"Avec la métropole, on ne parle pas de démocratie mais de gouvernance"

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le 5 Avr 2013
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"Avec la métropole, on ne parle pas de démocratie mais de gouvernance"
"Avec la métropole, on ne parle pas de démocratie mais de gouvernance"

"Avec la métropole, on ne parle pas de démocratie mais de gouvernance"

Le syndicat CGT a pris une position unanime et claire contre la métropole en cours d'élaboration. En charge des services publiques au sein de l'union départementale, Frédéric Larrivée explique la ligne du syndicat sur cette question : "Cela va au-delà de la question métropolitaine puisque la CGT est opposée à l'acte III de la décentralisation. Ce n'est pas une position idéologique. Pour nous, il convient d'abord de faire le bilan de l'acte II de la décentralisation. Et nous avons également un regard très négatif sur les lois de 2010 d'organisation du territoire qui organisent surtout le désengagement de l'investissement public de l'Etat, avec des transferts de compétences vers les collectivités locales sans les moyens financiers afférents". Le syndicaliste se veut constructif en plaidant pour mise à plat des lois précédentes.

Au-delà du bilan qui reste à tirer des précédentes réformes menées par la droite, Frédéric Larrivée craint que le tour des collectivités locales soit venu avec un démantèlement de leurs services publics. "Non seulement il n'y a pas de bilan contradictoire, mais il n'y a aucune exposition aux citoyens des véritables enjeux. Aujourd'hui, on ne parle pas de démocratie mais de gouvernance. Ce n'est pas la même chose. La démocratie, c'est la participation des citoyens à l'élaboration d'un projet et à la prise de décision".

Le syndicaliste ne croit pas non plus à la volonté de simplification du gouvernement qui souhaitait, au moins au départ, supprimer un étage du mille feuilles institutionnel. "Si je suis attaché au suffrage universel direct, je crois qu'un des piliers de la démocratie est la proximité. Or, je crois qu'un habitant de Puyricard ou un citoyen de la frontière du pays arlésien qui votent pour leur maire métropolitain à Marseille, cela reste très compliqué".

Un mille-feuille pas si compliqué

Pour assouvir cette soif de proximité, l'acte III en cours d'élaboration maintient l'étage intermédiaire des conseils de territoire. Frédéric Larrivée rétorque alors "cela prouve bien que cette loi n'est pas une simplification. On entend l'argument qu'il y a un mille-feuille mais il n'est pas si compliqué que cela : on a les communes, les départements, les régions et l'Etat. Le tout est de savoir quelles sont les compétences de chaque échelon et de savoir si on est à même de les mener dans les meilleures conditions".

Autre inquiétude des cégétistes, les rumeurs de transfert du grand port maritime de Marseille à la métropole, voire même la référence aux hôpitaux comme atouts de la centralité métropolitaine. "On va se battre contre. Le port est le poumon économique de la région et c'est un enjeu national pas métropolitain. Pour nous, si on doit mettre en oeuvre des politiques raisonnées à l'échelon de la métropole cela passe par des coopérations, des complémentarités et non pas des mises en concurrence des territoires".

A cela, on peut objecter que la métropole a justement pour intérêt de mettre fin à la concurrence entre territoires voisins. A cette question, Philippe Larrivée répond "véritable débat sur la fiscalité locale, la plus injuste qui soit". "Elle n'est pas progressive pour les particuliers, bon nombre d'entreprises bénéficient de niches fiscales et ne paient pas d'impôt. En termes de répartition des impôts, il faut repenser ces questions-là. Or, c'est absolument absent du texte de l'avant-projet sur la métropole. Quant à la question du dumping fiscal entre les territoires, la mise en place des intercommunalités a permis de lisser la fiscalité des entreprises".

Au final, la position de la CGT repose sur un retour de l'Etat au bénéfice de la région marseillaise. "Ici, même les ordures sont confiées à l'affairisme. La première déclaration d'utilité publique de la rocade L2 date de 1933, le début des travaux de 1992. Si ici on avait construit les pyramides, on serait encore en train de les faire. Oui, nous pensons que l'Etat est le seul à même de faire les investissements structurants sur ce département".  

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Commentaires

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  1. Un métropolitain de devoir et de l'Estaque Un métropolitain de devoir et de l'Estaque

    Les Alsaciens devront se prononcer prochainement au suffrage universel pour la fusion des collectivités territoriales afin de ramener le mille-feuille à sa plus simple expression. Ainsi la gouvernance et le suffrage universel, pilier de la démocratie de proximité sera mis à contribution afin de savoir si l’habitant du Haut Rhin et de Bas Rhin qui votent pour l’aire métropolitaine Alsacienne, cela reste très compliqué que cela. On pourra être assurés que la métropole a justement pour intérêt de mettre fin à la concurrence entre territoires voisins.
    Le retour de l’Etat au bénéfice de la région marseillaise est une impérieuse nécessité pour mener les grands projets structurant dont le manquement aujourd’hui est la conséquence directe des vicissitudes et des turpitudes des actes I et II des lois de décentralisation. Ce constat est en soi, la résultante négative du bilan des responsables élus des ces actes territoriaux qu’ils eurent à écrire sur le territoire. Et ils étaient aussi bien payés pour le faire…
    Ressortons les vieux outils mis alors, en 1945…,. .par le Conseil national de la Résistance, ou l’exemplarité, le Courage Politique et l’Excellence de compétences qui eux se prévalaient de tout intérêt particulier. Oui, l’Etat est le seul à même de faire les investissements structurants sur ce département, mais il faut pour cela que soit recréé, un Ministère technique qui aujourd’hui quasiment disparu ou alors confions les projets à la Métropole qui se servira du potentiel existant

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  2. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Bref, le point de vue de la “fonction publique”, c’est : “Surtout ne changeons rien !”

    En effet, tout va bien à Marseille et tout autour : pas de chômage, pas d’empilement de structures concurrentes et artificielles, pas de gaspillages, pas de lacunes dans les infrastructures collectives…

    Et quand on dit que “l’Etat est le seul à même de faire les investissements structurants sur ce département”, on propose quoi, concrètement ? La tutelle de la région marseillaise ?

    Quant au millefeuille, il n’est en effet “pas si compliqué” : il est juste inutile. Mais nous sommes en France : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

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  3. Karim Karim

    Voici un syndicat qui défend l’indéfendable : maintenir les Bouches-du-Rhône dans la pauvreté, se satisfaire du chômage et de la précarité.
    Oui, l’absence de Métropole, c’est aussi cela. Oui, c’est aussi qu’ici, seuls les riches peuvent se déplacer ou accéder à la culture. Les premières victimes de l’absence de métropole sont surtout les pauvres et les sans emplois.
    De tout ceci, la CGT n’en a cure. Séguy, reviens, ils sont devenus fous !

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  4. Aux frontières du monde soviétique Aux frontières du monde soviétique

    Son job est de proteger les salariés … D’où il a à donner son avis sur une réforme institutionnelle ?! Non mais sans déconner qu’ils s’occupent de rendre leurs membres un peu plus efficaces et d’arrêter de bloquer le port dès qu’un mec de chez eux s’est tanqué une écharde dans le doigts, au mépris total des agents économiques (et des emplois) qui dépendent de ce “poumon” au lieu de faire de la politique !! Corporatisme de merde …

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  5. Anonyme Anonyme

    cet homme est probablement le premier à critiquer le pape quand il intervient sur les questions de politique en France.
    qu’il ne déborde pas de ces plates bandes… personne n’a besoin de son avis en tant que représentant de la CGT sur la question de la Métropole. qu’il s’exprime en son nom propre s’il a quelque chose à dire !

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