L’attaque au couteau à la gare Saint-Charles revendiquée par l’Etat islamique
Deux jeunes femmes ont trouvé la mort dimanche sur le parvis de la gare Saint-Charles en début d'après-midi. L'homme qui les a attaquées a été abattu par les militaires de la mission Sentinelle. Dimanche soir, l'Etat islamique a revendiqué l'attaque par l'intermédiaire de son agence de propagande.
L'esplanade Saint-Charles, théâtre des faits dramatiques. Photographie Julia Rostagni.
C’était un dimanche ensoleillé. Mais un peu avant 14h, sur le parvis de la gare Saint-Charles, un drame a eu lieu. Deux jeunes femmes ont été tuées au couteau par un assaillant qui, selon plusieurs témoins, aurait crié “Allah Akbar”. Le secteur a été immédiatement bouclé et la gare évacuée par les forces de l’ordre tout l’après-midi. Le trafic sur le réseau ferroviaire a été interrompu totalement jusqu’à 18h. Des dizaines de passagers patientaient avec leurs valises au pied des marches de la gare avant d’être dirigés vers une autre entrée lorsque que les premiers bus et trains ont pu être affrétés.
Arrivé sur place quelques heures après les faits, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb a tenu un point presse en présence de nombreux élus. Il a détaillé les premiers éléments policiers sur le déroulement des faits. Selon les images de vidéo-surveillance, après s’en être pris à la première victime, l’assaillant aurait d’abord commencé à prendre la fuite, avant de revenir sur ses pas pour attaquer la suivante.
Des militaires de la mission Sentinelle seraient alors arrivés et, après plusieurs sommations, l’un d’eux aurait ouvert le feu sur l’assaillant qui courait en leur direction et qui a, comme ses victimes, trouvé la mort. Une enquête a été ouverte pour assassinats et tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique, elle a été confiée conjointement au parquet de Marseille et au parquet antiterroriste.
Collomb ne voulait pas confirmer un acte terroriste
“Cet acte pourrait être terroriste. À cette heure nous ne pouvons pas l’affirmer”, a déclaré le ministre de l’Intérieur en fin d’après-midi. Dans la soirée, l’État islamique revendiquait l’attaque par l’intermédiaire de son agence de propagande. Le procureur du parquet antiterroriste de Paris, François Molins, devrait prochainement s’exprimer plus amplement sur le déroulement des faits et l’avancée de l’enquête. Selon le ministre, une dizaine de témoins ont déjà donné leur version des faits aux policiers.
L’identité des victimes et celle de leur assaillants n’ont pas été révélées mais La Provence a annoncé dans la soirée que les deux victimes étaient des cousines de 20 et 21 ans, l’une étudiante à Marseille et l’autre à Lyon. Quant à l’assaillant, il s’agirait, toujours selon le quotidien, d’un Tunisien de 30 ans, en situation irrégulière connu pour des délits mineurs, et arrêté en flagrant délit de vol à Lyon encore la semaine dernière. « L’identité de l’homme est encore en cours de vérification mais ses empreintes le rattachent à des faits de droit commun », déclarait plus tôt dans la journée une source policière à l’AFP, précisant que les empreintes étaient liées à différentes identités en cours d’examen, mais ne menaient pas au profil d’une personne fichée S – pour sûreté de l’État.
Réactions politiques
“Pour moi, c’est un acte terroriste”, a tranché dès 19 heures le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, présent aux côtés du ministre venu s’exprimer face à la presse. “Nous ne céderons rien dans ce combat où nos valeurs, quoi qu’il en coûte, triompheront”, a-t-il ajouté dans la foulée dans un communiqué. Également très rapidement présent sur place, le président de région Renaud Muselier a déclaré plus tard par communiqué qu’en “s’attaquant sauvagement à ces deux jeunes femmes, le barbare s’est attaqué à la République toute entière”. Il s’est par ailleurs félicité du système de vidéo-surveillance installé par la région sur le parvis de la gare, qui devrait faciliter le travail des enquêteurs.
