Au comptoir du Mistral, mes adieux à Plus belle la vie

Échappée
le 12 Nov 2022
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Quelques jours avant la diffusion de l'ultime épisode de Plus belle la vie, je me suis rendu dans les studios du mythique feuilleton. Fidèle spectateur depuis onze ans, j'ai arpenté les rues du Mistral, aux côtés d'une horde de journalistes, de fans émerveillés et d'une réalisatrice déjà nostalgique.

Depuis le 9 novembre, Plus belle la vie ouvre gratuitement ses studios au public. (Photo : TB)
Depuis le 9 novembre, Plus belle la vie ouvre gratuitement ses studios au public. (Photo : TB)

Depuis le 9 novembre, Plus belle la vie ouvre gratuitement ses studios au public. (Photo : TB)

C’est ma mère qui va être contente. À 11 h 15, j’ai rendez-vous pour une visite presse des studios de Plus belle la vie, ouverts gratuitement au public jusqu’au 26 novembre. Arrivé de Bretagne pour un stage à Marsactu il y a quelques semaines, pour moi, Marseille, c’est Plus belle la vie. Ou Plus belle la vie, c’est Marseille. Et, oui, j’ai 22 ans et les aventures des Mistraliens occupent 25 minutes de mon quotidien depuis mes onze ans, soit la moitié de ma vie. Cela m’a valu pas mal de vannes de la part de mes potes, mais j’en rigole. J’ai toujours regardé ça avec ma mère, même si on sait pertinemment que parfois, c’est quand même un peu naze. Mais bon, on y est attachés, c’est notre moment à nous.

Fin de la parenthèse sentimentale, j’arrive au pôle médias de la Belle-de-Mai, où se trouvent ces fameux studios. J’y trouve une horde de journalistes, presque une quinzaine. L’équipe de Newen Studios, producteur de la série, lance la visite. “On fait un premier tour avec les journalistes. Après, vous viendrez avec le public”, prévient Marine Humbert, la chargée de communication.

La visite démarre par le commissariat du Mistral. (Photo : TB)

Ok, c’est parti. Je tente de camoufler mon excitation. Je suis quand même au travail… On commence par découvrir le commissariat du Mistral. Les bureaux de Jean-Paul Boher et Patrick Nebout, la salle d’interrogatoire, la cellule de garde à vue… J’ai l’impression d’être déjà venu mille fois. La production a laissé le décor tel quel, comme si le temps s’était arrêté. Les dossiers sont étalés sur les bureaux, les classeurs bourrés dans les placards… “On n’a rien touché après le dernier tournage”, assure Marine Humbert.

Truman show provençal

L’oreille qui traîne, à l’affût de la moindre petite anecdote que soufflent nos guides par intermittence, j’inspecte les recoins de ce commissariat. À vrai dire, il y a tellement de caméras et d’appareils photos que je ne sais plus trop où me mettre. J’ai l’impression de passer dans le champ de quelqu’un à chaque mouvement. Et puis tant pis, au moins je passerai à la télé. Vu que tout le monde le fait, je peux tranquillement prendre des rafales de photos sans passer pour une groupie. Alors, je ne me gêne pas. J’en envoie discrètement une à ma mère. Je la teste : “L’endroit te dit quelque chose ?”.

 

Ma mère a l’œil. (Capture d’écran)

Fin de la première étape de la visite, on se dirige maintenant vers le clou du spectacle : le studio 1000, abritant la mythique place du Mistral. Sur le chemin, je me fais taquiner par une attachée de presse, à qui un de mes collègues a raconté mon passif avec ce feuilleton. Mais j’ai l’habitude. On franchit le pas de la porte et ça y est. Je suis au Mistral. Le quartier où j’ai, d’une certaine façon, passé une partie de mon enfance. Entre 20 h 10 et 20 h 35.

