Avec deux listes concurrentes, les écologistes aixois au bord de la crise de nerfs
En choisissant de s’allier avec Dominique Sassoon (ex-LREM), Europe-Écologie-Les Verts a jeté le doute parmi ses habituels partenaires de la gauche aixoise. Et provoqué l’éclosion d’une liste Génération Ecologie indépendante.
La mairie d'Aix-en-Provence (Photo : Emilio Guzman)
L'enjeu
Europe-Écologie-Les Verts crée la surprise à Aix en présentant Dominique Sassoon, ex candidat à l'investiture LREM pour conduire leur liste à Aix-en-Provence.
Le contexte
Alors que la gauche s'apprête à présenter une liste unique face à deux candidats estampillés Les Républicains, deux listes se dessinent pour représenter le pôle écologiste.
“Et là, d’un coup, tout le monde se découvre une fibre écolo !” Ce militant écologiste aixois a l’ironie amère. Jeudi 14 novembre, Europe-Écologie-Les Verts (EELV) annonce dans une brasserie du centre-ville sa stratégie pour les municipales de 2020. Finis les pourparlers ébauchés avant l’été pour œuvrer à une union de la gauche dans le cadre d’Aix en partage ; exit les approches pour tricoter une liste commune avec la France Insoumise… C’est Dominique Sassoon, docteur en médecine, suppléant de la députée La République En Marche (LREM) Anne-Laurence Petel, que les Verts choisissent finalement de placer en tête de leur liste. “À l’origine, ce n’est peut-être pas le vert idéal, mais nous sommes là pour lui apporter cette dimension. C’est une véritable alliance”, souligne Bertrand Connin, un des porte-paroles locaux d’EELV.
Un mariage de circonstances ? Dominique Sassoon briguait – jusqu’à ce que la commission nationale d’investiture (CNI) de LREM ne tranche et désigne Anne-Laurence Petel à la fin juillet – le droit de mener la liste marcheuse aux prochaines municipales. “Je suis allé au bout du processus parce que je voulais faire la preuve que cette CNI était une mascarade ; je savais très bien que je ne serais pas retenu…”, affirme aujourd’hui celui qui a démissionné d’En Marche dans le courant du mois de septembre avant d’en être officiellement exclu. “J’avais rejoint ce mouvement parce qu’il proposait de faire de la politique autrement. J’ai trouvé un fonctionnement vertical et sans concertation”, plaide le chirurgien qui se dit, désormais, en quête “de transparence et d’éthique”.
“VRP de la politique”
L’argument fait bondir un électeur de gauche : “Il est allé taper à toutes les portes, comme un VRP de la politique !” Avant de sceller un accord avec EELV, Dominique Sassoon n’a pas manqué de lancer quelques hameçons. Il a pris langue avec Mohammed Laqhila (député MoDem, également candidat) ; et n’a jamais caché que travailler avec Sophie Joissains – conseillère municipale, sénatrice UDI et fille de Maryse Joissains l’actuelle maire Les Républicains – ne lui poserait aucune difficulté. En septembre, encore, il répétait volontiers à Marsactu “ne vouloir exclure personne sauf les extrêmes”.
Par là, il entendait alors le Rassemblement national et la France Insoumise. Aujourd’hui, il module son propos. S’il y a, à ses yeux, “des gens de bonne composition partout”, seul le RN fait désormais figure d’épouvantail. Mais Dominique Sassoon n’écarte pas fermement la possibilité d’œuvrer avec Sophie Joissains.
“La ligne rouge est claire pourtant, rappelle Bertrand Connin d’EELV. Cela fait partie du contrat : pas d’alliance avec la mère, la fille, le père ou quiconque du clan.” Même écho chez Marie-José Valeta, figure écologiste locale qui prendra la deuxième place sur la liste. “On ne fait pas une liste pour aller s’allier avec la municipalité sortante”, balaye-t-elle avant de cibler l’objectif que tous se fixent : “Être en capacité de nous maintenir au second tour.”
Corinne Versini en bonne place
Pour cela, cette alliance verte-citoyenne-centriste va composer une liste de 55 colistiers comprenant à parts égales des sympathisants du parti écolo et des membres de l’équipe de Dominique Sassoon. “On aurait bien aimé partir seuls, mais on n’est pas assez nombreux. Il nous amène des gens, des colistières notamment, et puis il a un directeur de campagne, un mandataire financier…”, souffle un membre d’EELV. L’ancien marcheur avance par exemple avec Jean-Claude Cette, compagnon de route de l’ancien maire Jean-François Picheral en son temps. Tout en continuant à cheminer avec Corinne Versini, ex référente départementale de LREM dans les Bouches-du-Rhône. Laquelle paraitra en bonne place sur la liste EELV, a priori en 4e position, parce qu’elle est “intéressée par le mandat métropolitain”, confirme le chirurgien.
“Ce passé de marcheurs nous embarrasse un peu”, convient Marie-José Valeta. La secrétaire adjointe du groupe EELV Pays d’Aix préfère mettre en avant les convergences : “Dominique Sassoon est engagé sur le social, très attentif à l’économie sociale et solidaire. Nous nous retrouvons sur ces questions-là.” Guy Benarroche, secrétaire régional d’EELV affirme, lui, avoir obtenu les garanties qu’il ne s’agit pas là “de cosmétique verte” et que Dominique Sassoon s’engage à pratiquer “l’écologie du faire et non du dire“.
Anne-Laurence Petel qui ne cache pas son “étonnement” devant la stratégie de son binôme au Palais Bourbon, pique : “Après, encore faut-il être capable de transformer un choix politique en actions cohérentes”. Dominique Sassoon promet une vision “pragmatique, prioritaire, partagée, joyeuse et non punitive de l’écologie”. Sans pour l’instant offrir de mesures concrètes ou chiffrées à mettre en œuvre.
