Budget, logement social et caméras : les dossiers chauds d’un conseil municipal allégé
La séance du conseil municipal marseillais qui se tient ce 28 juin s'annonce ramassée. Dans un contexte de campagne électorale inopiné, son ordre du jour est resserré, notamment autour des questions budgétaires.
Le conseil municipal du 19 avril 2024. (Photo : PID)
Les mots sont choisis et pesés. “Ce conseil municipal sera un peu particulier, dans une période que nous n’avions pas prévue comme ça.” Mardi 25 juin, lors du rituel point presse préparatoire à chaque conseil municipal, Joël Canicave, adjoint au maire (PS) chargé des finances et président du groupe majoritaire Printemps marseillais, est seul à la tribune. D’ordinaire, l’ordonnateur du budget est accompagné d’autres élus dont la présence reflète la teneur des débats à venir. Cette fois, non. La séance du conseil municipal du 28 juin se tient deux jours avant le premier tour de législatives anticipées dont le pouvoir inflammable sur la classe politique locale comme nationale n’a échappé à personne. “Mais il n’est pas question que le conseil se transforme en foire d’empoigne, il n’y aura pas de place pour la campagne électorale dans les travées. Il faut que la ville soit digne”, cadre Joël Canicave.
Après l’annonce inopinée de la dissolution, il a, un temps, été envisagé que le conseil municipal soit décalé. Mais il aurait fallu pour cela obtenir l’aval du préfet, puisque la séance doit obligatoirement entériner le compte administratif de la commune avant le 30 juin. Il a donc été décidé “de garder la date du conseil, mais de l’épurer au maximum”. Seule une cinquantaine de dossiers sont donc inscrits à l’ordre du jour. Et seul le vote des questions budgétaires devrait amener un débat entre les élus. “En conférence des présidents de groupes, il a été acté une durée de 2 h 30.” Car précise, encore l’adjoint, “beaucoup d’élus sont impliqués dans la campagne” qui auront besoin, sitôt les affaires courantes expédiées, de filer sur le terrain pour les ultimes heures de campagne avant le premier tour. Certains pourraient même sécher pour aller tracter.
Sur Marsactu aussi, le suivi du conseil est allégéUne fois n’est pas coutume, en raison de l’actualité politique, Marsactu ne consacrera pas de suivi en direct à ce conseil municipal marseillais. Vous retrouverez en revanche toute l’équipe pour un live de la soirée électorale ce dimanche.
Le menu, donc, est concentré. Outre les points budgétaires, placés en ouverture, quelques délibérations retiennent l’attention. Il sera question pêle-mêle de subventions, des kits scolaires pour les élèves du primaire, de l’aide aux centres sociaux restant ouverts l’été, de lutte contre l’habitat indigne ou de vidéosurveillance… À défaut de débats enflammés, ces rapports devraient tout de même donner lieu à des discussions, durant lesquelles, promet Joël Canicave, “on ne devra pas sortir des clous du conseil municipal et bien se tenir”. Chiche ?
Les investissements en hausse
Investir plus tout en se désendettant. C’est le bilan 2023 dont s’enorgueillit la majorité municipale, à l’heure de présenter les comptes de l’an dernier. “Pour la première fois depuis 2013 – année particulièrement riche en investissements du fait de l’année capitale européenne de la culture – nous avons dépensé en 2023 plus de 240 millions d’euros en investissements”, souligne l’adjoint aux finances, Joël Canicave (PS).
En progression de 46 millions par rapport à 2022, cet effort est principalement porté sur les écoles et crèches. Le volume de cette grande cause du mandat a presque doublé pour atteindre 85 millions d’euros. Une forme de réponse aux critiques passées de l’opposition, après un exercice 2021 marqué par une réalisation (21 millions d’euros) très loin des montants budgétés.
Malgré cette accélération des chantiers, la Ville a poursuivi le désendettement constant opéré depuis 2015, accru par un remboursement anticipé d’emprunts lourds à porter. “Pour la première fois depuis près de 30 ans, la Ville de Marseille passe en dessous du seuil de 100 %”, retrace le rapport. Marseille reste cependant la plus endettée des grandes villes de France, avec 1443 euros par habitant, le double de Lyon.
Pour tenir les deux bouts entre investissement et dette, l’équipe de Benoît Payan avait dans un premier temps misé sur une hausse de la taxe foncière et des recrutements réduits. Cette logique est arrivée à son terme en 2023 avec des dépenses de fonctionnement “bien plus dynamiques” que les recettes. Les effectifs, après une timide hausse en 2022, ont ainsi enregistré un premier bond avec +511 agents. La flambée des coûts de l’énergie a aussi pesé lourd (+16 millions d’euros) malgré une réduction des consommations de 5 % pour l’électricité et de 9 % pour le gaz.
Pour tenir son cap jusqu’à la fin du mandat, il reste un levier majeur à la Ville : la signature d’un nouveau contrat avec le département. En queue de comète des engagements pris en 2019 entre Martine Vassal et Jean-Claude Gaudin, la collectivité n’a versé que 16 millions d’euros de subventions l’an dernier, environ 12 % de son enveloppe globale pour les communes. Confiant, le rapport présenté aux élus municipaux espère un accord à l’automne 2024.
