l’Algérie bannie des terres aixoises
Deux fois n'est pas coutume. Le film de Gillo Pontecorvo La Bataille d'Alger, censuré au moment de sa sortie en 1966 – et ce juqu'en 2004 – est aujourd'hui annulé tout comme l'ensemble des rencontres sur l'Algérie, manifestation prévue en divers lieux culturels aixois intitulé "50 ans après l'indépendance, l'Algérie ?". Des films et spectacles sur l'Algérie devaient être diffusés, comme la pièce de théâtre de Xavier Marchand, Il était une fois Germaine Tillon, du nom d'une résistante engagée contre la torture durant la guerre d'Algérie. Des débats devaient également être organisés avec des intervenants algériens tels que le poète El Mahadi Acherchour, la journaliste Salima Ghezali ou encore l'auteur Akram Bulkaid.
La maire aixoise Maryse Joissains et l'élue à la culture Patricia Larnaudie ont purement et simplement décidé d'annuler l'événement, sous prétexte de porter atteinte à l'ordre public dans la mesure où la manifestation serait très pro algérienne. Patricia Larnaudie, contactée à plusieurs reprises, n'a jamais donné suite à nos sollicitations. Pas plus qu'elle n'a expliqué les raisons de son refus aux organisateurs de l'événement. Du côté de la Cité du livre qui devait accueillir l'événement, on nous explique que la discussion n'a pas été possible. " On nous a dit avec beaucoup d'agressivité qu'il était absolument hors de question de parler de l'Algérie, qu'il était même irresponsable d'évoquer ce sujet, d'autant que la commune comptait une très importante communautés de rapatriés qu'il ne fallait pas heurter". Rien de bien étonnant lorsque l'on se rappelle que Maryse Joissains s'est déjà illustrée à plusieurs reprises par son positionnement très nostalgérique. Sabine Putorti, de l'institut de l'image a elle aussi fait part de sa déception : "l'adjointe à la culture a tout à fait le droit de valider ou non une proposition. Mais j'aurais voulu qu'on en discute. Je ne désespère pas d'obtenir un rendez-vous avec elle ou Maryse Joissains. Mon travail est culturel, je regrette qu'il prenne une tournure politique. La programmation n'était pas engagée, il y a eu un malentendu sur les intentions qu'on nous a prêtées. Je suis chargée de diffuser et de défendre des films, c'est tout. Et je pense que 50 ans après l'indépendance de l'Algérie, il est temps de discuter."A quelques jours seulement de l'annulation de l'exposition Camus, ce deuxième flop interroge sur les raisons réelles d'un tel échec. Selon notre source de la Cité du livre, "même s'il y a bien plusieurs facteurs et que Marseille-Provence 2013 n'est en rien innocent dans cette annulation, là encore on ne peut que constater qu'il existe bien un contexte politique."Vous avez un compte ?
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