Au fil des présidentielles, Marseille ressemble de plus en plus à la France
A la veille du premier tour de la présidentielle 2017, nous vous proposons un retour sur les précédentes élections à la magistrature suprême. En trente ans, les spécificités communistes et frontistes du vote marseillais se sont effacées. La ville n'est plus un foyer rouge et le pays soutient désormais autant le parti d'extrême-droite.
Au fil des présidentielles, Marseille ressemble de plus en plus à la France
Marseille vote-t-elle comme la France ? Avant de voter pour le premier tour de la présidentielle ce dimanche, nous nous sommes replongés avec notre chroniqueur, le politiste Joël Gombin, dans les archives électorales de la ville. Marseille a su plusieurs fois dénoter par rapport à la teinte nationale. Le communiste Georges Marchais, après avoir rempli le Vélodrome en meeting, était arrivé en tête en 1981 au premier tour. Sept ans plus tard, Jean-Marie Le Pen portait le Front national à la première place. Cette configuration se répétera lors de plusieurs scrutins comme l’a souligné Marine Le Pen ce mercredi au Dôme. Mais en 2012, à l’unisson du pays, Marseille choisira François Hollande au second tour.
Voilà pour quelques résultats piochés au hasard. Avant d’entrer davantage dans le détail, nous vous proposons sous forme de diaporama une mise à jour des résultats depuis 1988. Nous avons fait le choix de regrouper les candidatures par grandes familles politiques, des agrégats forcément sujets à discussion mais qui permettent de mieux identifier les dynamiques électorales d’un bord à l’autre de l’échiquier. Ainsi, Édouard Balladur incarne-t-il le centre-droit en 1995. Dans la même logique, les voix de Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret s’additionnent pour constituer le groupe extrême-droite en 2002.
Mode d’emploi : pour chaque candidat est indiqué dans la barre plus colorée à droite son score à Marseille, l’autre barre désignant son score national. Vous pouvez faire défiler les élections jusqu’à 2012 en cliquant sur la flèche à droite. Graphiques Joël Gombin.
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De manière générale, ces graphiques soulignent que Marseille se “normalise” au fil des élections son comportement électoral. Petit à petit, les différentes familles politiques se rapprochent de leurs scores nationaux pour offrir en 2012 un paysage quasiment identiques à celui enregistré dans l’hexagone. En ce sens, la ville se différencie de la région PACA qui reste marquée bien plus à droite que sa capitale. Un seul exemple pour s’en convaincre : en 2012, Marseille choisit François Hollande (50,9 %, contre 51,6 % en France) quand la région PACA préfère largement Nicolas Sarkozy (57,6 %). On peut cependant observer des tendances intéressantes sur le long terme.
Un vote Front national qui reste haut mais ne progresse pas
Bien avant la poussée nationale du FN qui a entraîné et suscite toujours une recomposition de l’espace politique, Marseille a porté haut le parti de Jean-Marie et Marine Le Pen. En 1988, Jean-Marie Le Pen réalise le meilleur score au premier tour avec plus de 28 %. Le parti est alors deux fois plus puissant qu’au niveau national, ce qui incitera Le Pen à s’y implanter dès les législatives suivantes au mois de juin face au socialiste Marius Masse. “S’il obtient 33 % des suffrages, il ne peut conquérir la majorité en dépit de l’accord de retrait conclu avec Jean-Claude Gaudin et une droite dont les chefs sont plutôt embarrassés”, rappelle sur le site de l’Ina l’historien Jean-Marie Guillon.
Jamais Le Pen, le père ou la fille, n’atteindront un tel score ensuite. Au fil des années, le poids des votes anti-gaullistes diminue, ce qui pénalise le Front. Le parti voit alors ses électeurs se renouveler dans une dynamique certainement plus proche de celle rencontrée nationalement. Il en résulte alors sur les cinq dernières élections une légère baisse du parti d’extrême-droite. Son score marseillais tend alors à se rapprocher du résultat français tout en restant légèrement au-dessus (+ 1,5 point en
2012.
Un centre-droit plus faible qu’ailleurs
Centre ou centre-droit, cette famille politique est souvent difficile à résumer. Nous avons pourtant choisi d’inscrire une continuité entre Raymond Barre 1988, Edouard Balladur 1995 puis François Bayrou dont les électorats apparaissent sociologiquement proches. En 1988 comme en 2007 ou en 2012, le candidat de centre-droit est en retrait de trois ou quatre points par rapport au score national. Cette faiblesse relative de cette famille ne signifie pas que la droite ait été particulièrement à son avantage dans la ville. Ce n’est qu’à partir de 2007, année où Nicolas Sarkozy a notoirement empiété sur l’électorat frontiste, qu’elle dépasse son score national à Marseille.
En 1995, le contexte local est bien différent : alors que les municipales se profilent un mois plus tard, le maire sortant Robert Vigouroux issu des rangs de la gauche soutient Édouard Balladur, tout comme Jean-Claude Gaudin, futur candidat UDF-RPR à la mairie. À l’arrivée, le premier ministre est au-dessus de son score national et talonne Jacques Chirac à Marseille.
Dimanche, cette famille du centre-droit ne se retrouve pas avec un candidat identifié : ses représentants sont divisés entre François Fillon et Emmanuel Macron. Celui qui s’en rapproche le plus paraît être Emmanuel Macron, soutenu par François Bayrou. Un de ses soutiens locaux ironise : “C’est sûr qu’on ne s’attend pas à être dans les meilleurs territoires pour lui !”
Le rééquilibrage au sein de la gauche
Premier parti de Marseille jusqu’à la présidentielle de 1981, le parti communiste constate son déclin en 1988. Cette année-là, nationalement comme localement, la gauche non-communiste du président sortant François Mitterrand la devance très largement. Marseille reste cependant une des places fortes : André Lajoinie récolte 11 % des voix et le communiste rénovateur Pierre Juquin réalise 2 %. Ainsi le score cumulé de la gauche communiste est de 4 points supérieur au score national.
Ses difficultés profitent au parti socialiste. Longtemps en retrait, celui-ci comble progressivement le fossé qui le sépare à Marseille de son score national pour s’inscrire depuis 2002 dans la tendance française. Toutefois, la gauche communiste obtient toujours plus de voix à Marseille qu’ailleurs. Jean-Luc Mélenchon, qui s’est rattaché à cette famille politique en 2012 comme en 2017, a obtenu 13,8 % des voix à Marseille quand il se contentait de 11,1 % sur l’ensemble du pays pour sa première candidature. Le représentant des “Insoumis” a donc pour mission de renouer avec les scores locaux de Georges Marchais s’il veut atteindre le second tour cette année.
Jean-Marie Leforestier et Joël Gombin
Commentaires
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Dommage que vous n’évoquiez pas le taux d’abstention.
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Bonne remarque Titi. On y a pensé puis on l’a élagué pour offrir une lecture plus aisée. Mais c’est effectivement un élément très intéressant.
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Je suppose que le pen reprend la 1ère place à Marseille!
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Bonsoir,
C’est Mélenchon qui arrive en tête, un point devant Marine Le Pen, puis Macron et Fillon. Demain matin pour les résultats complets. Nous y travaillons…
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