Parmi la classe politique marseillaise, les réactions ont été nombreuses, la sénatrice socialiste Samia Ghali plaidant pour le “renforcement de nos politiques de sécurité face à la menace terroriste” et brocardant au passage “les polémiques qui sont faites sur les soi-disant restrictions de liberté” liées au projet de loi antiterroriste en cours de discussion au Parlement. Le député insoumis de la 4e circonscription Jean-Luc Mélenchon a de son côté simplement dénoncé un “assassin aussi répugnant que ses motifs”, quand le sénateur Front national Stéphane Ravier a appelé à “fermer les mosquées radicales, expulser les fichés S étrangers, stopper l’immigration incontrôlée”.
Si, comme l’a énoncé le maire de Marseille, “jusqu’à présent, nous avions pu échapper à ce genre d’événements dramatique”, ce n’est tout de même pas la première fois que le parquet antiterroriste est saisi pour une attaque ayant eu lieu à Marseille. En janvier 2016, l’agression à la machette d’un professeur juif par un jeune homme de quinze ans avait donné lieu à l’ouverture d’une enquête pour “tentative d’assassinat à raison de la religion” et “apologie du terrorisme”, suivie par un juge d’instruction antiterroriste. Avec ce double meurtre, Marseille a connu ce dimanche, un premier événement dramatique que chacun redoutait.
Commentaires
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Evénement horrible et évidemment flippant en local car sur une esplanade que nous fréquentons régulièrement…. L’article me paraît bien tempéré jusqu’à sa dernière phrase :xc’est un attentat terroriste, oui. Mais ce n’est pas un attentat “à Marseille”, c’est un attentat devant une gare française. Inutile de lancer un compteur morbide d’ “événements survenus à Marseille” qui, à ce stade, n’a pas de sens.
C’est un peu comme la foudre, qui tue des gens chaque année : elle frappe aveuglément et sans intention géographique ou symbolique… Et par ailleurs elle ne frappe que rarement deux fois au même endroit. Ce qui est à la fois rassurant et inquiétant bien sûr.
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Evidemment revendiqué par EI comme preuve de son efficacité .
Cela reste à prouver, mais si le criminel n’était pas directement télécommandé , c’est bien un comportement inspiré des discours de ce cancer .
Malheureusement j’entends déjà les cris de haine ! la colère oui, elle est légitime car chacun de nous pouvait être la victime ou ses proches , mais pas la haine il y a le” fhaine” pour cela ….
C’est justement à la stigmatisation de la communauté musulmane et arabe que ces gens veulent en venir …attention de ne pas faire leur jeu .
Ce serait pour eux le meilleur argument pour la radicalisation .
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Pas forcément de la haine, mais le désespoir de servir de cible à des cinglés de dieu. On pourrait mettre toutes les armées du monde pour se protéger, rien n’empêchera ces malades de tuer ici ou là, c’est trop facile.
La solution qui me paraîtrait efficace serait d’aller chercher les salafistes et les mettre hors de nuire – une parenthèse démocratique pour sauver nos démocraties. Il n’est par ex pas normal qu’un individu, converti ou pas, repéré pour consultations répétées de sites djihadistes ne puisse pas être inquiété comme le sont par ex les pédophiles. Il n’est pas normal que le vendredi boulevard national à Marseille, autour de la mosquée, l’ambiance y soit plus délétère qu’à Raqqa. Il n’est pas normal de faire des courbettes au Qatar et à l’Arabie Saoudite, gros financeurs du terrorisme, parce qu’ils donnent un peu d’argent aux agents immobiliers, aux footballeurs et aux marchands d’armes.
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Il faut se réveiller. La “parenthèse démocratique” on est en plein dedans, ça s’appelle l’état d’urgence, et il a démontré son inutilité à grande échelle. Et c’est une escalade sans fin. Il y a des attentats, on met en place des mesures d’exception (plan vigipirate, en vigueur depuis plus de 20 ans), celles-ci sont inefficaces ou pas assez efficaces, alors on met en place d’autres mesures, et ainsi de suite, sans jamais revenir en arrière. La réalité c’est qu’il faut des moyens, des hommes et une stratégie pour lutter contre le terrorisme, ça a été mis en place mais seulement depuis 2015, avec au moins 3 ans de retard … Ça se rattrape doucement, mais pendant ce temps on morfle.
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