un bien pensé “c’est un héritage”, alors qu’on a été boss de moultes maisons de retraites, dans lesquelles il se dit que le black circule à fond la caisse entre professionnels des professions médicales…

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  5. julijo julijo

    Quelque part ils auraient tort de s’en priver. Comme il est dit plus haut (patrick) ils trouveront toujours des électeurs pour les faire élire.

    Les “politiques” professionnels sont la nouvelle chienlit française.
    Nous devenons la risée des pays européens voisins, qui eux, ont mis en place, pour la plupart des règles précises…et n’hésitent pas à envoyer en prison les “vrais” malfrats protégés par un mandat d’élu.
    Parce que non seulement ils volent la République et ce n’est pas glorieux, mais surtout ils trompent les gens.
    Ils exigent de l’honnêteté, ils exigent un baisse des coûts des budgets de l’état…”la dette ! mon dieu la dette !!” ils souhaitent moins de fraudeurs (pour parfois 1000 euros par an) à la sécu, au chômage…chômeurs qui sont trop payés….etc. Et tout ça, la main sur le coeur !! Voir fillon sur ce sujet, récemment, c’est presque une caricature…mais tant d’autres aussi.
    Tian n’a pas peur de se “battre” pour que les fraudeurs soient punis….mais pas lui !! Il est vrai qu’ils ne jouent pas au même endroit de la société civile. Et lui, élu, il considère qu’il a le droit ! c’est ca le pire, c’est donc un voleur mais légitime.
    Le chômeur qui n’a pas de quoi manger, n’a pas le droit de frauder (et c’est bien normal) mais tian, lui, il mange, mais il a des frais, et lui il est ELU !!!

    Tous, ils sont la honte de la France aujourd’hui. et malgré tout ils ne représentent pas la totalité des élus, mais d’eux, on en parle, et ils sont tous lamentables.

    La plupart seront reélus en juin 2017. C’est la morale à la française !

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    • LaPlaine _ LaPlaine _

      Je ne vais pas encore paraphraser de Gaulle au sujet du côté bovin de l’électorat mais il faut bien reconnaître que le paysage est assez affligeant. Soit “on” (re) vote pour des candidats peu irréprochables (pour euphémiser) soit pour des extrêmes peu recommandables, par réaction. Tout une partie de l’électorat a déserté le vote de réflexion, un tant soit peu sensé et moral. On en connait hélas un peu les nombreuses raisons et nos sociétés se délitent petit à petit.

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  6. Manipulite Manipulite

    Morale et politique : un oxymore. Les Marseillais ont les élus qu’ils méritent . Fatigue démocratique.

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    • LaPlaine _ LaPlaine _

      Grosse fatigue oui.

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  7. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Tout de même, c’est difficile de critiquer la volonté de ces présumés-innocents-gnagnagna d’être candidats quand un mis en examen sollicite les suffrages pour accéder à la magistrature suprême.

    Le poisson pourrit par la tête, c’est connu.

    Ces élus qui font semblant de ne voir aucun problème dans leur comportement et ses conséquences judiciaires nous préparent tranquillement des lendemains très difficiles. Mais ils s’en foutent : l’essentiel est que leur carrière personnelle dure “encore un peu de temps, Monsieur le bourreau”…

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  8. barbapapa barbapapa

    Ce serait drôle d’avoir un Président peigné 1960, rastègue doublé d’un rascouss, vénal même avec ses enfants (ça fait froid dans le dos), gigolo pour ses costumes et pardessus (il n’est pas allé jusqu’aux dessous on espère !), jean-foutre avec la Justice… ET ALORS ?????

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  9. Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

    Pour paraphraser un célèbre ancien Premier ministre : ET ALORS ? Je serai candidat, je serai élu, je bénéficierai de l’immunité, la justice patientera et Viva la vida ! Five more years !

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