Un contrat pour plus de logement social à Marseille
Il y a quelques mois, la Ville de Marseille n’est pas passé loin d’être placée en situation de carence par le préfet Christophe Mirmand, au vu des efforts de construction de logements sociaux dans les trois dernières années. Avec un taux de 21,8 %, la Ville ne répond pas aux objectifs fixés par la loi SRU qui prévoit 25% de logements sociaux. Si le préfet n’a pas sanctionné la Ville, il lui impose la signature d’un contrat de mixité sociale avec l’État et la métropole, qui couvre la période 2023-2025. Ce contrat qui doit être approuvé ce vendredi fixe des objectifs de rattrapage ambitieux, avec 5 243 logements sur la période, soit “40 % des logements sociaux manquants”. La Ville y ajoute un potentiel supplémentaire de 739 logements permettant d’atteindre 110 % des objectifs visés sur la période.
70% des logements à construire le seront “dans le diffus”, c’est-à-dire pas dans le cadre de projets immobiliers neufs, et principalement dans les arrondissements en fort déficit, notamment au sud et dans le centre de la ville. Le 6e (5,1 %), le 7e (6,37 %) et le 8e (9,98%) font partie des arrondissements visés en priorité avec la difficulté supplémentaire du peu de foncier disponible. Ainsi, le 15e reste celui qui accueille le plus de logements sociaux avec plus 1100 logements bâtis sur la période, notamment grâce à l’opération d’aménagement Euroméditerranée. Le 6e n’en compte que 45…
Les autres secteurs visés sont les zones d’aménagement concerté portées par la métropole comme celles de la Capelette ou Vallon de Régny. Le recyclage d’habitat ancien ou de copropriétés pèse peu dans la balance générale du contrat de mixité sociale.
La villa valmer garde son hôtel et son parc
La villa Valmer est le lieu habituel des photos de mariage marseillais. Le conseil municipal du jour scelle l’union entre le projet d’hôtel – longtemps combattu par le maire quand il était dans l’opposition – et le maintien du parc public sur l’intégralité du site. Les conseillers municipaux doivent valider la médiation entre la Ville et le promoteur, Pierre Mozziconacci. Celui-ci a accepté de revoir son projet d’hôtel, en le recentrant autour d’un ancrage culturel et écologique. Il rétrocède 1700 mètres carrés de parc public et participera également à la renaturation du parc, en balcon sur la Corniche. Le projet commun vise à faire classer la villa par l’État au rang des monuments historiques.
La réforme du temps de travail ne passe pas pour les syndicats
Les préavis courent pour l’un, jusqu’à la fin de l’année scolaire, et pour l’autre, jusqu’à la fin du mandat de Benoît Payan. À l’appel de la CGT, de la FSU et de l’alliance CFTC-CFE-CGC, les agents des écoles manifesteront ce vendredi à l’entrée de la salle du conseil. Ils dénoncent le projet de la Ville qui refonde les rythmes de travail pour les agents des écoles. Ces derniers travailleront un peu plus chaque jour en échange de mercredis chômés. Le nombre de ces jours chômés varie en fonction du niveau d’absentéisme dans les écoles. Pour les syndicats, cet accord ne permet pas la prise en compte de la pénibilité des agents.
La vidéo-protection à la loupe
La droite s’en dit “satisfaite”. Le conseil actera avec le point n°52 la création d’une mission d’information et d’évaluation sur la vidéoprotection que le groupe d’opposition Une volonté pour Marseille a réclamée avec force tambours et trompettes à plusieurs reprises. “Il n’y a aucun souci et aucune raison que nous la refusions”, glisse Joël Canicave avant de préciser : “Il faut faire une mission qui ait du sens et prendre le temps de la faire correctement.” Elle s’étalera donc sur une durée de deux mois et conduira ses travaux en septembre et octobre prochains, après l’épineuse période électorale et les vacances.
Julien Vinzent, Coralie Bonnefoy et Benoît Gilles
Commentaires
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Les dépenses de fonctionnement à la hausse avec un bond dans les recrutements.
Il est clair qu’on ne pouvait s’attendre à autre chose avec le recrutement massif de contractuels alors que de nombreux fonctionnaires restent sans affectation.
La “gauche” aurait elle peur de la fonction publique?
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Non. Mais la compétence des agents marseillais y est peut etre pour quelque chose…
Sous l’aire Gaudin, ils ont fait la gloire de Marseille…j’imagine qu’ils ne sont pas tous morts
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Et cela peut permettre aussi de contourner le service placement à la mairie de FO.
Mais “in fine” cela coûte cher,contractuels en remplacement des placardisés l’addition est doublée .Pas grave on augmente les impôts.
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L’addition pourrait même être triplée s’il s’avérait que les contractuels en question ne sont pas plus “productifs” que les fonctionnaires placardisés : une entrée pour le paiement des placardisés, un plat pour le paiement des contractuels inconsistants, un fromage pour le re-recrutement de fonctionnaires efficaces.
On verra pour le dessert !
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Arrêtons un peu de rester dans les préjugés de base consistant à dire que les employés municipaux sont incompétents, comme partout, y compris dans le privé, il y a des erreurs de casting, mais ce n’est pas une majorité. Et ne pas croire non plus que tous les contractuels recrutés font mieux, eux qui n’ont pas de connaissances ou d’expérience particulières des collectivités locales.
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