Benjamin Stora : "Le grand perdant, c'est Camus"
Benjamin Stora : "Le grand perdant, c'est Camus"
"Le grand perdant de cette histoire, c'est Camus." C'est ainsi que l'historien Benjamin Stora, grand spécialiste de l'Algérie, est revenu sur les ratés de l'exposition Camus et sur son éviction – toujours inexpliquée – au rôle de commissaire d'exposition, après quatre années de travail. Benjamin Stora a fait part de son scepticisme face à l'annonce de la mairie aixoise de réaliser envers et contre tout, à trois mois du lancement de l'année capitale culturelle, une exposition : "le risque est qu'elle soit essentiellement une exposition municipale, alors que l'objectif de départ était de faire en sorte que le personnage de Camus soit une figure passerelle entre les deux rives de la Méditerranée."
"L'Algérie française, c'est vraiment fini"
Réagissant sur les dernières déclarations de François Hollande, reconnaissant la responsabilité de la République dans la tragédie du 17 octobre 1961, Benjamin Stora a salué la démarche. "Les travaux des historiens depuis une vingtaine d'années avaient largement mis à jour cette tragédie. Il y a déjà une journée nationale d'hommage aux harkis, de même qu'un monument à la mémoire des pieds-noirs morts pendant la guerre d'Algérie.[…] Mais jusqu'à présent, rien n'avait été fait du point de vue des Algériens morts en France. Il fallait combler ce fossé au niveau de la reconnaissance". L'historien a également rappelé les liens indéfectibles qui continuent d'unir l'Algérie et la France, en raison de "l'importance de la diaspora algérienne en France. Des centaines de milliers de personnes vivent en France et notamment à Marseille et dans la région, depuis deux, trois ou quatre générations."
Marseille, "ville d'accueil" serait-elle un pure mythe ? S'il y eu "des affrontements, des tensions" dans l'histoire de l'immigration, une chose est certaine pour le professeur des Universités de Paris 13, "les gens qui sont là, qui sont nés ici, ne partiront pas. Leur vie est ici." Quoi qu'il se passe, "la singularité de Marseille, c'est qu'elle est une ville ouverte sur le reste du monde." Quant à l'Algérie, "si les traces de la présence française de peuvent pas s'évanouir, l'Algérie française, c'est vraiment fini.[…] Marseille et Alger, deux capitales qui se font face."
Dernier ouvrage de Benjamin Stora, Voyage en postcolonies, Viet Nam, Algérie, Maroc. (Chez Stock). 17 €
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Pour être exact, la conférence portait sur les travailleurs algériens depuis 1912 jusqu’en 1962 (donc bien avant la Guerre).
Se connecter pour écrire un commentaire.