Atlas du bétonnage : 3 questions à Jean Canton ancien directeur de l'urbanisme à la ville de Marseille

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le 24 Juin 2011
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Atlas du bétonnage : 3 questions à Jean Canton ancien directeur de l'urbanisme à la ville de Marseille
Atlas du bétonnage : 3 questions à Jean Canton ancien directeur de l'urbanisme à la ville de Marseille

Atlas du bétonnage : 3 questions à Jean Canton ancien directeur de l'urbanisme à la ville de Marseille

Jean Canton, urbaniste indépendant des Ateliers du 28 et ex-directeur général de l’urbanisme et de l’habitat de la ville de Marseille (de 2002 à 2009), répond à nos questions pour notre Atlas du bétonnage.

Depuis quelques mois, on assiste à un nombre de recours grandissant concernant les projets immobiliers à Marseille. Pensez-vous comme Roland Blum, premier adjoint au maire de Marseille, qu’il faut légiférer afin de limiter ces recours?

Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe deux types de recours. Il y a ceux qui sont fondés car les riverains jugent qu’un projet leur fera subir des préjudices. Ceux-ci sont tout à fait légitimes. En revanche il y a un autre type de recours qui sont le fait d’un ou deux avocats spécialisés à Marseille qui listent les permis de construire et, en fonction de leur importance, entrent en contact avec les riverains en leur disant que s’ils déposent un recours, ils peuvent toucher une indemnité et eux aussi par la même occasion. Ces recours méritent d’être sanctionnés et donc il faut une loi.
Pour juger de la bonne foi d’un recours, je pense, qu’il faut s’interroger sur l’intérêt à agir du plaignant : est-ce qu’il a une raison valable de déposer un recours ou est-ce simplement pour obtenir une indemnité ou une place de parking supplémentaire de la part du promoteur?

Cette multiplication des recours n’est-elle pas simplement la conséquence d’un manque d’anticipation d’un point de vue urbanistique de la part des élus concernés? Une absence de planification foncière qui pousse les promoteurs à se saisir du moindre terrain…

C’est le résultat d’un double phénomène qui a débuté dans les années 80 : la ville perd environ 100 000 habitants et des dizaines de milliers d’emplois. Elle s’appauvrit de manière constante durant ces années. Ensuite à la fin des années 90, l’habitat devient une valeur de placement, on recommence à construire, et Marseille devient un véritable eldorado pour les promoteurs. Une véritable aubaine pour la ville qui, avec  «l’exode» des années 80, avait perdu des ressources (les habitants) pour alimenter la machine «commune» et compte désormais sur ces constructions de logement pour repeupler la ville et renflouer les caisses. Le problème c’est que la révision du plan d’occupation des sols a été faite à la hâte. Résultat : l’ouverture pour la construction a été faite de manière trop brutale. Mais surtout, la ville n’a effectué aucune stratégie sur le foncier, pas assez de terrains ont été acquis pour prévoir dans le temps le développement de la ville. Une abberation quand on voit qu’une ville comme Montpellier possède une grande majorité des terrains qui peuvent être urbanisables. Ce qui est un avantage non négligeable : quand la ville possède le terrain, c’est elle qui pose ses exigences aux promoteurs en terme de voirie, espaces verts, transports, etc.

Avec le PADD (le résumé ici) et le SCOT, on semble aller vers plus d’anticipation, une vision globale de la ville semble se dégager…

Si le prochain PLU s’inspire du PADD, alors oui l’orientation paraît être la bonne. En revanche, le SCOT est assez scandaleux ! C’est un document publicitaire, mensonger. Il est complètement creux, il parle de Marseille comme on pourrait raconter la même chose de Lyon, Bordeaux… on s’est voilé la face sur ce qui fait la spécificité de Marseille : son centre-ville habité par les habitants mais aussi par la pauvreté et non un centre-ville musée comme dans la plupart des grandes villes. C’est pour cela que le PLU ne doit surtout pas s’inspirer du SCOT. Pour en revenir au PADD, j’ai entendu ici et là que des débats ont lieu entre la ville et l’agence d’urbanisme pour tenter d’effectuer un vrai travail sincère en terme d’urbanisme. C’est une bonne chose. Les mairies de secteur ont également pris conscience de l’importance du PLU et certaines effectuent un travail en amont avec des assistants à maître d’ouvrage pour identifier les besoins urbanistiques de leur territoire afin de les intégrer au PLU. En complément de cela, je pense qu’il est indispensable aussi de mettre en oeuvre des méthodes réactives pour développer le territoire : être capable de faire des acquisitions d’opportunités, contrôler attentivement la spéculation immobilière, établir des veilles avec l’établissement public foncier, mettre l’accent sur la réhabilitation.

