Avec le départ de l’adjoint à la sécurité, première crise de majorité à la mairie d’Aix
La démission surprise de Sylvain Dijon, adjoint aixois à la sécurité, sonne comme un divorce politique avec la maire (UDI) Sophie Joissains. L'élu quitte la majorité municipale pour des raisons personnelles, mais ne manque pas de critiquer la gouvernance actuelle.
Maryse et Sophie Joissains, Gérard Bramoullé et Sylvain Dijon, durant la campagne municipale de 2020 à Aix-en-Provence. (Photo C.By.)
“C’est déjà un exploit d’avoir tenu aussi longtemps avec cette majorité municipale”, ironise-t-on dans les couloirs de l’hôtel de ville d’Aix-en-Provence après l’annonce de la démission de l’adjoint à la sécurité Sylvain Dijon le 14 février. Car la maire (UDI) Sophie Joissains n’a pas choisi ses élus, elle a récupéré les équipes de sa mère Maryse Joissains en héritant du siège en 2021. Si jusque-là les rangs étaient restés plutôt resserrés, la majorité municipale connaît là sa première désertion. Mais aussi un premier test alors que l’ancien adjoint remet en cause la politique générale menée. Avec comme question sous-jacente celle de la capacité de la maire actuelle à maintenir un cap avec une équipe construite par sa prédécesseure.
Auprès de La Provence, lors de l’annonce de sa démission, l’élu justifie son choix par “d’autres ambitions personnelles”. Mais aussi par des désaccords. “Il y a des crispations internes, reconnaît en effet Sylvain Dijon auprès de Marsactu. Il y a eu au début du mandat de forts engagements. Par la suite, les prises de décision étaient plus longues et le budget n’a pas suivi. C’est un combat quotidien de défendre ses dossiers. Il faut donc être soutenu et je n’avais plus l’impression que c’était le cas récemment.” L’ancien adjoint nuance, avec ce qui ressemble à une critique dissimulée : “Je n’étais peut-être pas la bonne courroie de transmission”.
Sylvain Dijon a été le directeur de campagne de Maryse Joissains lors des élections municipales de 2020. Il était également très proche de Gérard Bramoullé, bras droit de l’ancienne maire, décédé le 1er décembre dernier. Plus proche de Maryse que de Sophie, l’élu âgé de 35 ans était déjà perçu au sein de la majorité municipale comme un électron libre.
“Une critique en creux du passage de témoin”
“Je comprends parfaitement les aspirations professionnelles et personnelles d’un jeune élu, qui sont incompatibles avec les obligations de disponibilité et de sacrifice qu’impose la fonction”, a réagi officiellement la maire par communiqué à la presse le 15 février. En revanche, les commentaires politiques de l’ancien colistier laissent Sophie Joissains plus amère. “J’ai été étonnée de la tonalité de ses déclarations dans la presse qui ne correspondaient pas à celles de nos échanges. J’ai compris que nous n’étions plus en phase et que l’air de rien, il souhaitait mettre le maire et la majorité en difficulté, ce qui n’est pas acceptable”, poursuit-elle dans son courrier. En réponse aux critiques de l’élu sur le départ, la maire a annoncé récupérer, pour l’instant, la délégation de la sécurité en direct. “La sécurité est et reste ma priorité”, justifie-t-elle. “À un moment, il faut bien prendre les choses en main”, traduit-on auprès d’elle.
Cette réponse politique à la démission de Sylvain Dijon ne satisfait, bien évidemment, pas l’opposition municipale. “C’est la démonstration d’un échec de Sophie Joissains à fédérer une équipe initialement fondée par sa maman, fustige Philippe Klein (Horizons) membre du groupe Aix au cœur. C’est inquiétant qu’elle n’ait pas trouvé dans sa majorité quelqu’un pour remplacer Sylvain Dijon. Il y a un resserrement des pouvoirs qui n’est pas forcément positif pour les Aixois.” Marc Pena, le leader du groupe divers gauche Aix en partage, estime quant à lui que “c’est un événement politique important, ce n’est ni individuel ni anecdotique”. “Il y a une critique en creux implicite du passage de témoin de Maryse Joissains”, poursuit l’élu d’opposition.