Cavalier seul de Génération écologie
Ce mercato inattendu a aussi ses répercussions politiques sur les autres candidats en lice. Au centre, plusieurs d’entre eux avaient sollicité les Verts. Charlotte de Busschère (transfuge de LREM, elle aussi) ou Stéphane Salord (qui a, un temps, sollicité la place de numéro deux sur la liste d’Anne-Laurence Petel). “Les militants [ils sont entre dix et quinze en pays aixois,ndlr] ont voté et choisi la meilleure option selon eux“, reprend Guy Benarroche. Laissant des mécontents sur le carreau. “Sassoon n’est même pas EELV, même pas écolo, il n’est rien d’ailleurs !”, s’agace Stéphane Salord, qui pointe que le parti de Yannick Jadot déroge à l’accord national qui prévoit des alliances entre EELV et Génération Ecologie (GE) aux municipales.
Ancien adjoint puis opposant à Maryse Joissains, militant Génération Ecologie depuis une dizaine d’années, Stéphane Salord dénonce “le cynisme” du mariage Sassoon-Vert. Lui mènera une liste autonome autour de trois axes : “L’autonomie énergétique. l’autonomie en termes de mobilité, avec des transports publics gratuits et la création d’un RER métropolitain. L’autonomie alimentaire en cherchant à atteindre le niveau le plus élevé d’autosuffisance.” Son cavalier seul n’émeut pas plus que cela l’encadrement EELV. “Nous avons proposé la 3e place à Stéphane Salord. Il voulait la tête de liste, soupire Guy Bennarroche. Mais notre porte reste ouverte.”
« Je suis tombé de ma chaise »
Le responsable régional des écologistes veut croire, aussi, qu’une alliance de second tour reste possible avec Aix en partage. Le collectif qui agrège citoyens, associations et partis de gauche (PC, PS, France Insoumise, Parti Occitan, Générations…) a pourtant reçu l’annonce de la nomination de Dominique Sassoon comme une trahison. “Je suis tombé de ma chaise !”, s’exclame avec sa truculence habituelle Hervé Guerrera, conseiller municipal d’opposition. “Avec le Parti Occitan on a fait la campagne de Jadot aux Européennes. Et là, alors que l’écologie politique pourrait être la force dominante à Aix, on en arrive à ça ? Franchement, j’en pleure !
Comme beaucoup de militants de gauche, il ne digère pas les propos très amènes à l’égard du clan Joissains tenus régulièrement par Dominique Sassoon. Dans La Provence le 14 juin dernier, il jugeait le bilan de Maryse Joissains “respectable”. Hervé Guerrera pilonne : “Non seulement son étiquette LREM lui colle au doigt comme le sparadrap du capitaine Haddock, mais en plus il n’a aucune légitimité ! Lorsqu’on s’enchaînait aux arbres du Parc Rambot, lorsqu’on avait des actions pour préserver le Montaiguet ou promouvoir le vélo en ville, il était où Dominique Sassoon ?”.
Un accord avec EELV au second tour ? Hervé Guerrera rigole sans détour : “Avec cette tête de liste, c’est tout à fait exclu.” Mais aux militants EELV qui le souhaiteraient, il tend les bras.
Commentaires
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La clarification de la ligne politique chez EELV est d’une clarté parfaitement claire : un congrès national qui aboutit à réaffirmer, selon la presse, l’ancrage à gauche de ce parti, des écolos EELV aixois qui s’allient avec quelqu’un qui ne se voit aucune incompatibilité avec la tribu Joissains, des écolos EELV marseillais qui estiment que le débat n’est plus entre gauche et droite mais entre productivisme et écologie et, par conséquent, que les partis de gauche sont infréquentables…
Encore un effort, les gars, et ce sera si incompréhensible que la seule chose claire qui sautera aux yeux, c’est le nom que porte une telle bouillie : l’opportunisme.
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Bref, les pires visages de la politique : un ramassis d’alimentaires et/ou d’opportunistes sans foi ni loi.
Sassoon (député suppléant LREM) et Valetta (apparatchik EELV) pourront parler huile de palme, dossier qui concerne le département.
Le parti de l’un a voté en catimini l’amendement à l’assemblée pendant que le parti de l’autre y était fortement opposé.
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comment voulez vous que les gilets jaunes ou pas aient envie de voter et de croire dans les politiciens (moi déjà il faut que je me force) !! marseille idem désaccord partout, leur égo d’abord, il préfère faire passer la droite voir l’extrême droite
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L’écologie est un thème porteur, qui rassemble tous les opportunistes comme Cohn-Bendit, de Ruggy etc. Il est facile de brasser de l’air avec les palmes des éoliennes. En revanche quand il s’agit de projets permettant de transférer le trafic poids-lourds sur le ferroviaire ou le transport fluvial il n’y a plus personne. Bien au contraire ils se comportent en alliés objectifs des transporteurs routiers comme ils l’ont fait pour le canal à grand gabarit, Rhône Rhin. Cet ouvrage aurait donné à Marseille un véritable hinterland,. Peu soucieux de la santé des populations des vallées alpestres ils sont opposés à la traversée des Alpes par ferroutage. Quant aux véritables problèmes quotidiens des Français, ils s’en moquent . Par exemple à Marseille ils ne se soucient guère de l’habitat indigne, des constructions scolaires délaissées, des transports en commun négligés. En refusant , pour plaire à leurs électeurs bourgeois bohèmes, l’union avec les partis progressistes , ils font le jeu de la majorité sortante dont l’incompétence et l’égoïsme ne sont plus à démontrer, ou pire ils font le lit du F haine
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Une liste EELV de trop à Aix et une de trop à Marseille. Quelle inflation stupide !
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