Un lien Notre petit atlas illustré du bétonnage à Marseille

Un lien Marseille lance ses états généraux du logement, sur Marsactu

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Commentaires

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  1. Marius Marius

    Un des défauts de notre cité est que ses maires n’ont jamais été capables d’avoir une vision d’ensemble de l’aménagement et de l’urbanisation.
    Tout a été fait par morceaux incohérents successifs.

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  2. VdM vs MPM ? PLU vs SCOT ? VdM vs MPM ? PLU vs SCOT ?

    “le SCOT est assez scandaleux ! C’est un document publicitaire, mensonger. Il est complètement creux” …. oui, c’est une (quasi-)certitude.

    “Quasi” car le Document d’Orientations Générales (DOG) n’a toujours pas été dévoilée. Il s’agit de la 3e pièce du puzzle qui va venir en sus du diagnostic et du (publicitaire, mensonger et creux) Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD).
    Le DOG est la pièce la plus importante du SCOT : elle est opposable aux PLU et, malgré l’appel de Jean CANTON qui souhaite que “le PLU ne doit surtout pas s’inspirer du SCOT”, le PLU de Marseille devra être compatible avec le DOG du SCOT de MPM.
    Soucions-nous donc un peu plus de la planification intercommunale et du SCOT pour qu’il ne soit pas un document creux !

    Rappelons aussi que, au regard des dispositions législatives en vigueur, les Communautés Urbaines – et donc MPM – sont compétentes en matière de SCOT et de PLU. Officiellement, c’est donc MPM qui est en charge de l’élaboration du PLU de Marseille (et de celui des 17 autres communes de MPM). La ville de Marseille ne bénéficie que d’un accord de gouvernance établi dès la création de MPM, visant à maintenir officieusement la compétence PLU dans les communes … Dans ce contexte, il est évident et pas surprenant que le SCOT soit creux : les élus de MPM n’ont pas le courage de se saisir de leur pouvoir et les élus communaux (qui sont les mêmes, de droite comme de gauche, soit dit en passant) se battent comme des coqs pour garder la main – et surtout leur bec – sur leur basse-cour …

    C’est pour ça que le SCOT est creux !

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  3. Carla2marseille Carla2marseille

    Meme si le SCOT et le PLU sont de la competence de la cum, gaudin n a pas de souci a se faire: son ami Caselli est la. Aujourd hui, c est comme au beau vieux temps: cum et ville ne font plus qu’1! on a du mal a faire la difference entre gaudin , muselier, caselli: ils ont les memes positions sur le dossier de l eau, ils veulent faire la meme metropole, ils gerent la cum ensemble. Comment comprendre? J ai meme lu dans la presse qu on allait avoir droit aux 4 mousquetaires de la proprete: mennucci, andrieux, moraine et vassal. Comment voulez vous que ca marche? Deja qu avec 1 patron, ca marchait pas. Alors avec 4 qui se tierent dans les pattes, je n ose meme pas imaginer le resultat

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  4. Tresorier Tresorier

    Les problèmes sont :

    – absence de planification des projets (urbanisation, densification, équipements publics, transports en commun,…),
    – absence de maitrise du foncier,
    – absence de financements,
    – absence volonté politique.

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  5. Tresorier Tresorier

    Les problèmes sont :

    – absence de planification des projets (urbanisation, densification, équipements publics, transports en commun,…),
    – absence de maitrise du foncier,
    – absence de financements,
    – absence de volonté politique.