Le bar du célèbre Roland Marci, l’hôtel Le Zéphyr, le restaurant Le Marci, le cabinet du docteur Vidal… Je reconnais tout, des flashes et des souvenirs ressurgissent. Le réalisme des lieux, ses détails et sa hauteur sous plafond m’impressionnent. J’ai presque l’impression qu’il est réel. Jusqu’à ce que je regarde en l’air et découvre l’autre partie du décor, car ce n’est finalement que ça : un décor. Des éclairages, des échafaudages, des fils, des caméras me surplombent. J’ai l’impression d’être Jim Carrey dans The Truman Show. Retour à la réalité. Et quelle réalité : bientôt, le Mistral ne sera plus. “Cela va prendre deux à trois mois pour tout démonter. On veut donner une seconde vie à tous nos éléments de décors et recycler le reste”, détaille Claire de La Rochefoucauld, une des réalisatrices et productrices du feuilleton.

Au plafond, on aperçoit le matériel de tournage. (Photo : TB)

C’est un plaisir de voir le Mistral s’animer à nouveau.

Claire de La Rochefoucauld, réalisatrice

Je tente un discret selfie, quand une voix vient réveiller le calme monacal du plateau, déserté par ses personnages depuis le dernier clap le 29 septembre dernier. “Bienvenue au Mistral !”, clame un des guides accueillant la toute première “promotion” de visiteurs. Les yeux ébahis, la bouche grande ouverte, ils s’émerveillent à la découverte du Mistral. “Ne pleure pas maman !”, lance une voix émue. Un homme circule aux quatre coins de la place en appel vidéo avec son épouse, pendant qu’une jeune femme ne lâche pas sa perche à selfie. Chacun célèbre différemment la rencontre avec son quartier de cœur. Claire de La Rochefoucauld a le sourire : “C’est un plaisir de voir le Mistral s’animer à nouveau. On avait envie de faire plaisir au public en leur donnant l’occasion de venir dire au revoir à Plus belle la vie”, explique-t-elle, un brin nostalgique.

Un fan pour trois journalistes

Petit hic, parmi les vingt personnes ayant réservé le créneau, seulement huit sont finalement présentes. “On va augmenter les jauges si tout le monde ne vient pas, d’autant que tout est déjà complet”, lâche la réalisatrice. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour mon reportage : une quinzaine de journalistes en quête de témoignages et deux fois moins de fans, ça va être un carnage.

Au final, chaque fan a répondu à au moins trois journalistes, posant chacun à peu près les mêmes questions. Devant la caméra, le micro ou le carnet, ils se répètent et ont à peine le temps de profiter de leur visite tant attendue. Je me demande comment je vais bien pouvoir faire pour produire un article différent du leur, avec les mêmes sources et mêmes éléments de reportages. Ayant l’impression de faire partie d’une meute de prédateurs, je décide de temporiser et d’attendre la prochaine visite pour faire mes interviews.

Le légendaire bar du Mistral n’attend plus ses clients. (Photo : TB)

Je profite de ce temps mort pour échanger avec la réalisatrice, et lui avoue être un fidèle téléspectateur. Elle me livre des exclus sur ce qui sera le dernier des 4665 épisodes, diffusé le 18 novembre : “C’est le meilleur prime qu’on ait fait ! C’est une comédie romantique”, annonce-t-elle. Je ne veux pas en savoir plus, pas de spoil ! Alors je la lance sur le tournage du dernier épisode. “Sur les dernières séquences, il y avait toujours quelqu’un derrière qui se mettait à pleurer tout seul. Pour le dernier clap, il y avait environ 300 personnes dans le studio, des anciens comédiens ou techniciens. Je suis heureuse d’avoir vécu cette incroyable aventure humaine”, raconte celle qui travaille sur le feuilleton depuis 2009.

On se croirait à Disney ! Ça fait bizarre d’être là.

