Des habitants d’un squat marseillais inquiétés par la police pour une banderole

“Tu veux savoir si t’as le corona ? Crache sur un bourgeois et attends ses résultats. Solidarité avec les travailleuses.” Ce message satirique en forme de banderole affichée sur la façade d’un squat d’habitation de Saint-Charles a suscité plusieurs interventions de police pour la confisquer, entre le 9 et le 15 avril. Face à la mobilisation de quatre voitures de police, les occupants ont finalement décidé de retirer la banderole le 11 avril.

Le lendemain, “deux OPJ [officiers de police judiciaire, NDLR] sont venus, raconte un occupant à Mediapart. Ils nous ont dit qu’ils voulaient vérifier le nombre d’habitants, procéder à des contrôles d’identité et récupérer la banderole si elle [était] toujours là.” Quatre personnes acceptent de se plier au contrôle d’identité sans remettre la banderole. Elles ont été ensuite convoquées en audition libre au commissariat de Noailles. Deux des quatre s’y sont rendues. “Les policiers en ont profité pour prendre leurs empreintes en les menaçant de garde à vue s’ils refusaient”, rapporte leur avocate, Me Laurence Henry.

Le motif signifié par le commissariat à l’avocate est “affichage sauvage”. Celle-ci s’étonne du traitement réservé à ces clients sur ce point : “quand des gens mettent à leur fenêtre des banderoles de soutien au personnel soignant, on ne les convoque pas.” Contactée par Mediapart ce jeudi, la préfecture de police considère que “la nature de ces propos peut constituer une incitation à la haine, voire une mise en danger d’autrui en incitant à contaminer volontairement quelqu’un en lui crachant dessus en période d’épidémie”, et précise que “la procédure a été transmise au parquet pour étude”.