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  6. Alain Le Lougarou Alain Le Lougarou

    Hormis R.VIGOUROUX qui a essayé de donner une cohérence aux projets d’urbanisation de la ville , G.DEFFERRE et son idole JC.GAUDIN ont bétonné , le dernier soldant les bijoux de famille pour plaire à leurs amis promoteurs.De plus une véritable omerta plane sur certaines structures telles que la Sogima,Marseille Aménagement et maintenant la Soléam.La gauche à l’exception il faut le reconnaitre de P.MENNUCCI quand il s’agit de son secteur,couvre les agissements de l’UMP. Pourquoi….???

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  7. joliette13 joliette13

    J’aurai bien aimé qu’il nous explique pourquoi la Ville a décidé de faire disparaître tous ces lieux vivants centenaires où l’on peut profiter de la mer, et dieu sait qu’ils deviennent rares à Marseille ville portuaire. La Maronnaise a été détruite, le restaurant Chez Dédé est en sursis depuis des mois, le petit pavillon vient de recevoir son avis comme quoi il était le suivant.Bientôt au tour du Cercle des nageurs ???
    On bétonne d’un côté et supprime le peu de vue sur mer. Pourquoi, dans quel cadre puisque à priori la loi du littoral n’est pas valide au sein des agglomérations urbaines ???? Qu’on m’explique et surtout pourquoi on ne fait rien !!

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  8. cameleon cameleon

    notre ville au potentiel extraordinaire a besoin de plusieurs choses évidentes:
    -une vision globale des 16 arrondissement
    – des densités minimales à construire dans les quartiers trop peu dense(fini le gaspillage de foncier avec des hangars inesthétiques et qui ne fabrique pas la ville: la vallée de l’huveaune possède un foncier extraordinaire à densifier et restructurer)
    – une protection définitive de bâtiments historiques ou de secteurs de grande qualité architecturale
    – une mixité urbaine obligatoire (commerces, bureaux ou services en pied de tout immeuble neuf) dans chaque projet > fin des quartiers dortoirs
    – des espaces publics de qualité et un retour du piéton/vélos prioritaire dans tous les quartiers (suppression du stationnement sur trottoirs)
    – de grands jardins espaces verts publics dans chaque arrondissement et des squares de quartiers, chaque habitant doit être à 500 m maxi d’un carré de verdure et de jeux d’enfants
    – des Transports en communs qui desservent l’ensemble des secteurs les plus denses de la ville
    – des équipements culturels d’envergure dans tous les quartiers
    – réaliser enfin la rocade L2 et prévoir des navettes Cartreize
    -réaliser le boulevard urbain sud avec un tram ou BHNS
    – une présence policière en uniforme régulière et surtout en soirée et nocturne dans les quartiers reconnus criminogènes (canebière, opéra, diverses cités,etc…..)

    Voila l’ensemble de ces éléments sont bien compatibles et feront du Marseille de demain une ville agréable pour tous !!!! Au boulot !! Et surtout arrêtons le fatalisme marseillais, les choses changeront en bien quand on le voudra, qu’on l’exigera et qu’on croira en notre ville !!!! Au vu des grands projets réalisés (droite ou gauche), ou en cours on revient déjà de loin, il faut déjà en prendre conscience.

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  9. Anne-Laure Anne-Laure

    L’appart du gain sans considération aucune pour les besoins REELS des habitants touche un terrain du 1er arrondissement connu sous le nom d’ilôt chanterelle. Cédé en 2003 à la ville de Marseille pour une somme modique en échange de la promesse de réalisation d’équipements publics destinés aux enfants, le terrain est aujourd’hui menacé par un projet immobilier qui frise la folie des grandeurs: 300 logements, une résidence étudiante, des commerces, et aucun des équipements publics promis. MARRE du non respect des besoins des citoyens! Les habitants du quartier ont décidé de former un collectif: une PETITION circule, déjà plus de 630 signatures, n’hésitez pas à y ajouter la vôtre! http://www.avaaz.org/fr/petition/Marseille_Pour_que_nos_elus_cessent_de_nous_trahir_1//?launch

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