Julien et Jacqueline, fans

La deuxième vague de visiteurs arrive. Tous les journalistes sont restés. Tant pis. Je me lance, pas le choix. Heureusement, la seconde visite rassemble plus d’une quinzaine de fans. “On se croirait à Disney ! Ça fait bizarre d’être là. Devant la télé, on ne s’imagine pas que c’est aussi petit. Ce qu’ils arrivent à rendre, c’est incroyable”, me confient Julien et Jacqueline, venus de Vitrolles avec leurs deux jeunes enfants. Drôle de coïncidence, mon oncle et ma tante, chez qui j’ai découvert le feuilleton, portent les mêmes prénoms. Décidément…

Dernier arrêt, la boutique

Marine, elle, est venue spécialement de Paris pour dire au revoir aux rues qu’elle a côtoyées à travers l’écran pendant dix-huit ans. Pour rentabiliser le voyage, elle s’est inscrite à deux visites consécutives. L’heure tourne, l’équipe technique nous signifie que la visite touche à sa fin. Il est déjà temps de dire adieu à la place du Mistral. Je mets de côté mon reportage quelques instants, pose une dernière fois mon regard sur la façade du bar et suis le peloton vers la sortie.

Il reste une dernière étape du PBLV Tour : la boutique. Des centaines d’accessoires utilisés par les comédiens sont mis en vente dans ce qui ressemble à une friperie mistralienne. Une quinzaine de portants arborent ces vêtements, méthodiquement rangés selon le personnage à qui ils appartenaient. Un pull de Roland Marci, une chemise de Charles Frémont, une robe de Luna Torres… Il y en a pour tous les goûts. Au milieu de la pièce, des centaines de bijoux s’accumulent. “On a utilisé un million de bijoux, qui formeraient 1,7 km mis bout à bout”, comptabilise Claire de La Rochefoucauld.

Chaque visiteur peut acquérir des vêtements de ses personnages préférés. (Photo : TB)

En fouinant entre les cintres, je rencontre Philippe. Souriant, la soixantaine, une casquette sur ses cheveux courts grisonnants. On commence à échanger, je lui parle de la visite. Il est très bref. Jusqu’à ce que je lui parle de la boutique, ce pour quoi il est réellement venu. “Chaque visiteur n’a le droit qu’à trois achats. Alors, j’ai réservé cinq créneaux de visites, rit-il. Je cherchais une surchemise que j’avais vue sur Bastien, mais je ne la trouve pas.” Finalement, il est reparti tout content avec un bijou, une veste du Bastien en question et un t-shirt de Kevin. De mon côté, je trouve une jolie chevalière, qui, je pense, appartenait à Kilian. Mais, m’étant fait voler ma carte bancaire il y a quelques jours, je me résigne, faute de moyen de paiement. “Allez, on te l’offre”, me lance gentiment la dame à la caisse. Je la remercie, je l’enfile, je suis content. Amusante ironie : après onze ans de vie commune, Plus belle la vie vient de me mettre la bague au doigt.

Discrètement, je me suis offert un dernier petit selfie avec le Mistral.

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Commentaires

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  1. Freddo69 Freddo69

    C’est tout mignon comme article. Bienvenu à marsactu

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  2. Pussaloreille Pussaloreille

    Oui, et bien écrit : on s’y croit !

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  3. PierreLP PierreLP

    La prochaine fois faudra penser à inverser la photo, pour le selfie 🙂

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  4. barbapapa barbapapa

    Je n’ai jamais vu un seul épisode de la série, mais j’ai eu plaisir à lire l’article !

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    • julijo julijo

      oui, tout pareil : jamais regardé !!
      mes enfants sont accros… et je commence à regretter !
      la nostalgie de Tom Bertin commence à m’envahir !

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  5. kukulkan kukulkan

    assez incompréhensible comme décision d’arrêter plus belle la vie quand les audiences dépassent systématiquement les audiences moyennes de la chaine qui plafonnent à 8/9%… ma foi !

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