Il n’y a pas une « sous équipe municipale » qui gravite autour de Sylvain Dijon. C’est une démarche individuelle.
Dominique Augey, adjointe aux finances
Au sein de la majorité municipale, les élus font front. Une réunion a été organisée le lendemain de l’annonce de la démission. “La désapprobation, nonobstant la tristesse, a été unanime”, a affirmé la Ville par communiqué dans la foulée. Les éléments de langage ont rapidement été distillés. “On a accueilli sa décision avec respect, commente ainsi le premier adjoint Éric Chevalier. On est une équipe et on le reste encore plus”. Sur le fond des problèmes exprimés par son ancien collègue, il glisse néanmoins : “Maryse avait un style. Sophie a un autre style, mais il y a une ambition dans la continuité”. Récemment nommé bras droit de la maire après le décès de Gérard Bramoullé, il ne manque toutefois pas de rappeler : “Le chef d’équipe maintenant, c’est Sophie.”
Autre argument répété : cette démission est un choix personnel et ne dit rien de l’état du groupe majoritaire. “Il n’y a pas une « sous équipe municipale » qui gravite autour de Sylvain Dijon. C’est une démarche individuelle”, analyse également l’adjointe aux finances Dominique Augey. Beaucoup guettent toutefois les potentielles autres désertions.
“Je ne reviendrai pas sur une liste en 2026”
Sylvain Dijon jure en tout cas qu’il ne sera pas un caillou dans la chaussure de la maire. “Je souhaite rester au conseil municipal, car on ne déserte pas”, précise-t-il néanmoins. Interrogé sur ses ambitions électorales, il se montre ferme : “Je ne reviendrai pas sur une liste en 2026”. Et à plus court terme ? Adhérent chez Horizons depuis le lancement du parti par Édouard Philippe en 2021, il ne souhaite pas pour autant rejoindre le groupe d’opposition Renaissance et apparentés, où siège le référent local de son parti, Philippe Klein. “Je ne vais pas quitter un groupe pour rentrer dans un autre”, promet-il.
Il faut dire que le paysage politique aixois est particulièrement resserré. Si Sophie Joissains, membre de l’UDI de longue date, a pour principale opposante la députée Renaissance Anne-Laurence Petel, cela n’empêche pas la maire d’être au premier rang quand il s’agit de recevoir Édouard Philippe dans sa ville. La séquence en cours, en plus de faire tanguer la mairie, remet donc sur la table le difficile positionnement politique de Sophie Joissains, déjà annoncée comme candidate à sa propre succession aux prochaines élections.
Commentaires
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c’est plutôt étonnant, ces élus qui s’interrogent : je reste lr, ou avec philippe, non, après tout, renaissance c’est pas mal, mais à aix, c’est l’ “opposition” puisque l’étiquette aujourd’hui des joissains c’est udi….. va comprendre !
un choix de yoyo entre schizophrénie et bipolarité.
mais un but certain : le pouvoir !
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Je me rappelle d’un débat lors des municipales de 2020 sur France 3 où ce garçon disait pour se présenter ” j’ai épousé une Marseillaise et j’en ai fait une Aixoise”.
Pour le reste rien que du très banal, les couteaux vont s’aiguiser pour la lutte des places. Jean Marc Perrin avait déjà fait défection à Joissains 2, Maryse, pour une aventure personnelle perdue.
Bref, une bataille entre toutes les nuances de la droite. Quel ennui !
Sauf le jeu rigolo entre Petel et Joissains 3 : Adversaires au conseil municipal à Aix et alliée à Marseille autour de Muselier (Renaissance).
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