Avec Sarkozy, la culture ne fait pas que des euros…

Avec Sarkozy, la culture ne fait pas que des euros…

« La dépense publique ne tient pas lieu de politique, mais si je n’avais pas commencé par cela, vous auriez dit « ce ne sont que des mots ». » C’est par cette adresse habile au monde culturel à qui il adressait mardi midi ses vœux que Nicolas Sarkozy a conclu sa défense mordicus de l’idée selon laquelle « la culture, c’est la réponse française à la crise ». La crise « des valeurs, de l’héritage, des répères », mais aussi l’économique et financière, celle qui rime avec austérité budgétaire. Avec un chiffre à l’appui : les crédits de la culture ont selon lui gagné « +21% entre 2007 et 2012″ alors que « pas un pays au monde » n’a augmenté son budget.

Retrait ou effort exceptionnel ?

Une idée qui prend le contre-pied de celle portée par de nombreux acteurs culturels et d’élus locaux. Ainsi de Patrick Mennucci, vice-président PS du conseil régional dénonçant le matin même ses « difficultés à faire respecter le financement de l’Etat pour le Fond régional d’art contemporain », avant d’affirmer que « les conversations avec les structures culturelles partent toujours du même principe : l’Etat s’est retiré ». Ex-directeur général de Marseille Provence 2013 présent aux vœux, Bernard Latarjet conteste : « dans le contexte budgétaire, les efforts des acteurs publics (Etat et collectivités locales) sont exceptionnels. On peut toujours dire qu’il manque de l’argent, mais on ne peut pas dire que l’on soit défavorisés à Marseille et en Provence ».

Son successeur Jean-François Chougnet est lui tout en nuances. Il semble d’abord ne pas vouloir passer sous silence les difficultés de nombreuses structures : « même dans les institutions où l’Etat est présent comme le théâtre de la Criée ou le Ballet national, et qui disposent de budgets importants, une diminution simplement de quelques points de la part de l’Etat est difficile à compenser », entame-t-il. Avant de mettre en garde : « pour préparer 2013 il faut une bonne santé du tissu culturel, on ne créé pas une capitale dans un désert ».

Un budget qui fait débat

Mais, après le discours, s’il torpille l’affirmation du président selon laquelle la France ferait exception en Europe, citant l’Allemagne, il trouve « incontestable que les budgets de la culture ont été préservés en France pendant la crise ». Tout en notant une distinction entre les crédits d’investissements, en augmentation portés notamment « par les grand chantiers parisiens », et les subventions de fonctionnement. « Après tout dépend de la manière dont on calcule les chiffres », conclut-il, faisant référence aux inévitables « débats d’experts » sur le sujet.

Sans prétendre à ce titre, on ne peut que souligner les curieuses évolutions de la présentation du budget ces dernières années : de 3 milliards environ pour 2008 (le premier budget voté sous son quinquennat), on passe à près de 7,5 Mds€ en 2012. Sous-entendant qu’il y a eu un sérieux mercato dans ce que recoupait ce beau gâteau en « augmentation ». En ne se concentrant que sur la ligne « mission culture, recherche et enseignement supérieur », qui était la seule à figurer à l’origine, le constat est bien moins reluisant : un recul de 2,4%.

L’important est ailleurs ?

Derrière le débat budgétaire, la CGT Spectacle, qui ne dirait pas non à un petit coup de gonflette des crédits, estime que l’essentiel est ailleurs : dans le contenu de la politique culturelle (nous y reviendrons prochainement).

Même idée chez Frédéric Martel, auteur du livre « J’aime pas le sarkozysme culturel » et conseiller de Martine Aubry invité des contre-voeux du PS à Marseille : l’important serait avant tout de revenir à « l’équité, des règles, une égalité de traitement, notamment dans les nominations, comme on l’a vu à la Criée » (où Macha Makaïeff avait été faisait office de choix de l’Elysée). Ça a l’avantage de désamorcer la non-promesse de François Hollande d’augmenter ces même budgets dont on dénonce la maltraitance mais seulement de les « sanctuariser »...

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